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Chapitre 4

Chapitre 4

Publié le 22 mars 2025 Mis à jour le 25 mars 2025 Conte
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Chapitre 4

— Tu parles maintenant ?! s’étrangla Safira.

— Apparemment, répondit l’enfant avec un calme désarmant, comme si c’était la chose la plus normale au monde.


Un silence. Puis, elles éclatèrent toutes deux de rire.


— Alors, dis-moi tout, l’enfant mystérieuse. Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Quel est ton nom ? demanda Safira, le regard pétillant de curiosité.


— Je m’appelle Gwael Gala. Pour le reste… Elle fit mine de réfléchir intensément, son doigt sur le menton. Qui je suis… C’est un peu trop compliqué comme question pour une enfant de mon âge, tu ne trouves pas ? répondit la gamine un éclat malicieux dans le regard.


Safira plissa les yeux, sceptique.


— Et tes origines ? Tu dois bien te souvenir d’où tu viens, non ?


Gwael haussa les épaules avec une désinvolture qui aurait rendu un chat jaloux.


— Pas vraiment. Tout ce dont je me souviens, c’est que j’étais là, dans ta cuisine, ce jour-là. Avant ça… rien.


Safira croisa les bras.


— Donc tu es apparue comme ça, pouf, au beau milieu de mes herbes et de mes casseroles ?


— Eh bien, techniquement, oui. C’était plutôt bien rangé avant que je n’arrive, non ? C’est ce que je me suis dit en voyant tout ce vide.


Safira sentit ses nerfs frémir, mais l’enfant poursuivit innocemment :


— Mais regarde, maintenant c’est plus… vivant.


Safira leva les yeux au ciel.


— Et ce nom, alors ? Quelqu’un a bien dû te le donner.


Gwael sourit, fière comme un paon.


— Je l’ai trouvé toute seule.


— Bien sûr, tu l’as trouvé… où ?


— Dans un de tes grimoires ! répondit l’enfant avec enthousiasme. Tu sais, ceux qui prennent la poussière dans ton étagère du haut. Tu devrais les ouvrir plus souvent, ils regorgent de trésors, ajouta-t-elle avec un clin d’œil provocateur.


Safira laissa échapper un éclat de rire. Quelle étrange et fascinante créature que cette enfant.


— Un grimoire, vraiment ? Montre-moi ça, voyons voir ce que signifie ce fameux Gwael Gala.


Elles retournèrent dans la hutte, l’enfant menant fièrement la marche jusqu’à la bibliothèque. Le grimoire en question trônait, à peine effleuré par les années. Safira le récupéra, en souffla délicatement la poussière, et l’ouvrit à la page indiquée par l’enfant.


— Chaos fertile… murmura Safira en déchiffrant les caractères anciens. Elle releva la tête pour scruter Gwael, qui se balançait sur ses talons, un sourire triomphant aux lèvres. Tu n’aurais pas pu choisir mieux, vraiment.


— Je sais, dit-elle avec un sérieux désarmant.


Safira secoua la tête, un sourire malgré elle.


— As-tu faim, Gwael ? demanda-t-elle en refermant doucement le grimoire.


— Je pourrais avaler un chaudron entier, répondit l’enfant avec enthousiasme.


créee avec Microsoft Bing

***

Safira osa espérer qu’avec sa nouvelle capacité à parler, la cohabitation avec Gwael Gala deviendrait plus fluide, peut-être même… agréable. Mais il ne fallut pas longtemps pour que ses espoirs se brisent en mille morceaux, tout comme le pot de terre cuite que la fillette fit tomber le lendemain matin en gesticulant au milieu de la cuisine.


Car si Gwael Gala avait retrouvé la parole, elle ne l’utilisait pas avec parcimonie. Oh non. La petite parlait désormais à longueur de journée, sans s’arrêter, comme si elle cherchait à rattraper tout ce qu’elle n’avait jamais dit.


— Pourquoi le ciel est bleu ? Pourquoi tu mets toujours du thym dans la soupe ? Est-ce qu’on peut mettre autre chose ? Pourquoi t’as pas de chat ? Toutes les sorcières ont un chat, non ? Pourquoi on ne fait pas un feu de joie tous les soirs ? On pourrait danser autour, tu sais, comme dans ton livre sur Ostara… Tu crois que les esprits s’ennuient quand on n’organise pas de rituels ?


Et ça, c’était seulement pendant le petit déjeuner.


Safira, qui avait toujours pris soin de ménager ses silences et ses paroles, se retrouva déstabilisée. Elle n’avait jamais entendu quelqu’un parler autant, avec une telle énergie et une telle spontanéité. À chaque réponse qu’elle donnait, Gwael trouvait une nouvelle question ou, pire, une nouvelle objection.


