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Chapitre 4

Chapitre 4

Publié le 17 avr. 2023 Mis à jour le 17 avr. 2023 Culture
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Chapitre 4

Le jour se levait lentement, mais la chaleur était déjà étouffante. Après le départ glacial de Raphaël, hier soir, j’avais rejoint ma chambre. Je ne savais quoi penser. J’étais perdue. J’avais fermé les yeux dans l’espoir fou que tout redevienne comme avant et m’étais assoupie. Des rêves déconcertants avaient peuplé ma nuit agitée. Hantée par le visage de Raphaël, cet être énigmatique, détestable et néanmoins si désirable.

Spinner et Zack étaient rentrés depuis une vingtaine de minutes, accompagnés de quatre magiciennes. Rassemblés dans la grande salle, ils se disputaient au sujet de la prophétie et de mon existence. Personne n’avait d’ailleurs jugé bon de me convier à la discussion. Peu importe. De ma chambre, allongée sur mon lit douillet, je percevais chaque son. Chaque mot.

Le sol craqua derrière ma porte, me faisant sursauter. Absorbée par ce débat stérile, je n’avais pas entendu les pas dans le couloir. Pourtant, curieusement, je savais parfaitement qui venait me chercher.

J’ouvris sans attendre et, d’une voix irritée, souhaitai la bienvenue à mon visiteur.

– Bonjour, Raphaël. Vous vous êtes finalement souvenu que j’existais. Vous voulez présenter votre bête de foire à vos amies les magiciennes ?

Il parut réellement surpris.

– Comment as-tu su que c’était moi ? Et comment sais-tu que… ?
– Oh, arrête ! Je vous entends d’ici. Vous n’êtes vraiment pas discrets.

Raphaël me regarda fixement, interloqué, comme s’il cherchait à comprendre ce que je venais de lui dire.

– Ton ouïe est bien supérieure à celle de n’importe quel vampire. C’est grâce à elle que tu m’as reconnu ?
– Je ne t’avais pas entendu. J’étais bien trop concentrée sur votre discussion stupide ! Non. Je t’ai reconnu grâce à cette énergie bleu scintillant, très singulière, que tu dégages.
– Vraiment ?

Une fois de plus, il semblait déconcerté par mes paroles. Après un bref instant d’hésitation, il reprit d’un air sérieux :

– Nous en reparlerons plus tard. Ils s’impatientent. Spinner n’a pas fait référence à ton régime alimentaire inhabituel. Alors, sois prudente ! D’accord ?
– Oui, oui. Comme tu voudras, concédai-je en sortant de ma chambre.

Il n’y avait presque plus aucun bruit. Seuls quelques chuchotements féminins. Ils m’attendaient avec appréhension. Tournés vers l’entrée, ils me scrutaient. Zack et Spinner posaient sur moi un regard bienveillant et empli de fierté. Quant aux magiciennes, dans leurs yeux brillaient méfiance et méchanceté.

Mes jambes tremblaient, je me sentais fébrile. À ce moment précis, j’aurais aimé pouvoir disparaître. Revenir à ma vie d’avant. Raphaël plaça délicatement sa main dans le bas de mon dos, comme pour m’inviter à avancer. Une délicieuse douceur m’enveloppa soudain et le courage, dont j’avais tant besoin, m’envahit.

– Entre, Sarah. Je te remercie d’être venue, m’accueillit Spinner en se tournant vers le groupe de magiciennes. Mesdames, laissez-moi vous présenter Sarah Chevalier.

Une femme aux cheveux flamboyants s’approcha de moi. Une véritable déesse au teint de velours. Des yeux d’une couleur brûlante indescriptible. Des lèvres si délicates. J’étais sous le charme. Elle portait une robe rouge-rubis qui mettait en valeur sa superbe silhouette et sa peau ivoire. Face à une telle beauté, difficile de ne pas se sentir mal à l’aise.

– Bonjour, mon enfant. Je me présente : Kaetilia, la grande prêtresse et magicienne du feu. Je suis ici aujourd’hui pour vérifier les dires absurdes de notre cher Spinner.

Elle jeta un regard assassin à notre hôte, puis revint à moi. Ses yeux me transperçaient, comme si elle était capable de lire au plus profond de moi. De scruter mon âme. Un frisson d’effroi me secoua. Surprenant qu’une femme aussi belle et d’apparence bienveillante puisse provoquer un malaise pareil.

