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   Côte d'Ivoire -Littérature / Camara Nangala (Écrivain) : « Le mieux, c'est de demander aux Ivoiriens de se mettre à la lecture »

   Côte d'Ivoire -Littérature / Camara Nangala (Écrivain) : « Le mieux, c'est de demander aux Ivoiriens de se mettre à la lecture »

Publié le 26 avr. 2022 Mis à jour le 26 avr. 2022 Culture
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   Côte d'Ivoire -Littérature / Camara Nangala (Écrivain) : « Le mieux, c'est de demander aux Ivoiriens de se mettre à la lecture »


En 2020 l’Assedi avait voulu mettre l’auteur Camara Nangala à l'honneur pour la 12è édition du Salon Internationale du livre (Sila). Cette edition avait été annulé à cause de la pandémie à Covid- 19. Écrivain émérite et éditeur ivoirien, Nangala qui a à son actif plusieurs poésies, recueils de nouvelles et romans dont ‘’Le printemps de la liberté ‘’et ’’ Cahier Noir’’. Habitué des conférences et ateliers sur le livre en Côte d’Ivoire comme à l’étranger, l’auteur dans cette interview parle du niveau de la littérature ivoirienne, du Sila et de cses relations avec l’Association des écrivains de Côte d’Ivoire (AECI). Il jette un regard critique également sur la qualité des artistes musiciens ivoiriens.

Comment la littérature peut-elle favoriser le développement d’un pays comme la Côte d’Ivoire ?


La lecture est d’abord la porte d’entrée du développement et ensuite c’est la lecture qui féconde le développement. Il est difficile aujourd’hui dans le contexte que nous connaissons, d’imaginer un pays se développer en mettant sous le boisseau la lecture. Un peuple ne peut pas se développer s’il n’est pas générateur d’idées. Or c’est la lecture qui génère les idées. Malheureusement le développement est difficile parce que les professionnelles, les adultes et les enfants ne lisent pas. Cette situation n’est pas sans conséquence.
A quoi est donc lié ce fait que les Ivoiriens ne s’intéressent que très peu à la littérature ?
Les causes sont toutes simples, c’est parce qu’e on a fait croire que le monde matériel peut aller sans le monde des idées. Donc les Ivoiriens pensent qu’il vaut mieux avoir de l’argent, avoir des maisons, avoir des voitures. Et puis bon, les idées ça n’a aucune espèce d’importance. ; On vous dira mais les idées ça ne nourrit pas son homme et ça c’est une très grave erreur qui aujourd’hui est en train de faire des ravages parce que chaque action aà pour origine une idée. Et c’est parce que nous avons donné la priorité aux idées que la Côte d’Ivoire deviendra génératrice d’idées.


Quel regard portez-vous sur les écrivains ivoiriens ?


Sur le plan strict de la littérature, il y a eu d’énormes progrès parce que depuis l’époque de Bernard Dadié qui a commencé à écrire depuis 1949, il y a eu de grandes plumes comme Jean Marie Adiaffi, Zadi Zahourou et autres. Au fil du temps, on voit que le fleuve est en train de s’amenuiser. Aujourd'hui, il y a un problème de relève. La relève n’est pas du tout assurée. J’espère qu'il y aura un sursaut d’orgueil et que les Ivoiriens vont reprendre contact avec la littérature. Il faut comprendre que c’est la littérature qui peut nous aider à aller de l’avant.


Au niveau de la création en Côte d'Ivoire, aussi bien en musique qu'au niveau de la littérature, quelles sont les difficultés ?


Ici, on remarque que la musique est une science. Il faut que les gens comprennent qu’il faut aller dans une école, étudier le solfège, apprendre à jouer de façon scientifique à un instrument. Et ensuite produire des œuvres discographiques. Aujourd’hui on se lève parce qu’on a un talent naturel et on l’exploite pendant deux ou trois ans. Après on manque de souffle. Il faut aller au-delà du talent naturel et rendre scientifique le savoir musical qu’on a. Il ne s’agit plus de chanter ou de danser par instinct mais plutôt de chanter et de danser par l’intelligence. Voilà toutes la problématique, le jour où les ivoiriens auronst compris qu’il faut aller dans une école pour apprendre à rendre scientifique les talents naturels, on verra bien que la musique ivoirienne va s’imposer à l’extérieur. On fera de la musique de recherche. Au plan de la littérature, c'est pareil. On peut écrire par instinct. Mais au-delà il faut raffiner sa manière de réfléchir en insérant les problèmes de la société dans son art d’écrire.
Aujourd’hui quel sont vos relations avec l’Association des Écrivains de Côte d’Ivoire (Aeci) ?
Aucune relation.


Et pourquoi ?


La philosophie de l’Aeci ne me convient pas du tout. Je me tiens à l’écart parce que je n’ai pas l’esprit rebelle (il rit). J’aurais créé ma propre association, mais cet esprit je ne l’ai pas. Je ne soutiens pas l’AECI dans sa façon de penser mais je n’irai pas poser d’acte contre l’Aeci. Je préfère me mettre en marge et je mène ma vie.


On ne vous a pas aperçu au Salon du Livre d'Abidjan ?


Dans sa forme actuelle, le Sila doit être assez représentatif. Il est organisé d’une manière telle que la population ne me paraît pas impliquée. Il faut chercher cela. Aujourd’hui, quand vous faites un micro-trottoir, combien d’Ivoiriens savent qu’il se tient un Salon du livre ? Finalement, tout ce que nous écrivons, nous l’écrivons pour le public, mais quand nous organisons un Salon autour du livre et il faut que le public lui-même soit impliqué. Il faut repenser le concept et puis remettre l’initiative entre les mains de la population.


Vous ne croyez donc pas que ce Salon pourrait atteindre ses objectifs ?


Ce sont les organisateurs qui pourront en faire un bilan. Mais, ce qui est sûr c'est que la montagne aura accouché d’une souris. Le mieux c'est de demander aux Ivoiriens de se mettre à la lecture parce que c’est la lecture, qui va adoucir leurs cœurs et qui va éclairer leurs esprits pour qu’ils ne retombent pas dans le chaos.

Christian Guehi  

 

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