— Gwael, les rituels ont des règles pour une raison. On suit les protocoles pour éviter les déséquilibres dans les énergies magiques.


— Pff, répliqua Gwael en roulant des yeux. Et si on suivait des règles qui rendent les énergies plus amusantes, hein ?


La sorcière sentit un muscle de sa mâchoire se contracter.


Gwael n’avait pas seulement une opinion sur tout ; elle contestait tout, souvent avec une logique imparable, parfois avec une logique qui ne faisait sens que dans son propre univers. Safira passa une bonne partie de ses journées à débattre avec cette enfant qui semblait avoir une réponse à tout, même à des questions qu’on ne lui avait pas posées.


Mais ce qui troublait Safira, au-delà de l’irrépressible bavardage de son apprentie, c’était autre chose. Gwael semblait… évoluer. Chaque jour, elle paraissait plus assurée, plus vive, plus… ancienne. Son regard devenait plus perçant, ses gestes plus précis. Elle n’était plus cette petite créature maladroite qui courait partout en renversant tout sur son passage.


Un jour, alors qu’elles préparaient un rituel de protection pour le jardin d’hiver, Safira surprit Gwael en train de réciter une incantation dans une langue que la sorcière ne connaissait pas. Une langue ancienne, empreinte de puissance.


— Où as-tu appris ça ? demanda Safira, les sourcils froncés.


Gwael haussa les épaules.


— Je le sais, c’est tout, répondit-elle d’un ton neutre.


Safira sentit un frisson lui parcourir l’échine. Cette enfant était un mystère, et chaque jour ajoutait une nouvelle couche à son énigme.


Pourtant, malgré toutes les disputes, les interruptions et les moments d’agacement, Safira ne pouvait nier une chose : sa vie n’était plus la même. Elle n’était pas plus facile, non. Mais elle était devenue… fascinante.

***

Vint le jour où Safira dut se rendre aux Assises de l’Ordre. Gwael, les yeux brillants d’espoir, la supplia de l’emmener, mais Safira ne céda pas: la fillette devait rester à la hutte et attendre son retour. Toutes ses espérances pour combattre ce mal reposaient sur cette réunion et sur l’accord de l’Ordre. Elle savait que si elle parvenait à bien porter son message, les sages pourraient intervenir et résoudre la situation en un rien de temps.


Les Assises se tenaient dans une clairière baignée d’une lumière presque surnaturelle. Les arbres centenaires formaient un cercle protecteur, leurs cimes s’embrassant pour créer un dôme végétal d’où filtraient des rais lumineux. Le sol, couvert d’une mousse épaisse, semblait vibrer doucement sous les pas de l’assemblée.


Safira s’installa à sa place parmi les Sorcières, tirant discrètement sur le col de sa robe cérémonielle. « Qui a décidé que l’ocre profond allait à tout le monde ? » murmura-t-elle pour elle-même, en luttant contre l’étoffe qui lui grattait la nuque. Et ces couronnes de saule ! Jolies, certes, et très symboliques, mais tellement peu pratiques!


Un chant s’éleva, cristallin et envoûtant, porté par la voix d’une apprentie.


Sous l’éclat de l’aube, le gel se brise,

Ostara sourit, et l’hiver se grise.

Un oiseau frêle, figé par le froid,

Dans ses bras, la chaleur revient de bois.


Les mots semblaient flotter dans l’air, se mêler aux bruissements des feuilles. Tout le cercle écoutait, immobile, transpercé par la solennité du moment.


D’un souffle doux, elle lève son voile,

Transforme le ciel en créature loyale.

Le lièvre court, la terre reprend vie,

De ses pas légers naît l’harmonie.


Alors que la mélodie continuait, Safira balayait l’assemblée du regard. Quelque chose clochait.

Premièrement, sa tutrice, une figure incontournable de ces rituels, manquait à l’appel. Ce n’était pas normal. Puis, elle remarqua, que parmi les présents, certains membres affichaient une pâleur inhabituelle. Leurs yeux, qui jadis débordaient de sagesse et de vitalité, semblaient vides, comme éteints. Ce même vide qu’elle avait déjà perçu chez les villageois revenus du marais. Un frisson courut le long de son dos.


Oh, déesse au cœur de lumière,

Éveille nos âmes, chasse la pierre.

Que tes symboles dansent et fleurissent,

En ton nom, nos cœurs nourrissent.**


Lorsque le chant s’éteignit, un silence enveloppa la clairière. Un silence lourd, chargé d’une tension insidieuse.