Kaetilia se contenta de me sourire et continua :

– Ton aura est bien singulière. Je n’avais pas encore vu une telle couleur. Quel est ton élément ?
– Mon… quoi ?
– Ton élément. Il en existe quatre : le feu, l’eau, la terre et l’air. Chaque magicienne tire ses pouvoirs de l’un d’eux. Par exemple, le mien est étroitement lié au feu. Aussi, il m’est très facile de faire ceci…

Elle leva la main droite et une flamme d’une couleur étincelante prit vie dans sa paume. Une boule flamboyante qui dansait devant moi et m’hypnotisait.

– D’après Spinner, tu aurais provoqué une tempête hier. J’ai du mal à croire ! Mais peu importe, nous sommes ici pour te tester et ainsi invalider les dires insensés de ce vieux fou !

Kaetilia se retourna vers l’une des magiciennes. Une femme longiligne très gracieuse. Son visage était marqué par le temps. De fines rides soulignaient son regard, dur et froid, de la même couleur argentée que ses cheveux courts.

– Saphalia, reprit Kaetilia, je te laisse commencer.

La magicienne s’approcha de moi, tandis que Kaetilia rejoignait Raphaël. Elle l’embrassa sur la joue et lui chuchota des mots que je ne pouvais entendre. Je ne pus m’empêcher de ressentir un pincement au cœur. Pourquoi ? Je connaissais à peine cet homme.

Je sentis soudain des doigts glacés m’attraper les mains et me ramener à cette désarmante réalité. Le test… Mais de quoi exactement ?

– Ferme les yeux et concentre-toi sur l’air qui nous entoure, me dit Saphalia d’une voix sèche. Visualise chaque particule.
« C’est fait ? À présent, essaie de les faire vibrer.

Hypnotisée par les paroles incessantes de la magicienne, j’entrai dans une sorte de transe, un état méditatif. Mais mon esprit se laissait envahir par des pensées entêtantes. Je ne devais pas m’y accrocher pour retrouver ma sérénité. Comme lorsque je n’étais qu’une enfant. Lors de mes innombrables crises d’angoisse, nom savant donné par les médecins pour qualifier mes accès de folie.

À cet instant précis, me concentrer était inconcevable. Cette image de Kaetilia au bras de Raphaël me hantait. Je n’arrivais pas à faire le vide me permettant de visualiser l’air qui m’entourait, comme me le réclamait cette Saphalia. Alors, espérer créer une simple brise.

– Aucune aptitude pour l’élément air, finit par annoncer Saphalia en me faisant sursauter. Si elle avait eu le moindre pouvoir, elle aurait déjà réussi. Je ne lui demande pas grand-chose !
– Très bien. Merci, Saphalia. Laisse la place à Naja maintenant. Elle aura probablement plus de chance avec l’eau. Qu’en penses-tu, Raphaël ?

Il ne répondit rien. Il se contentait de m’observer. Je pouvais lire une certaine inquiétude sur son visage. Sans doute la crainte d’assister à l’échec de leur messie.

Une petite femme d’apparence fragile s’approcha de moi et prit la place de Saphalia. Elle portait un carré d’un blond très clair, presque blanc, qui mettait en avant le vert intense de son regard. Elle était vraiment magnifique.

Sans un mot, elle me saisit les mains et je compris que je devais à nouveau fermer les yeux. J’eus soudain la sensation de me trouver dans l’eau. J’étais comme coupée du monde extérieur. Seule une voix fluette résonnait dans mon esprit. Se pouvait-il que ce soit la magicienne face à moi ?

– Oui, mon enfant. C’est bien moi. Concentre-toi sur mes mots. Concentre-toi sur ce que ton corps ressent. Et laisse-toi guider.

Me laisser guider ? Mais vers quoi ? Qu’attendaient-ils réellement de moi ? Que je crée une tempête ? un raz de marée ? Je me sentais à nouveau incomprise. Jugée. Humiliée. Ces tests ne faisaient que conforter les doutes de Kaetilia : je n’étais pas l’une des leurs ! J’étais différente. Seule. Comme toujours.

Le regard empli d’inquiétude de Raphaël me revint. Ses yeux noirs me consumaient de l’intérieur. Des larmes froides se mirent soudain à couler le long de mes joues.

