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Chapitre 2

Chapitre 2

Publié le 29 janv. 2025 Mis à jour le 29 janv. 2025 Drame
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Chapitre 2

CHAPITRE 2 AUTOPSIE DE Mr MILAN TORCOL - ROBIN HOUILLON


Ainsi, il ne restait plus que moi. Moi, face à l'immensité de mon esprit, face à ce vide que j'avais voulu créer pour échapper au tumulte. J'avais cru qu'en effaçant le monde extérieur, je pourrais enfin trouver une forme de pureté, une paix absolue.

Privé de mes sens, je me retrouvais face à une vérité que j'avais toujours fui : nous sommes nos propres geôliers. Nous portons en nous une cacophonie bien plus assurée que tous les bruits du monde. Le monde extérieur n'est qu'un miroir. Les sons que je détestais, les odeurs, les textures… Ce n'étaient que des reflets de mon propre chaos intérieur.

Le silence, l'obscurité, l'absence… Je les avais voulus comme des refuges. Mais ils s'étaient retournés contre moi, me forçant à regarder l'insoutenable : ma propre vie, ma propre incapacité à trouver un sens à tout cela.

Je me mis à délirer. Chaque pensée devenait un labyrinthe sans fin, chaque souvenir une prison dont les murs se resserraient. Je voyais – ou plutôt, j'imaginais – des formes surgir dans mon esprit, des couleurs que je ne pouvais plus percevoir, des sons que je ne pouvais plus entendre. Mon esprit, privé de stimuli, s'était mis à en créer de nouveaux, mais ils étaient monstrueux, insensés.

C'est alors que je compis : ce que j'avais voulu supprimer, ce n'était pas le monde. C'était ma peur de vivre. C'était mon incapacité à accepter la réalité, dans toute sa violence, dans toute son absurdité. Chaque sens que j'avais sacrifié était une tentative d'échapper à cette vérité. Mais la vérité est tenace. Elle reste, même lorsque tout le reste disparaît.

La vie mérite-t-elle d'être entendue, après tout? Oui. Et vue, et touchée, et goûtée. Car sans cela, il ne reste qu'un vide. Un vide où l'on se perd, où l'on se dissout. Nous sommes faits pour ressentir, pour être en contact avec le monde, même dans ses aspects les plus cruels, les plus insupportables.

Je compris alors que ma quête de pureté n'était qu'une fuite égoïste. Ce n'était pas le monde que je voulais purifier, mais moi-même. Mais peut-on vraiment se purifier en se dérobant à la vie ? Peut-on atteindre la paix en supprimant tout ce qui fait de nous des êtres humains ?

Combien de fois as-tu voulu fuir, toi aussi ? Combien de fois as-tu maudit le bruit du monde, les sensations trop vives, les émotions trop fortes? Nous cherchons tous, d'une manière ou d'une autre, à nous protéger de la vie. Mais peut-être est-ce là notre plus grande erreur.

Le monde n'est pas un ennemi. C'est une épreuve, un défi. Et c'est en l'affrontant, en le ressentant dans toute sa brutalité, que nous pouvons espérer trouver un sens.

Je reste là, dans ce néant que j'ai créé, et je me demande : ai-je encore le courage de revenir ? Ai-je encore la force de réapprendre à entendre, à voir, à sentir ? Où suis-je condamné à errer pour toujours dans ce désert intérieur ?

Toi qui lis ces mots, prends garde. La fuite n’est jamais une solution. Elle n'est qu'une illusion, une promesse de paix qui ne mène qu'au chaos. Alors, vis. Ressens. Entend les sons, même les plus désagréables. Regarde le monde, même dans ses moments les plus sombres. Car c’est là que se trouve la véritable richesse, la véritable humanité. Et si un jour, comme moi, tu te sens tenté de tout effacer, souviens-toi : ce n'est pas le monde qui te détruit. C'est toi.

Le silence, l'obscurité, le vide sensoriel: tout cela aurait dû m'apporter la paix. Mais je comprends maintenant que la paix n'est pas l'absence de chaos. Elle est son acceptation. J'ai cru, en m'arrachant au monde, que je pourrais me réinventer. Mais au lieu de cela, je me suis effondré, pièce après pièce, comme un château de cartes soufflé par une brise.

Et pourtant, une idée naît dans ce néant. Une idée minuscule, fragile, mais éclatante comme une étoile dans l'obscurité totale. Peut-être que je n'ai pas besoin de sentir, d'entendre, de voir. Sûrement que la vie n'est pas dans ce que l'on perçoit, mais dans ce que l'on crée.

Alors, je décide d'écrire. Pas comme un homme qui se raconte, mais comme un homme qui se recrée. Mes mains, mes pauvres mains encore capables de tenir un stylo, tracent les mots sur le papier avec une nouvelle urgence. Chaque ligne est une pierre posée pour reconstruire l'édifice de mon être.

Je ne m'arrêterai pas. Je n'ai plus de sons pour m'interrompre, plus de formes pour me déranger, plus d'odeurs pour m'envoûter. Il ne me reste que ces mots, et ils sont tout ce que je suis.


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