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Roule ma kawa !

Roule ma kawa !

Publié le 6 mai 2021 Mis à jour le 6 mai 2021 Culture
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Roule ma kawa !

J'ai découvert Anne-France Dautheville sur YouTube assez récemment. Quand j'ai réalisé que cette dame de 76 ans était la première femme à avoir fait le tour du monde à moto en solo, en tant que motarde - certes du dimanche mais néanmoins passionnée - j'ai été scotchée et sacrément impressionnée. Illico, j'ai passé commande d'un de ses bouquins.

De quoi ça parle ?

Et j'ai suivi le vent raconte son tour du monde réalisé seule en 1973 sur une Kawasaki 100 cc (Sisi. juste dément). Son odyssée démarrera dans les grands espaces du Canada, et se poursuivra à travers l’Alaska, le Japon, l’Inde, le Pakistan, l’Afghanistan, l’lran, la Turquie, la Bulgarie, la Yougoslavie, la Hongrie, l’Autriche, l’Allemagne pour se terminer (ami lecteur reprends ton souffle !) au bercail en France.

Le ton est vite donné. On est bien loin des récits policés qui peuplent les livres touristiques où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. C'est cash, sans filtre. Sa liberté de ton est totale. Quand elle aime, elle adore, et quand elle déteste, elle le dit haut et fort. Les Japonais en prendront pour leur grade ! Non tout n'est pas superbe ailleurs et les cons sont partout (et pas forcément là où on aurait pu le penser). Son franc-parler est jubilatoire. Rien n'est épargné : les problèmes techniques, les emmerdements en tout genre, et les moments où elle a dû lâcher sa moto pour prendre le train. Ici, ni bluff ni gloriole. Anne-France n’a ni envie de se faire mousser, ni de se faire plaindre. Elle vit les choses et les raconte de son point de vue, sans chercher forcément à plaire, à enjoliver ou à dramatiser. Elle râle pas mal, mais ne lâche rien.

La femme japonaise commence à réaliser qu'elle n'est pas heureuse, mais avec tant de timidité, d'humilité, de résignation, que l'homme japonais ne se sent nullement remis en question et continue à se tenir comme le dernier des mufles.
Par exemple, dans le train de Tokyo à Osaka (pour rien au monde, je n'aurais risqué ma moto sur une route japonaise), une femme enceinte jusqu'aux sourcils n'a eu de place assise que parce que je me suis dévouée. Ce qui a donné le signal d'une grande vague d'entraide. Les vieilles dames ont quitté les couloirs, les mères d'enfants en bas âge aussi. Mais pas un homme n'a bougé.

Au cœur de ce récit de voyage mécanique, Anne-France Dautheville raconte surtout la beauté du monde. Et ce qui touche et nous emporte ce sont ces rencontres authentiques et ces amitiés étonnantes, souvent fugaces, toujours sincères, qui jalonnent ce périple fou mené à 80km/h. Vu de 2021, on se dit juste que c’est délirant.

Cela se passait à Kaboul. Un bel Afghan de trente-cinq ans m'avait trouvée irrésistible. À la suite de quoi, il essayait de me séduire en me remplissant de riz, de kebabs, de thé et de baklavas dispendieux. Tout en m'appelant son oiseau des îles, lumière de sa vie, et autres descriptions tout aussi poétiques que mensongères. Il était bien gentil mais franchement, il ne réveillait pas la bête en moi.

Mon avis

J'ai kiffé ! Cette femme est mon héroïne et le pire c'est qu'elle ne le sait même pas. Ce livre est une ode à la liberté et au voyage. Mais le voyage ici ce n’est pas le selfie niais pris dos à l'océan un cocktail à la main. C’est la rencontre et le partage de tout : des bons moments comme des galères. L’échange vrai, sans fioritures. Et la découverte du monde, de l'autre, de soi, en prenant le temps, loin de l'ambition stérile d'aller toujours plus vite. 

J'étais heureuse que mes amis roulent plus vite que moi. J'étais heureuse d'être seule, de regarder à mon rythme, de me laisser aspirer lentement par cette paix issue du plus profond des choses. Je n'avais plus peur, je ne pensais plus à moi, ni aux autres. De nouveau j'étais devenue mon regard, de nouveau j'étais libre.

Et j'ai suivi le vent est une découverte enchantée que je recommande aux motardes, aux motards, et finalement à toutes celles et ceux qui rêvent de rouler pépère, cheveux libres et moustiques collés sur les dents, avec ce sourire béat de celui qui a enfin compris le sens du vent.

En France, novembre soufflait sur les campagnes grises. Roule la Kawa, j'en ai pris plein la tête, va ma moto, quand comprendrai-je ce que j'ai vécu ? Le monde bascule, les continents explosent, l'homme court à sa fin, roule ma Kawa, va ma moto.

photo de couverture collection personnelle ©Anne-France Dautheville

 

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