– Ce n’est rien, mon enfant. Tu peux ouvrir les yeux à présent.

Naja se trouvait face à moi. Elle sortit un mouchoir et essuya mon visage humide d’un geste tendre.

– Aucun pouvoir, semble-t-il ! lança Kaetilia d’un ton glacial. J’espère que nous ne sommes pas venues jusqu’ici pour rien. Même si cela me fait plaisir de te voir, mon amour.

Kaetilia avait prononcé cette dernière phrase dans un ronronnement sauvage avant de déposer un baiser sur les lèvres de Raphaël. Pour seule réponse, celui-ci eut un mouvement de recul, mais elle ne s’en offusqua pas. Son regard revint vers moi et elle m’adressa un sourire carnassier. Comme si elle voulait me faire comprendre que cet homme, si beau et mystérieux, était sa propriété. Puis elle ajouta :

– Talia, à ton tour. Espérons que cette petite soit bonne à quelque chose !

Je sentais la colère s’emparer peu à peu de moi. Une colère froide teintée d’une pointe de jalousie. Mais je ne devais pas entrer dans son jeu. Je devais me reprendre et me concentrer.

Une femme, d’une beauté plutôt banale en comparaison aux autres, s’installa face à moi. Le visage rond et le regard chaleureux. Tout dans son attitude laissait paraître une grande gentillesse. Son contact me réconforta, pourtant il m’était impossible de l’écouter. Je pouvais entendre ses mots sans réellement les comprendre, comme s’ils glissaient sur moi.

Mes pensées devinrent une nouvelle fois incohérentes et je sentis la terre se dérober sous mes pieds. Comme ce jour-là, sur les falaises de Normandie. Lorsqu’une multitude d’émotions m’avaient brusquement envahie. Des émotions qui n’étaient pas les miennes : peur, tristesse, solitude, remords et une terrible confusion. Le cœur lourd, je m’étais effondrée, ne pouvant contenir mes larmes. Ma première rencontre avec un esprit. Je n’avais que 13 ans.

Lorsque je rouvris les yeux, j’étais étendue sur le sol froid. Personne n’avait bougé. Aucun n’était venu m’aider. Seule Talia me tendit la main en souriant, avant d’annoncer :

– C’était insignifiant, mais il semblerait que tes pouvoirs soient liés à la Terre. Je suis certaine qu’avec de l’entraînement et de la discipline, tu pourras faire de grandes choses.
– Enfin ! Un sur trois. Nous sommes bien loin des prouesses que vous nous avez rapportées, n’est-ce pas, Spinner ? Mais cela fait bien d’elle une magicienne. Très bien. Notre travail ici est terminé, annonça Kaetilia en se dirigeant vers la sortie.
– Comment ça ? Tu ne lui fais pas passer le dernier ? demanda Spinner.
– Pour quelle raison ? La pauvre s’est assez ridiculisée, il me semble, gloussa Kaetilia. Elle va venir avec nous. Après tout, sa place est parmi ses semblables.

Spinner s’interposa entre elle et moi et lâcha froidement :

– Je regrette, mais Sarah est mon invitée. Et personne ne l’obligera à vous suivre. Elle a autant sa place ici, parmi nous.
– Où sont tes preuves ? Permets-moi de douter de toi. Tu disais qu’elle était fantastique et maîtrisait l’ensemble de nos pouvoirs. Et je me trouve face à une gamine à peine capable de faire trembler cette lamentable bicoque. Laisse-moi passer ! Nous avons perdu assez de temps à cause de toi et de tes inepties. Je vais la remettre au conseil des chasseurs obscurs. Tu te souviens d’eux ? Ceux qui font régner l’ordre parmi vos semblables ! Ils l’étudieront et détermineront son sort. Nous n’avons plus besoin de vous, Messieurs.

Que venait-elle de dire ? J’avais accepté de participer à leurs tests stupides, mais là, c’en était trop ! Cette femme était une véritable sorcière. Une créature venimeuse et cruelle dans un écrin d’une beauté époustouflante. Une beauté qui me laissait désormais de marbre. Elle ne m’inspirait plus aucune confiance. Hors de question que je la suive.

 

Vous avez aimé ? Je vous invite à faire un tour sur ma campagne Ulule.

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