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Chapitre 2 - Fin

Chapitre 2 - Fin

Publié le 13 janv. 2023 Mis à jour le 13 janv. 2023 Culture
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Chapitre 2 - Fin

Surpris par mon attaque, il n’avait pu m’éviter. Mais il me repoussa rapidement et avec une telle violence que je fus projetée à plusieurs mètres de l’épave.

Je me recroquevillai sur ce sol froid, tentant de recouvrer mes esprits. Le monstre en moi s’était évanoui, sa faim rassasiée, me laissant seule. Écœurée. Je voulus tout recracher, en vain. J’étais incapable de vomir. J’avais halluciné. Il était plausible que lors du crash je me sois pris un méchant coup sur la tête. Je souffrais d’une commotion. C’était certain. Sinon, comment expliquer que je me sois délectée de ce grand cru prélevé directement à la gorge de cet inconnu ?

Sans réellement comprendre pourquoi, une profonde colère m’envahit. Une rage intense contre lui et ce dénommé Doe pour tout ce qui m’était arrivé. Pour cette livraison stupide. Pour ce voyage sans escale. Pour mon accident.

Un épais brouillard nous enveloppa, chargeant l’air d’une humidité suffocante. Un vent puissant et chaud se leva et fit tout tourner autour de nous. Les feuilles, les morceaux de bois, les débris de mon avion…, tout se mit à voler dans cette épouvantable tornade. Tout, sauf cet homme. Il paraissait imperturbable, comme si rien ne pouvait l’atteindre. Pas même la mort.

Tel un félin, il s’approcha doucement de moi. Son regard de braise me transperçait, me consumait. Sans un mot, il se baissa et me prit la main. Il la porta délicatement à sa bouche pour y déposer un baiser. Je sentis mon cœur fondre. Une véritable midinette ! Mais, étrangement, ma fureur s’apaisa, tout comme la tempête, pour laisser place à une fatigue intense.

— Enfin ! Je commençais à croire que notre accident n’était qu’un pur hasard ! me lança-t-il.

À quoi faisait-il allusion ? À la tempête ? À l’apparition soudaine de cette île ?

Un sourire carnassier se dessina sur son visage, dévoilant deux grandes canines d’un blanc étincelant.

— Attends ! Je ne rêve pas ? ! Tu es un de ces tarés adeptes des prothèses dentaires ? Ridicule !

— Outch ! Tu veux me faire mal, ma Belle ? J’aime ça.

— Arrête de jouer au con et réponds-moi !

— OK, je pensais que c’était purement rhétorique. Je suis un vampire. Tout comme toi !

— Oui ! Très amusant… Attends ! Tu as dit « notre accident » ? Tu plaisantes ? Tu étais planqué dans l’appareil ? !

— Eh oui ! J’étais ta précieuse marchandise.

— Quoi ? Dans cette boîte métallique ? T’as un sérieux problème !

Je commençai de nouveau à m’énerver et j’entendis l’orage gronder au-dessus de nous.

— Calme-toi. S’il te plaît. Tu ne voudrais pas me griller sur place avant d’avoir obtenu tes réponses. Bon, reprenons depuis le début. Je me présente : Raphaël. Je devais me rendre, et ce, avec une discrétion absolue, à Haïti. Ce qui explique pourquoi j’étais dans cette caisse. Les raisons exactes ne te concernent en rien.

— Quoi ? Je me trouve dans cette merde avec toi et ça ne me concerne pas ! C’est une mauvaise blague ?

Il ne me répondit pas. Son regard, aussi noir et intense que de l’onyx, me transperçait comme s’il cherchait à résoudre un mystère. Il était terriblement séduisant. Tout chez lui était parfait : ses cheveux argentés, son teint de porcelaine, son corps d’athlète et cette manière de se déplacer avec fluidité et aisance, tel un serpent. Mortellement hypnotisant. Quant à son sang, une pure merveille. J’en avais encore le goût sur la langue. Ce même goût sucré et subtilement métallique avec lequel je m’étais réveillée. Que m’était-il arrivé ? Tout était si confus.

— Tu ne te souviens vraiment de rien, n’est-ce pas ?

Il avait perdu son attitude arrogante. Tenant encore ma main, il affichait un air soucieux, presque compatissant. Je voulus le repousser, mettre de la distance entre nous, mais mon corps en avait décidé autrement. Il restait immobile, refusait de m’obéir. Alors, je me contentai de profiter de ce merveilleux contact.

Soudain, il se releva et fit un pas en arrière. Il me sourit et commença à m’expliquer ce qu’il s’était passé :

— Après le crash, tu as réussi à t’extirper de ce qu’il restait de cet avion. Ton cœur battait étrangement. Telle une douce mélodie au tempo irrégulier.

Il tapait dans ses mains, mimant ses paroles.

— … Tantôt fort et sourd, tantôt faible et imperceptible. Puis ce fut le silence le plus total. Je n’ai rien pu faire. Le temps que j’arrive à sortir de cette caisse, ta vie s’était envolée. Enfin, c’est ce que j’ai cru !

— Ben voyons ! Pourquoi je n’y avais pas pensé ! Je suis un fantôme ? C’est ça ? Tu me prends pour une idiote ?

