La légende de Saint Nicolas par Jean-Christophe Mojard

Dans l’humide froideur d’une nuit de décembre,

Trois enfants apeurés trouvèrent, en grelottant,

Un funeste refuge auprès d’un commerçant

Boucher de profession ; en choses qu’on démembre.

Leur sommeil fut fatal et c’est donc en morceaux

Que l’artisan en fit, au sortir du saloir,

Quelques petits salés pour les vendre au comptoir,

Au milieu des boudins et pâtés de pourceaux.

Par chance, ou par pouvoir, vînt à la boucherie

Le bon Saint-Nicolas qui découvrit le crime.

Il fit ressusciter le trio de victimes,

Et maudit le boucher pour sa supercherie.

Depuis, dans la part d’ombre au moment de Noël,

Celui qui désormais est nommé Père Fouettard,

Offre un bout de charbon aux enfants qui trop tard

Ont demandé pardon d’avoir été cruels.

Selon la gravité, cette marque de suie

Leur vaudra les tourments qu’eux-mêmes ont infligés,

Mais une année de plus, sans s’être corrigés,

Leur vaudra le fouet au reste de leur vie.

La légende de Saint Nicolas par Juliette Norel

Il était une fois, dans une contrée lointaine, un village aux maisons de pierre, bercé par le murmure des rivières et le chant des oiseaux. Au cœur de cette bourgade, enclavée par les rudesses de l’hiver, vivait un homme nommé Nicolas, connu pour sa sagesse et sa générosité. Sa présence réconfortante et sa noblesse de cœur illuminaient les âmes comme une étoile filante dans l’obscurité céleste.

Par une froide nuit de début décembre, alors que la neige recouvrait la région de son soyeux manteau immaculé, trois enfants perdus cherchaient refuge. Leurs petits pieds nus laissaient des traces éphémères sur la poudreuse, tandis qu'ils erraient, guidés par l'espoir et les souvenirs des contes qui peuplaient leur enfance.

Ils frappèrent à la porte d'un boucher, pensant y trouver chaleur et réconfort. Mais l'homme, au cœur sombre et glacé comme la nuit elle-même, les accueillit d'un sourire trompeur. Dans les ténèbres de son échoppe, les enfants furent piégés, et la lumière de leurs vies s’éteignait au rythme des secondes qui égrènent le chapelet du temps.

Alors que leurs souffles s’amenuisaient doucement, Nicolas ressentit un trouble, comme un écho lointain qui vibrait au fond de sa poitrine et s'amplifiaient à chaque battement de coeur. Cherchant à en comprendre les origines, il se mit en route, ses pas laissant des empreintes lumineuses dans la neige. Arrivé à l'échoppe du boucher, il sentit instantanément l’énergie des ténèbres qui en émanait et semblait presque vouloir l'absorber.

D'un geste de la main, il fit apparaître une lumière dorée, douce et apaisante, qui pénétra les murs sombres de la boutique. Le boucher, aveuglé par cette clarté, tomba à genoux, incapable de bouger. Nicolas, avec la tendresse d'un père et la force d'un guerrier, s'approcha des enfants endormis dans l’opaque pénombre.

Lentement, comme en psalmodiant, il chuchota des mots doux et enchanteurs, les enveloppa de sa chaleur bienveillante et les ramena à la vie. Les enfants se réveillèrent, leurs yeux brillant comme des astres en pleine nuit, érigeant Nicolas au rang de sauveur.

En guise de punition, Saint Nicolas transforma le boucher en Père Fouettard, lui imposant de l'accompagner chaque année lors de sa tournée le 6 décembre. Le Père Fouettard devint alors son assistant, chargé de distribuer du charbon ou des pommes de terre aux enfants désobéissants, tandis que Saint Nicolas offrait des cadeaux aux enfants sages.

Cette légende véhicule une puissante leçon morale. Saint Nicolas représente la bonté, la générosité et la protection, tandis que le Père Fouettard incarne la justice et la conséquence des mauvaises actions. Ensemble, ils enseignent l'importance essentielle de bien se comporter, de faire preuve de compassion et d'apprendre à distinguer le bien du mal. À travers leurs rôles complémentaires, ils rappellent que chaque action a des répercussions et que la véritable rédemption passe par la prise de responsabilité et l'amélioration personnelle. Cette dualité intemporelle entre récompense et châtiment, entre lumière et ombre, guide les jeunes cœurs vers une conduite vertueuse et une vie empreinte de valeurs solides.

Au fil des siècles, cette tradition a évolué et traversé les océans pour inspirer la figure du Père Noël moderne.

Santa Claus, comme il est connu en Amérique, a pris les traits bienveillants de Saint Nicolas, tout en devenant une figure joviale et universelle, délaissant l'aspect répressif du Père Fouettard. Avec sa barbe blanche, son costume rouge et son traîneau tiré par des rennes, le Père Noël visite les enfants du monde entier la nuit de Noël, le 24 décembre, pour distribuer des cadeaux et répandre la joie. Bien que le sinistre personnage au charbon ne fasse pas partie de cette version moderne, son ombre continue de planer dans l'obscurité, alors... prenez garde!

(image réalisée avec l'aide de Copilot Pro et retravaillée avec Canva)