CHAPITRE 4 : L
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CHAPITRE 4 : L
La rose s’est éclose pour s’ouvrir jusqu’à son cœur, elle s’est livrée avec toute sa transparence de fée aux rayons de lune, elle s’est livrée pour délivrer son message de rose, son message de fée. Puis elle s’est fanée, mais avant de perdre ses pétales, avant de courber l’échine pour rejoindre la terre et devenir engrais, elle a pris soin d’embellir le regard de ceux qui se sont posés sur elle. Et quand elle s’est fanée son message de rose, son message de fée a empli le cœur des hommes. Quel était-il ? Sinon celui de l’amour. Une bien grande mission pour un si petit être.
Je n’oublierais jamais tes yeux, ils sont l’empreinte même de l’existence. Même à l’heure de ton départ, ils étaient là avec toute leur fureur d’aimer. Ta beauté était lumière. Cette lumière que tu m’as donnée. Je te remercie, toi et tes parents pour m’avoir laissé vivre cette relation si privilégiée. Merci pour ta confiance, pour ton courage, pour tes mots, pour avoir été. Et sache chère fée que la rose est éternelle car elle est l’amour faite fleur. Tu ne deviendras pas cette jeune fille, ni cette femme à qui l’être aimé offre le bouquet rouge. Ton cœur ne tremblera plus, mais tu es devenue plus que ça pour nous qui sommes encore sur cette boule de glaise, nous qui t’avons connu. Que là-haut ton cortège soit tout aussi beau que tes rêves et qu’ils permettent à ceux qui ont peur, à ceux qui sont en train de lire ces mots d’aller au bout des leurs.
Souvent quand je pense à toi, je t’imagine dans les bras de ton père que tu as rejoins désormais, ce père que tu aimais tant. Je t’imagine souriant sur ce monde étriqué que tu as quitté, semblant nous dire : « - Ne vous inquiétez pas pour moi, maintenant je suis heureuse !!! Vivez votre vie ». Je pense alors à ta mère, j’espère qu’elle reçoit le même message, puis je réalise que j’ai fabriqué cette image pour mieux accepter la réalité de la mort. L’idée de l’existence du paradis est un merveilleux fusible contre la folie, contre cette intolérable sentiment que rien n’existe après, hormis le Néant. Mais si c’est bien le cas, pourquoi alors construire des choses en ce bas monde si l’on ne peut pas regarder croître les fruits de son existence? A quoi cela servirait-il de vivre et d’aimer s’il n’y avait rien derrière le voile? Et surtout comment accepter que ceux que nous aimons aient totalement disparu, que plus jamais nous ne les reverrons, qu’ils sont devenus un rien de plus dans ce néant qui n’est rien?
Je t’imagine dans les bras de ton père souriant sur ce monde étriqué que tu as quitté.
Je t’imagine au Maroc au bord de la mer entouré de ta femme et de ton tout jeune bébé.
Je t’imagine déjà plus grande, penchée sur ton premier scénario. Puis, plus tard, réalisant ton premier film. Enfin je te vois dans la salle d’accouchement, lors de la venue au monde de ton premier enfant. Je vois ton visage sortir de la douleur pour s’illuminer devant ce petit être qui est le tien.
Je t’imagine en princesse Kabyle parée de tes plus beaux atours, chantant et dansant pieds nus, faisant virevolter tes longs cheveux d’ébène, laissant derrière toi un doux parfum de jasmin.
Je t’imagine en jeune père heureux ou en footballeur professionnel comme je te rêverai toujours.
Je t’imagine encore de ce monde, encore tout près de moi. Et j’ai parfois l’illusion que tu viens me visiter en rêve.
Je vous imagine tous à ma façon toute personnelle pour ne pas vous perdre.
La question est inévitable : Y a t-il un après? Y a t-il un lieu pour eux ? Sont-ils encore parmi nous ? Formes invisibles aux yeux des mortels. Peut-on sérieusement croire en un paradis où voguent les âmes libérées s’en allant gaiement au bal des anges? Peut-on réellement imaginer que nous retrouverons les nôtres tels qu’ils sont partis ?
Si nous admettons que la mort absolue n’est pas, que la matière se transforme et que l’énergie circule si bien que « rien ne se perd», est-ce à dire que notre âme, notre aura, notre conscience (quelque soit le nom qu’on lui donne) soit sauvegardée ? Qu’elle valse dans le monde d’à côté, féeries libres pour l’éternité ?
L’univers est si vaste…peut-être quelque part peut-on entendre résonner le chant des ancêtres… peut-être…oui.
(silence)