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Publié le 13 juil. 2025 Mis à jour le 13 juil. 2025 Drame
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Jour 1 – Martin se lève et se dirige vers la cafetière puis le grille-pain. Il allume la télévision. Un accident meurtrier est annoncé. L’autoroute A1, dix voitures impliquées et un camion : l’association parfaite d’un jour qui commençait bien et qui a dérapé. Il laisse l’information passer attendant la météo avec impatience, le week-end n’était pas loin et il avait décidé de partir. La météo : temps parfait annoncé. « Aujourd’hui nous fêtons les Patrice ». Furtivement Martin fait le tour de ses connaissances et amis et juge cette information peu pertinente. Il croise quelqu’un sur le chemin du travail. Il se retourne. Dans son dos, un acronyme : CHU. De la même manière, il fait un tour rapide des dernières soirées persuadé que cet homme est l’ami d’un ami. Très vite, il passe à autre chose, sa réunion commence dans dix minutes et il n’est pas en avance. Ses collègues sont fébriles quand il atteint enfin le bureau. Ils s’agitent dans tous les sens et ce bourdonnement n’a a priori rien à voir avec le dossier en cours. Il demande à Quentin ce qu’il se passe. Quentin ne prend pas la peine de lui répondre. Les yeux rougis, il se dirige vers la salle de réunion. Martin un peu déboussolé et surtout sans réponse lui emboite le pas. Il s’assoit et assiste à une scène étrange. L’homme qu’il a croisé tout à l’heure est présent. Il ouvre la bouche mais il ne l’entend pas. Il bouge les lèvres, fait des pauses puis semble appeler les employés à s’exprimer. Martin essaie afin de lui demander de parler plus fort. Aucun son ne sort. L’homme lui montre son dos. Martin voit les lettres C.H.U. De nouveau, il se demande qui est cette personne. Il s’enfouit dans ses souvenirs. Il se revoit enfant puis adolescent puis jeune adulte. Il voit son ex-femme et ses enfants. D’un coup, il se lève. Comme téléguidé, il quitte le bureau et retourne chez lui.

Ses yeux lui font mal, ses jambes lui font mal, tout son corps est endolori. Il se décide malgré l’heure à aller se coucher.


Jour 2 – Martin se lève et se dirige vers la cafetière puis le grille-pain. Il allume la télévision. « Un accident a eu lieu sur l’autoroute A1 à hauteur de Seclin. Pour l’instant on déplore 5 morts et 7 blessés graves ». Martin s’approche et regarde les images. Pas beau à voir se dit-il. Il doit partir en week-end bientôt et veut savoir quel temps il va faire. Il chasse vite la première information pour se consacrer à l’observation active des cartes présentées. Beau sur l’ensemble de la France. « Aujourd’hui nous fêtons les Patrice ». Martin réfléchit et ne détecte aucun Patrice dans son entourage. Il en avait pourtant l’impression. Soit, il se lève de son canapé et part au travail. Sur le chemin il croise une femme pompier. Elle lui lance un regard perturbant. Martin n’y porte pas plus d’attention que ça, il est en retard au travail. Il arrive. La séance a déjà commencé. Il se dirige vers la salle de réunion. Aujourd’hui, c’est formation secourisme. La pompière est présente. Elle lui lance le même regard. Cette fois-ci, il essaie de décrypter : un mélange peut-être de détermination et de tristesse. Son ex-femme est allongée sur le dos. Le massage cardiaque a commencé lui dit-elle. Martin ne ressent aucune émotion. Un homme avec une blouse blanche estampillé CHU Lille le pousse et prend le relais. Martin ne peut rien faire et s’éclipse. Il commence sa journée de travail par une tasse de café. Ses dossiers sont rangés par ordre alphabétique. Seul un ne semble pas classé comme les autres. Il le sort : AZ-956-KT. Il ouvre. A l’intérieur, des photos se sont glissées. Il regarde la première : un joli paysage. C’est un paysage ensoleillé. On y voit des maisons en briques rouges au loin. Sur la deuxième, il se voit au volant de sa voiture. Sur la troisième, il perçoit une sorte de puits de lumière très forte. Alors qu’il assemble les trois clichés, sans aucune émotion toujours, un quatrième tombe du dossier. Il se voit allongé sur un lit d’hôpital, ses proches autour de lui. Il essaye de comprendre quelque chose mais son esprit divague. Mona arrive. Martin entretenait une relation avec elle depuis peu de temps. Ils partaient bientôt en week-end ensemble et avaient choisi Bruxelles comme destination. Mona n’a pas l’air très bien aujourd’hui. Il la regarde. Son pantalon est tâché de sang et troué. Un de ses os semble sortir. Elle vient vers lui avec un sourire puis chancelle et tombe au sol. Il s’approche, elle le tire à elle et crie comme il n’a jamais entendu quelqu’un le faire. Martin est déconnecté de ses émotions si bien qu’il lui tourne le dos et va s’asseoir à son bureau. A 17h, il prend ses affaires et rentre chez lui. Il a tellement mal au dos, aux jambes et à la poitrine. Il décide d’aller se coucher malgré l’heure.


