Et si on s’offrait un livre à l’aveugle ?
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Et si on s’offrait un livre à l’aveugle ?
Choisir un roman sans connaître ni son titre, ni son auteur, ni même sa couverture ? C’est le pari audacieux d’Enora Ezéquel, 27 ans, fondatrice du Livre à l’Aveugle, une micro-entreprise machecoulaise qui transforme la lecture en une expérience littéraire pleine de mystère.
« Pour moi, ceux qui détestent lire n’ont pas encore rencontré le bon livre. » Énora Ezéquel
« J’ai toujours eu le nez dans les bouquins », sourit Énora. Au CDI de l’école Saint-Joseph, à la bibliothèque de Machecoul, partout où il y avait des pages à tourner, elle s’y engouffrait. Ses parents, amateurs de brocantes, l’ont initiée très tôt au plaisir de chiner et de dénicher des trésors. Des habitudes qui, aujourd’hui, nourrissent son projet.
Après avoir travaillé comme traductrice, cadre ou encore gérante d’hôtel, elle a lancé, presque par hasard, Le Livre à l’Aveugle. Tout est parti d’un groupe de lecteurs sur Facebook. « Je voulais vendre quelques livres qui prenaient la poussière. En m’inspirant d’un concept découvert au Canada — blind date with a book — j’ai emballé les ouvrages dans du papier kraft avec quelques mots-clés. En deux semaines, j’avais vendu 180 livres », raconte-t-elle.
Le principe est simple : sur les marchés ou en ligne, le lecteur choisit un paquet sans rien savoir du titre ni de l’auteur. Seuls apparaissent des indices — un genre, des mots-clés, parfois un avertissement si le sujet est sensible. Les tarifs restent accessibles : 5 € pour un format poche, 6 € pour un grand format. « Les gens choisissent sans vraiment choisir. Ils se font leur propre cadeau. » Des box sont également disponibles, combinant un livre et de petites attentions : bougies, tisanes, bonbons ou marque-pages fabriqués à la main. « J’ai toujours imaginé ce que j’aimerais recevoir en tant que lectrice, » explique Énora. « Cela fera bientôt quatre ans, et je n’ai jamais eu un seul retour négatif. » La majorité de ses clients ont entre 30 et 40 ans, mais elle se réjouit de voir de plus en plus de jeunes, entre 8 et 16 ans, se laisser tenter.
Fidèle à son goût de chineuse, elle travaille presque exclusivement avec des livres d’occasion. « Un livre a mille vies. Je ne peux pas imaginer qu’on puisse jeter un livre. Ceux que je ne garde pas, je les redistribue à des associations ou dans des boîtes à livres. » Même les ouvrages au look fatigué trouvent leur place : « J’ai une catégorie que j’appelle les “moches”, comme pour les fruits et légumes. Des livres un peu cabossés, mais qui se lisent très bien », sourit-elle.
Si son activité reste aujourd’hui complémentaire — Enora travaille neuf mois par an comme saisonnière — elle nourrit de grandes ambitions. « J’aimerais ouvrir un café-librairie, collaborer avec des auteurs autoédités, proposer leurs livres à l’aveugle. Pourquoi pas aussi créer des box en partenariat avec des créateurs de bijoux et faire de cette aventure mon métier à plein temps.»
En attendant, elle continue d’écouler ses trouvailles, principalement en ligne via son site www.lelivrealaveugle.fr, mais aussi sur les marchés. Elle sera notamment présente le 11 octobre à Saint-Aignan-de-Grand-Lieu, au Château de la Plinguetière pour le Marché des Créateurs, puis le 1er novembre à La Table du Curé à Pornic, à l’occasion du Marché Artisans et Créateurs. Toutes les dates sont annoncées dans sa newsletter et sur les réseaux sociaux.
Teddy Fradet
10/10/2025
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Philippe Meisburger il y a 3 heures
Avec les mots clés - comme précisé dans l'article - ça pourrait vraiment être intéressant, car ça permettrait de faire découvrir des auteurs inconnus... mais qui mériteraient davantage de lumière.