— Je ne fais que te rapporter les faits, ma Belle. Tu avais un trou béant dans le ventre. Tu t’es simplement vidée de ton sang. J’ai voulu t’aider, mais, comme je te l’ai déjà dit, c’était trop tard. Lorsque je me suis penché sur toi pour ramasser ton corps, tu m’as littéralement sauté au cou ! Tu me serrais si fort que j’ai eu du mal à te faire lâcher prise !

— Je ne suis pas sûre de bien te suivre. Je serais morte et, comme par magie, je me suis relevée et je t’ai mordue ! C’est une plaisanterie ? Pardonne-moi la question, mais tu as l’air tellement convaincu par ces âneries !

Je fus prise d’un terrible fou rire. Le fou rire d’une folle en pleine crise de nerfs. Un vampire. Mais bien sûr ! Et des crocs me seraient poussés dans la nuit, comme par magie ! C’était du grand n’importe quoi.

— Vraiment ? me demanda Raphaël, comme s’il lisait dans mes pensées. Alors pourquoi cette nourriture a un goût de cendres ? Pourquoi as-tu bu à deux reprises de mon sang ?

Je le regardais, interloquée. Non pas à cause de ses questions complètement dingues, mais parce que j’avais l’horrible impression qu’il était dans mon esprit. Comment faisait-il cela ?

— C’est agaçant, n’est-ce pas ? Mais tu finiras par t’y habituer, tu verras, me dit-il.

— Dégage de ma tête et dis-moi la vérité ! Tu m’as droguée ? Ou c’est une caméra cachée ?

— Tu es sacrément têtue ! Combien de fois je vais devoir te le répéter pour que tu comprennes ?

Il faisait les cent pas devant moi. Je pouvais sentir sa frustration et son agacement. Soudain, il s’arrêta net et ajouta :

— J’ai une idée !

Il sortit une dague de la poche intérieure de sa veste, me prit la main et me taillada la paume avant même que je n’aie eu le temps de réagir.

— Eh ! Ça fait mal ! C’est quoi ton problème ?

La douleur vive laissée par la lame se dissipa rapidement en une infime brûlure, puis plus rien. Une terrible sensation de faim m’envahit et je ne pus m’empêcher de porter ma main à mes lèvres pour y lécher le sang frais. Il y en avait très peu. Trop peu pour ce type de blessure. J’observais ma plaie et ne vis qu’une fine ligne rose qui disparut sous mes yeux.

J’avais cicatrisé presque instantanément. Ma peau était de nouveau intacte. Plus aucune trace. Non. Ça ne pouvait pas être vrai. Et pourtant, cela expliquait l’absence de marque après cet atroce accident, et ce, malgré mes vêtements déchirés et le sang inondant le sol.

Je me sentais désemparée. Je ne comprenais pas ce qu’il m’était arrivé. Tout cela était impensable. Je portais mes doigts à ma jugulaire. Rien. Aucun pouls. Je voulus prendre une profonde inspiration pour me calmer. Mais, pour une raison obscure, ce réflexe si naturel était devenu désagréable. Difficile. Je crus étouffer. Les mains autour de ma gorge, la bouche ouverte, je paniquais. L’air me manquait, cependant je ne ressentais aucune douleur.

Mais alors, il disait vrai ? Non. C’était du délire. Je ne pouvais pas être morte et consciente. C’était inconcevable. Et l’idée même d’être devenu un vampire était encore plus absurde. Parce que, d’un, je ne croyais pas à ces légendes sur les buveurs de sang. Et de deux, en admettant qu’ils existent, jamais je n’avais été mordue.

— Si je peux me permettre, ma Belle, être mordu ne suffit pas à faire de toi un vampire. Il faut que ton ancêtre te vide de ton sang et ensuite te fasse boire le sien. C’est loin d’être agréable ! Et la transformation est un processus long et extrêmement douloureux, tu peux me croire ! Alors tu t’en souviendrais !

— Mais…

— Pour toi, c’était bien différent ! Je suis aussi perdu que toi ! Ta blessure t’a vidée de ton sang, mais je n’ai pas eu le temps de te mordre pour te sauver. Et je n’aurais rien pu faire de toute façon. Pour moi, tu étais une magicienne.

— Et tu continues ! Je suis une magicienne maintenant ! Et pourquoi pas un succube pendant que tu y es ?

— Là, tu surestimes ton charme ! Mais pour le reste, je suis sérieux. Qui provoque ces changements de météo à ton avis ? Tu penses réellement que ce sont des phénomènes naturels ?

— Je…

— Personne ne t’a expliqué les bases de la magie ? Pas même ta mère ou ta protectrice ? Je ne sais plus comment vous les nommez. Comment ont-ils pu te transmettre un tel pouvoir sans le moindre enseignement ? ! Ces femmes n’ont vraiment rien dans la tête !

— Stop ! Ma mère n’a rien à voir là-dedans ! Mes parents sont morts, je n’étais qu’une gamine.

— Tes parents ? Tu veux dire que tu avais un père ?

— Bien sûr que oui ! On ne t’a jamais expliqué comment on faisait les bébés ? Désolée de te décevoir, mais ils ne poussent pas dans les choux !

Il ne m’écoutait plus. Il paraissait perturbé et se mit à tourner en rond. Il bougeait à une telle vitesse, toujours avec cette fluidité hypnotisante. Il en était presque invisible. Soudain, il apparut devant moi et m’attrapa le visage.

— C’est ton jour de chance !

Et avant que je n’aie pu formuler la moindre question, je sentis ma nuque se briser.








 

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