Panique dans les eaux noires
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Panique dans les eaux noires
- Pourquoi m’as-tu fait ça, petit, pourquoi ?
- C’est de ta faute, tu n’aurais pas dû la mêler à cela.
- Je voulais savoir…
- À cause de toi, le plan a foiré et la police va débouler ici d’un instant à l’autre.
- J’étais jaloux et furieux de voir qu'elle n’avait d’yeux que pour toi, j’avais l’impression que tu allais me la voler.
- Tu n’es qu'un idiot, ta jalousie t'aveugle, tu n'a même pas remarqué les sentiments et les regards qu'elle avait pour toi, que vas-tu faire maintenant ? Bah! après tout, débrouille-toi avec ta merde. Moi je me barre, bonne chance...
Il ferma son blouson de cuir, enfourcha sa moto, enfila son casque et démarra en trombe, les feux arrière disparurent lentement dans la noirceur alors que persistait le son mythique du six cylindres Honda.
Une fois seul, malgré l'intensité des lumières, l’obscurité s’épaississait autour de lui, c’était une peur d’enfant, incontrôlable, qui l’anesthésiait lentement, comme s’il était mort et que personne ne l’avait prévenu.
Assit au bord du lit, son arme pendait entre ses cuisses, tel un sexe mou. Du sable gris glissait entre les lattes du plancher, pareil à un immense sablier, seulement il n’y avait personne pour le retourner.
Après tout ce qu'ils avaient vécu, il avait le cœur au bord des lèvres et se sentit subitement d’une inutilité irréfutable. Il comprenait qu’il avait tout fait capoter à cause de sa stupidité, à cause de sa maudite jalousie et à cet instant il aurait voulu être loin, loin de lui, loin de tout ce bordel.
Il regarda le corps inerte de Marianne et eut l’impression que la pièce s’enfonçait dans la sombritude du lac, il voyait les murs fondre à la manière d'un précipité chimique, son regard s'attarda sur les cuisses de cette femme qu'il avait adoré puis, pris de panique, il se leva en titubant, marcha vers le rivage, la tête vide, pétri d’une profonde incompréhension.
Les pieds dans les eaux noires du lac, il s’effondra sur le sable humide en sanglotant comme un enfant abandonné, une larme s'écoula le long du réseau sinueux des rides de sa joue jusqu’à la commissure des lèvres, son goût salé lui rappela les larmes de joie de Marianne; Sa Marianne qui n'était plus là pour le rassurer, le conseiller, à qui il avait ôté la vie.
Il avait tout détruit autour de lui et n’avait plus aucune raison de vivre, tout tremblant, il regarda son arme, une sirène de police hurlait dans le lointain...
Non! il ne retournerait pas en prison...