Jour 3 – « Je pense qu’il est en train de se réveiller mais il faut encore être patient » annonce Patrice

Martin était hospitalisé au CHU de Lille. Son numéro d’immatriculation était le AZ-956-KT et il avait eu un grave accident. Mona était sa compagne. Elle n’avait pas survécu au drame alors qu’ils se rendaient à Bruxelles en ce joli mois de mai. Son ex-femme, ses enfants et ses parents étaient maintenant autour de lui attendant son réveil. Le carambolage avait été impressionnant. Les pompiers, le Samu s’étaient déplacés et n’avait pu que constater les dégâts la plupart du temps. Cette fois-là, un jeune interne, Patrice, était présent. « Ne vous inquiétez pas, ça va aller » lui avait-il dit. Estampillé CHU Lille, il lui avait sauvé la vie. Martin sortit du coma en ce jour 3. Alors qu’il ne se souvenait pas de l’accident, il se souvenait de ces trois derniers jours. Sur un fil invisible, il avait passé ce moment à se préparer à son réveil, aux douloureuses vérités. L’inconscient avait travaillé et permis à Martin d’affronter de manière moins difficile ce qui l’attendait.

La troisième photo, le puits de lumière revenait fréquemment. Elle était attirante, il avait si mal. Le dossier contenait une autre image : une pierre tombale, son prénom, son nom et cette vie finie 1980-2025. Martin regarda de nouveau l’image forte et claire. La plénitude, l’absence de douleur était bien là. Sur un fil, il bascula et tomba.


Jour 4- Martin se lève et se dirige vers la cafetière puis le grille-pain.


Le fil est long et Martin fait preuve d’une belle ténacité. Comme si tout le poussait à tomber mais qu’il en avait décidé autrement. Le combat est celui d’un funambule qui attiré par le vide, n’a qu’une perspective, arriver au bout. Martin est sécurisé, harnaché, aidé et entouré, le fil est fin mais il développe au fur et à mesure des jours un équilibre et une détermination incroyable.


Jour 5 – Martin se voit maintenant de haut préparer son café et ses tartines. Il se voit allumer la télévision « Un accident a eu lieu sur l’autoroute A1 à hauteur de Seclin. Pour l’instant on déplore 5 morts et 7 blessés graves. En cause une voiture qui roulait à grande vitesse ». Martin ressent une émotion forte. Il perd conscience et voit distinctement un compteur kilométrique indiquant 180. Il se réveille et crie. Autour de lui, ses proches. La Police est là. « Quentin Miller, je vais vous interroger ». Il crie de nouveau. Il se réveille dans sa chambre d’hôpital.


La voiture a bien roulé à 180 km/h, Mona qui voulait impressionner son nouvel amant avait perdu le contrôle de son véhicule et forcé un camion à se mettre en travers de la route. Des voitures étaient venues s’encastrer.


Jour 6- Le funambule est arrivé en bout de ligne. Martin est réveillé. Il a vu la mort de près. La nouvelle naissance avait été douloureuse au point qu’une renaissance était encore discutable. L’inconscient a travaillé au service de la vérité. La conscience devra dorénavant travailler au service de la réalité en pansant les traumatismes. Seule la résilience permet une renaissance. Le fil s’est soudainement transformé en montagne à gravir. Sa nouvelle naissance au monde était indiscutable. Sa renaissance devrait encore supporter quelques filtres à café et tartines à griller.



#BoDNouvelle

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Commentaires (2)

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Fanny verif

Fanny Thierry il y a 5 heures

Merci bcp pour ton commentaire. J'ai fait relire ma nouvelle avant de la publier et j'ai eu la même remarque sur ce fameux fil. Cette fois-ci, je prends note! A revoir
Encore un grand merci pour ton avis et ta lecture. Bonne journée
Fanny

S2B verif

S2B il y a 5 heures

Bonjour Fanny
Merci pour cette nouvelle.
Je me suis vite pris au jeu de la "marmote" :-)
Si je devais avoir une seule remarque sur le fond : de mon avis, et si cela peut t'aider : "le fil" n'est pas clair, bien que j'en comprenne le déroulé et la progression.
En fait, dans ma lecture, je ne l'ai remarqué qu'au jour 3 ; or, je pense (et cela n'engage que moi) qu'il pourrait être tendu depuis le jour 1, afin de permettre à ce funambule de la vie de progresser depuis le niveau de la mer jusqu'au sommet de sa montagne...
Quoi qu'il en soit, j'ai apprécié la lecture ;-)
encore merci et bonne fin de journée.
S2B

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