La lettre surprise de Vicente ,

Nous sommes le 7 décembre 2024. Je sors d’un rencard, désespérée, et je me dis que ce n’est vraiment pas de bol. Pourquoi je ne trouve pas ce que je veux ? Ou plutôt, pourquoi faut-il qu’il y ait toujours un couac quelque part ?

« Pff… », dis-je en donnant un coup de pied dans la neige . Puis, je lève les yeux vers le bonhomme de neige en face de moi et commence à lui parler :

« Si seulement tu pouvais parler… Tu es juste un bonhomme de neige. Mais si j’en rencontrais un vrai, qui parle, je lui dirais : ‘Est-ce que ça t’est déjà arrivé qu’on te casse volontairement ?’ Non, j’imagine qu’on préfère te construire plutôt que te détruire. Et moi, mes relations se cassent toujours. Pourquoi ? Est-ce de ma faute ? Est-ce parce que je ne suis pas assez bien ? »

Je soupire.

« Bref, je suppose que je ne le saurai jamais. Mais toi, bonhomme de neige, si quelqu’un était devant toi et te posait ces questions, tu lui dirais quoi ? »

Je réfléchis un instant, puis je souris.

« Je vais t’appeler Vicente, parce que je t’imagine vivre ta courte vie à cent à l’heure. Alors, Vicente, tu crois que je trouverai le vrai amour, ou je finirai seule ? Si seulement tu pouvais répondre… Ce serait tellement génial. »

Le froid me saisit.

« Il vaut mieux que je rentre. Vicente, vis bien tes derniers moments. Bye. »

Je signe mon carnet : Barbara, chalet 400, près du restaurant libanais.

Quelques jours plus tard, alors que je prends mon petit déjeuner, je remarque une lettre bleu ciel et marine près de la porte d’entrée. Je la ramasse et l’ouvre. À l’intérieur, je découvre une écriture blanche, délicate. Elle est signée “Vicente”.

D’abord, je crois à une blague. Mais poussée par la curiosité, je commence à lire la lettre de Vicente :

Chère Barbara,

Je suis honoré que tu m’aies donné un nom. Vicente… J’aime beaucoup. Ça sonne vivant, plein d’énergie, même pour un bonhomme de neige comme moi, dont la vie est aussi éphémère qu’un flocon sur une vitre.

Tu sais, Barbara, on pense souvent que les bonhommes de neige ne font que se tenir là, immobiles, à observer le monde. Mais laisse-moi te révéler un secret : on écoute. Chaque rire d’enfant qui nous construit, chaque regard fugace des passants, chaque soupir comme le tien quand tu te poses mille questions sous un ciel glacé.

Tu me demandes si on m’a déjà cassé volontairement. Oui, ça arrive. Mais vois-tu, ce n’est pas ce qui compte. Ce qui importe, c’est ce que je représente dans ces moments : la joie de créer, un instant de magie partagé. Même si je finis en flaque, ces instants-là sont ce qui me définit, pas ma fin.

Pour toi, chère Barbara, ce n’est pas si différent. Tu te demandes si les choses qui cassent sont de ta faute, si tu es “assez bien”. Mais écoute : ce qui compte, ce n’est pas ce qui se casse, mais ce que tu construis. Chaque relation, même si elle ne dure pas, est un flocon unique dans ta vie, quelque chose de beau, même s’il fond un jour.

Quant à l’amour que tu cherches… je crois que tu l’as déjà en toi. Il se voit dans la façon dont tu t’interroges, dans l’humour que tu partages avec un bonhomme de neige silencieux, dans ton désir de comprendre. Le bon amour arrivera, Barbara. Et il ne te demandera pas d’être quelqu’un d’autre, mais de continuer d’être toi : cette femme qui regarde les étoiles et donne un nom à un bonhomme de neige.

Alors, vis à cent à l’heure, comme tu l’imagines pour moi. Et n’oublie pas : parfois, le froid et l’hiver servent simplement à rappeler que le printemps existe.

Avec amitié,

Vicente (le bonhomme de neige qui t’écoute).

Fin

Image ChatGPT et Canva par mes soins .