Elle sentit son souffle se couper. Les esprits l’avaient avertie. Le mal avançait, rampant, invisible, et il était déjà là, tapi au cœur même de l’Ordre. Les signes étaient indéniables. Si elle voulait agir, c’était maintenant. Et elle savait qu’agir signifierait prendre un risque qui pourrait lui coûter cher.

Safira inspira profondément, son regard fixant un point invisible devant elle. Ses mains tremblaient, mais elle les serra pour les immobiliser. "Je dois parler." murmura-t-elle pour elle-même “Si seulement ma tutrice était là”. Puis, d’une voix qu’elle voulait ferme, elle déclara :


— Je souhaite prendre la parole.


Un silence se fit. Tous les regards convergèrent vers elle.


— Un mal ancien s’éveille dans nos terres. Dans les bois proches de mon village, j’ai vu des choses inquiétantes. Les villageois tombent malades, certains errent comme des âmes en peine… Ce n’est pas naturel.


Elle marqua une pause, cherchant un signe de compréhension dans l’assemblée.


— Je demande votre aide. Nous devons agir, et vite, sinon—


— Safira, ma chère, l’interrompit doucement la doyenne, drapée dans une robe couleur d’ambre. Son sourire feint ajoutait une froideur à ses paroles. — Ces maux dont tu parles appartiennent au passé. Les accords tiennent toujours, et rien ne prouve ce que tu avances. Tu es probablement… fatiguée. L’Ordre ne souhaite pas t’accabler davantage.


Un murmure parcourut le cercle. Safira sentit le rouge lui monter aux joues.


— Mais je vous assure que—,


— Nous avons assez entendu, Safira, coupa une autre voix, plus sèche. — L’Ordre juge cela improbable. Peut-être as-tu laissé ton imagination déborder.


Avant qu’elle ne puisse répondre, un vent inattendu balaya la clairière. Les branches craquèrent, et une silhouette familière bondit au centre du cercle.


— GWAAAAEL ! s’écria Safira, horrifiée.


La fillette, échevelée et un brin de mousse dans les cheveux, pointa un doigt accusateur vers les doyens.


— C’est injuste ! Safira dit la vérité ! Je l’ai senti, moi aussi. Et puis, les esprits de pleine lune nous l’ont confirmé!


Un silence stupéfait s’abattit. Safira, figée, sentit son cœur osciller entre la terreur et une admiration secrète pour le courage insensé de Gwael.


— Qui es-tu pour interrompre nos Assises ? Et comment se fait-il que tu connaisses le rituel de pleine lune?" demanda un sorcier d’un ton glacial.


— Je m’appelle Gwael Gala. Et je suis apprentie de Safira ! proclama fièrement la fillette.


— APPRENTIE ? Le mot roula dans l’air comme un tonnerre. Tous les regards se braquèrent sur Safira.


— Elle n’est pas mon apprentie officielle, c’est… une invitée un peu… envahissante, bafouilla Safira, espérant disparaître sur-le-champ.


— Safira, reprit la doyenne, toujours souriante mais le ton glacial, nous comprenons ton envie d’aider. Apporter des histoires alarmistes sans fondement est hors de nos règles. Mais prendre une apprentie sans l’autorisation de l’Ordre est une violation grave de nos lois. Tu sais très bien que tu n’as ni l’âge ni l’expérience pour cela.


— Safira est la meilleure professeur du monde ! et vous êtes tous juste… juste… têtus comme des pierres ! s’indigna Gwael, les poings sur les hanches.


Les murmures redoublèrent, et Safira baissa les yeux, accablée.


— Retourne chez toi, Safira, déclara la doyenne d’une voix doucereuse mais implacable. Prends le temps de réfléchir à tout cela. Nous en reparlerons lorsque tu seras plus… lucide.


Safira se leva, tentant de garder sa dignité, tandis que Gwael fulminait.


— Vous êtes censés protéger les gens, mais vous restez là à ne rien faire ! Vous regretterez de ne pas l’avoir écoutée ! lança la fillette avant de lui emboîter le pas.


En quittant la clairière, Safira sentit son cœur s’alourdir, non pas tant à cause de la réprimande que du regard perdu de certains membres de l’assemblée. L’Ordre avait choisi de fermer les yeux. Tous ses espoirs s’étaient effondrés.


Chapitre 5


**le chant d'Ostara a été composé avec l'aide du ChatGPT vu que la poésie n'est pas ma tasse de thé (ni d'aucun autre breuvage d'ailleurs)

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Commentaires (2)

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Basty verif

Basty il y a 2 jours

Ouai :-) :-) :-) :-) :-) :-) :-) ;-)
Très très bon.
Appel à bravos !!!
Bravo Inna, encore :-)

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