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Chapitre 1 

Chapitre 1 

Publié le 8 mars 2022 Mis à jour le 8 mars 2022 Culture
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Chapitre 1 

– Maman, maman, maaamaaan !

Lise ouvre péniblement un œil et trouve cet effort si inhumain qu’elle décide de renoncer à ouvrir l’autre. 

– MAMAN ! Viens !

Quelle heure est-il ? Le réveil indique 5 heures 47. Du matin. Samedi. Lise s’enfouit sous la couette un peu plus espérant découvrir une porte secrète qui lui permettrait de s’enfuir dans une autre dimension, celle des grasses matinées et des réveils en douceur.  

– MAMAN ! J’ai fait caca, viens m’essuyer ! 

Elle saisit sa dernière chance : réveiller Marc, son mari. Elle lui touche d’abord légèrement le bras, puis le secoue un peu plus fort. Pas de mouvement. Elle tend l’oreille pour écouter sa respiration. Aucun doute, il dort profondément. Elle émit une sorte de grognement défaitiste et réussit tant bien que mal à se diriger vers les toilettes où elle a la même vision que la veille, l’avant-veille, l’avant-avant-veille et tous les jours précédents. Son fils, Jules, 5 ans, penché en avant mains sur le sol, les fesses nues pointées en l’air face à la porte. A part une pancarte qui dirait fesses sales à essuyer de toute urgence  Lise ne voit vraiment pas comment on aurait pu faire plus clair comme message. 

Elle soupire et s’exécute tout en essayant de calculer combien de fois elle a pu essuyer les fesses de son fils, couches comprises. Ne voulant pas rajouter à la torture du lever matinal celle des maths, elle met son cerveau en mode off. 

– Tu es grand maintenant Jules, tu pourrais essayer de t’essuyer tout seul tu sais. Je t’ai déjà montré comment faire. 

– Bah, c’est dégoûtant le caca. La dernière fois j’ai essayé et j’en avais plein les doigts. Tu te rappelles ? Même qu’il était tout collant et un peu vert et que…

– Oui, oui c’est bon, oublie ce que j’ai dit. 

Le petit déjeuner attendra que ses images aient quitté son esprit. 

– Allez, va te recoucher, il est trop tôt. Il n’y a pas école aujourd’hui. On peut en profiter pour rester un peu au lit. 

– Mais je suis plus fatigué moi ! Je veux jouer ! 

– Eh bien, tu peux jouer dans ta chambre si tu veux mais tu ne fais pas de bruit d’accord ? 

– Ok ! 

Lise sait. Elle sait au fond d’elle qu’il y a autant de chances pour que Jules ne fasse pas de bruit que pour que Brad Pitt vienne frapper à sa porte nu sous un peignoir de bain avec une rose entre les dents. Depuis qu’elle est devenue mère, elle sait que les beaux principes sont le privilège des personnes qui n’ont pas encore d’enfants. Elle n’a plus ce luxe depuis longtemps. Mais ce matin-là, elle a envie d’y croire. Un regain d’espoir ? Une folie ? Non, tout simplement, l’épuisement et la terrible envie de se recoucher dans son lit bien chaud. 

Alors qu’elle vient à peine de poser sa tête sur l’oreiller, elle entend le bruit métallique du flipper que Jules a reçu pour Noël. Les jouets qui n’ont pas de bouton on/off pour le son ont tous été inventés par des experts en torture. 

Lise bondit hors du lit. Elle ne craint pas de réveiller son mari qui dort toujours à poings fermés et qui de toute façon a une capacité à se rendormir en 2 micros secondes montre en main. Non, elle redoute les foudres de la colère de Chloé, sa fille de 10 ans, pré-ado depuis 2 ans environ et qui profite de toutes les occasions pour se plaindre et hurler sa fureur au monde entier en mode personne ne me comprend, c’est trop injuste !

– Jules, éteins ton flipper tout de suite ! Tu vas réveiller ta sœur ! 

– Mais c’est le seul jeu auquel je veux jouer ! Les autres sont tout pourris ! 

– Jules, surveille ton langage s’il te plait. Lise inspire profondément et prononce cette phrase qui sonnait le glas de la grasse matinée tant convoitée : Allez, viens, on descend au salon. 

Jules bondit de joie et emporte avec lui une dizaine de jouets (ceux qu’il trouvait tout pourris cinq secondes auparavant). Lise, résignée, lui emboîte le pas. Adieu repos… Elle descend doucement l’escalier, en évitant bien soigneusement les marches qui craquent quand tout à coup, Jules échappe son robot Power Rangers qui émet des sons stridents du genre bzzziiii, booouuuum, brrrrr de la première à la dernière marche dévalée. Lise retient son souffle et prie pour que ce fichu jouet en plastique made in China n’ait pas réveillé Chloé. Une seconde, deux secondes, trois se... 

– Non mais c’est pas vrai ! On peut jamais dormir dans cette maison ! Merci, vraiment merci, hein ! 

– Désolée ma chérie, ton frère ne l’a pas fait exprès. 

– Non, j’ai pas fait exprès moi. Il est tombé tout seul le robot. T’es un coquin robot ! dit Jules tout en rigolant, ce qui a le don d’énerver encore un peu plus sa sœur. 

– Ah parce qu’en plus ça te fait rire de me réveiller à 6 heures du matin un samedi alors que j’ai ma compèt de gym cette après-midi ? Non, mais alors-là, j’aurais tout vu dans cette famille !

– Chloé, modère tes paroles s’il te plait. Il ne l’a pas fait exprès et tu peux toujours aller te recoucher. Et parle moins fort, tu vas réveiller ton père. 

Si seulement, pense Lise. 

– Non, c’est bon. Je suis réveillée et je pourrai pas me rendormir. Merci Jules, merci. 

Et sur ce, elle se précipite dans la cuisine, menton levé, regard furieux, lèvres serrées. 

– Mais j’ai pas fait exprès moi, dit Jules, tout peiné à présent. 

– Je sais mon chéri, je sais. Allez viens, on va prendre le petit-déjeuner. 

– Ouais, super. Dis maman, je peux avoir des frites ? 

– Non. 

– Des nouilles ? 

– Non plus. 

– Des bonbons ? 

– Toujours pas. 

– Pfff….t’es pas drôle maman !

Non, se dit Lise. Je ne suis pas drôle, juste fatiguée. Et cette journée commencée sur les chapeaux de roue à (elle regarde l’horloge du salon) 6 heures 01 promet d’être longue, très longue.

 

Envie de savoir si Lise va survivre à sa journée? 

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