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GAÏA BRÛLE ENCORE

GAÏA BRÛLE ENCORE

Publié le 7 févr. 2025 Mis à jour le 7 févr. 2025 Fantaisie
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GAÏA BRÛLE ENCORE

Dryade Punk

Elle s’appelait Ivy, ou c’est du moins ainsi que les autres l’appelaient. Parce qu’elle grimpait, qu’elle rampait, qu’elle serrait les corps et les âmes comme du lierre enroulé autour d’un cadavre de béton.

Paris 2090. Un cimetière vertical de verre et d’acier, éventré, squelettique. Les ponts s’effondraient, les immeubles pendaient comme des gencives déchaussées. Les os d’une ville morte, où l’eau remontait, où la Seine s’éparpillait en veines marécageuses, un réseau lymphatique infesté de lianes carnivores et de plantes mutantes.

Les Humains ? Une espèce mourante, une fable que chantaient les ronces. Ils vivaient cachés, terrés dans les sous-sols des stations de métro noyées. Ceux qui osaient sortir, la nuit, troquaient du sang et du métal contre de l’eau potable et du Vivo – ce dernier fragment du rêve humain, cette dernière promesse de survie.

Le Vivo, c’était tout.

Une essence, une moelle, une dernière chance. Un cocktail d’ADN modifié, une promesse de régénération, de résistance aux toxines, aux spores, aux poisons de la Terre vengeresse. Les riches en avaient eu des stocks, autrefois. Maintenant, il fallait tuer pour en avoir.

Ivy était une Dryade, un accident de laboratoire, une enfant des derniers jours de l’Anthropocène. Son sang était vert, sa peau suintait la chlorophylle, ses veines pulsaient la sève. Elle respirait plus lentement que les hommes, plus profond, plus long. Elle sentait la ville, la douleur des arbres noyés sous le béton, la révolte des racines qui crevaient l’asphalte pour éclater les boulevards.

Et elle était en colère.

LE CHANT DES MORTS

Ce soir-là, sous la tour Eiffel brisée, elle traquait un homme.

Lui ? Un passeur du Vivo, un misérable humain qui siphonnait la substance sacrée pour la vendre aux affamés des catacombes. Un charognard, une sangsue.

Il s’appelait Léo. Il portait un masque à gaz et un trench sale, il avançait à pas lourds sur les passerelles effondrées du pont d’Iéna. Il pensait être seul.

Mais elle était là.

Elle le sentait avant même de le voir. Son souffle était chaud, rapide, haletant. Il transpirait la peur. Il savait que quelque chose de plus ancien, de plus fort, le chassait.

– Tu cours après la vie, Léo ?

Sa voix claqua dans la nuit comme un fouet.

Léo se retourna, un revolver tremblant dans la main, un regard écarquillé derrière la vitre fêlée de son masque.

– Je… J’ai rien fait !

Ivy s’avança. Les racines serpentèrent sous ses pieds nus. L’ombre verte d’une apocalypse oubliée s’éleva derrière elle, comme si tout le bois et les ronces du monde veillaient sur elle.

– Tu as pris ce qui appartenait à Gaïa.

Il recula, trébucha contre un cadavre enroulé dans des lianes, figé dans une agonie muette.

– Ce n’est qu’un business… J’veux pas crever…

Elle le fixa. Lui non plus, il ne voulait pas mourir. Les Humains ne voulaient jamais mourir. Mais ils avaient tué la Terre sans une larme, sans un remords.

Ivy leva la main.

Ses ongles étaient noirs, longs, imbibés de sève. Un mouvement et les racines jaillirent, s’agrippèrent à son bras, son torse, son cou. Léo lutta, hurla, mais la végétation avait faim.

Elle lui arracha la sacoche. À l’intérieur : trois fioles de Vivo. Une promesse de vie en suspension.

Il suffoquait déjà, ses bras tordus, ses yeux exorbités. Mais Ivy, dans un élan brutal, le libéra. Il s’écrasa sur le sol en haletant.

– Cours, Léo. Cours loin.

Il ne demanda pas son reste. Il se redressa, claudiqua et disparut dans la brume verte.

Elle garda les fioles.

Gaïa les absorberait.

DERNIERS FEUX

À l’aube, elle grimpa sur les ruines de la tour Eiffel, pieds nus sur l’acier corrodé, le vent hurlant dans ses cheveux enchevêtrés de lierre et d’épines.

Le soleil perçait l’épaisse brume toxique.

Elle ouvrit la première fiole.

Une odeur chimique, brûlante. Elle versa le contenu sur sa langue.

Un frisson.

Son corps l’accepta.

Le Vivo coulait en elle, fusionnait avec sa sève, mutait dans sa chair. Elle survivrait. Encore un peu.

Mais combien de temps avant que les hommes ne reviennent en force ?

Combien de temps avant qu’ils ne pillent le dernier souffle de la Terre ?

Elle s’allongea contre les poutres rouillées, la tête appuyée sur un lit de feuilles, et attendit le prochain combat.

Parce que Gaïa ne pardonnait pas.

Et Ivy, elle non plus.

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