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2020 : A fond de train !

2020 : A fond de train !

Publié le 8 nov. 2020 Mis à jour le 8 nov. 2020 Culture
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2020 : A fond de train !

Vendange 2020 : A fond de train !

 

 

 

 

2020 : A fond de train !

Lorsque l' on imagine les détails, les possibilités, les potentiels de pannes, de problèmes, d'anicroches qui peuvent advenir durant les vendanges, le vigneron est poussé par un stress tout légitime à organiser l'aboutissement de l'année de sueur durant tout le mois d'août.

 
 
 

 

Et se bousculent dans sa tête les couacs des années précédentes afin d'y pallier. De trouver des subterfuges, des solutions à toutes les éventualités éventuelles qui ne vont pas manquer d'arriver et qui pourraient faire sombrer les vendanges dans un abîme et entraîner l' inéluctable. Les pensées orageuses se pressent en foule à l’orée de septembre. Pensées d'avant combat, pensées de vestiaires pour parer, tuer le temps, chasser les incertitudes toujours plus nombreuses à patienter le premier coup de sécateur.


A organiser au millimètre on en perd toute notion et laisser une part au hasard, une part à Bacchus rendra plus vivante l'action, plus inattendus les aléas, plus 
goûtu le réel et donnera à septembre majeur son panache absolu. La part d'incertitude rend encore l'aventure attrayante car l'on ne sait jamais à quoi, à qui il va falloir s'adapter.

L'aventure d'une année à la vigne , d'une année en bio se ramasse à la main, parfois dans un désordre articulé. Souvent sous un soleil encore vaillant, avec une joyeuse équipe pourvu d'un sens de l'amitié et de la vie hors pair. La période est habituellement ponctuée de surprises mécaniques qui viennent enrouer la clarté des esprits les plus prévoyants.


La loi de l’emmerdement maximal fait souvent foi au vignoble comme pour tester la détermination du faiseur de vin, l'engagement du viticulteur à pérenniser un mode laissé ailleurs aux sauterelles infernales, vibrantes machines à massacrer la plante.

Ici c'est à la main ! Un peu comme avant, une peu comme toujours et les matins joyeux aux langues déliées laisse la place aux dos fourbus lorsque le soleil monte au zénith.

 

Ici c'est à l'humain que le vin se compose en s'harmonisant dès sa naissance à la vertu de la main pensante.

Ici c'est les traits tirés, en fins de journée, un sourire vissé sur nos faces mal rasés, les filles harmonieusement déguenillés, que nous accueillons le raisin en cherchant l'angle sous lequel nous allons devoir le vinifier.

Ici, c'est hors du temps le temps d'une vendange et les rires joyeux, les algarades font oublier les soucis de la veille et les problèmes du lendemain.


Et 2020 survint ! Avec quinze jours d'avance que nous n'avions pas prévu.

A fond de train nous dûmes préparer la cave, la briquer, l'organiser pour recevoir jus et baies déjà murs alors qu' août n'avait encore pas tiré sa révérence. Tout dodelinant des chaleurs estivales nous sortîmes précipitamment de la torpeur pour tout organiser en un temps record.

Et la matière vivante déboula en cave dans l'euphorie ''Cadablèssienne'' habituelle à l'aune de nos états d'esprits ragaillardis par un état phytosanitaire parfait et des quantités largement suffisantes. L'équation parfaite pour agencer l'alchimie de l'année 20.

Et la magie réapparut sortant de son chapeau un millésime qui arriva sur la table de tri à un rythme régulier, qui s’enchaîna parfaitement durant une dizaine de jours. Les maturités exemplaires et les baies gonflées d'un espoir liquide réjouissant entraînèrent nos esprits dans des limbes euphorisantes.

Et de m'entendre répéter à longueur de vinification : c'est magnifique !

Nous redescendions parfois de notre olympe, éreintés de fatigue, les doutes vite chassés par la récurrence des journées terminés trop facilement. Autour d'une tablée vivante, bien pourvue de saines quilles, de simples et beaux mets, les journées s'achevèrent un verre levé haut à la gloire des vendanges et des belligérants avant d'aller rêver et recharger pour le jour qui suivait.


Les journées sans problèmes d'une vendange harmonieuse se déclinent évidemment de quatre ou cinq heures le matin à dix neuf ou vingts heure le soir. L'harmonie fait digérer bien des choses et la fluidité de l'année nous fit faire des sauts de cabris tout le long.

 

De gare en gare le train joyeux avala les courbes, les vallons, les sublimes points de vues mais fi des tunnels enfumés, des virages trop serrés, des déraillages intempestifs pour venir déranger la quiétude relative du présent.

La vapeur décroissante in fine, les mouchoirs aux fenêtres et la dernière étape pour cueillir un blanc tardif dans nos contrées méridionales. Cépage rare au demeurant que nous n'avons pas voulu laissé choir aux oubliettes de la modernité. Le Terret Bourret que nous associons dans la bouteille à du Carignan blanc donne un vin vif, long en bouche, floral mais pas exubérant. Un vin sec, fin, élégant cueillit au terminus de nos vendanges. Ramassé à la caisse et porté en ringuinguette les uns à côté des autres nous filons vers la cave fermer définitivement le ban.

La soulenque repas traditionnel de clôture, ponctué d'anecdotes, d'amitiés qui se forment à peine que déjà nous devenons tous nostalgique d'une vendange exceptionnelle d'équilibre.

Le roi est mort, vive le roi ! L'an prochain sera une autre année mais les souvenirs de celle là resteront gravés comme un bonheur, marqué d'une pierre dans la mémoire des lieux.

Et le train-train de l'automne pour reposer nos veilles carcasses et délasser nos muscles va s'étirer jusqu'à la taille. Et la nouvelle année viticole renaîtra dans la solitude du paysage et le déclin de l'année civile.

Je m'entends encore penser à voix haute : c'est magnifique !

 

Sur le quai de la cave je regarde le soleil apparaître par delà les collines et j'ai le sentiment que la vie se passe ici et maintenant.

 

C'est magnifique et parfois plus que ça.

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