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Chapitre 8/8 : L'hôpital

Chapitre 8/8 : L'hôpital

Publié le 31 déc. 2025 Mis à jour le 31 déc. 2025 Conte
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Chapitre 8/8 : L'hôpital



« Je crois qu’il se réveille, chuchota Hélène.

— Oui, chut ! » dit Michèle.


Le Vieux ouvrit un œil et regarda les quatre pantins qui étaient devant lui.

« Bonjour papa », articulèrent Patrick et Hélène en même temps.


Le Vieux ne répondit pas, ses yeux tombèrent sur le blanc du lit, le blanc de l’hôpital.


« Le médecin nous a prévenus qu’il vous avait hospitalisé… commença Bernard.

— Tu nous as fait une drôle de frousse, tu sais », continua Hélène.


Pas la moindre réaction. Ils se regardèrent et leurs yeux parlèrent pour eux.

« Qu’est-ce qu’il a ? Les infirmières avaient raison, depuis deux jours qu’il est ici, il n’a rien dit ! »

— Papa, tu te souviens, dimanche dernier, nous sommes venus de rendre visite avec les enfants.

— Même qu’ils ont dû repartir avec de vieux pulls à toi et que cela nous a fait rire.


Sourire forcé des quatre à la fois.

« Papa, reprit Hélène, les médecins nous ont affirmé que tu entendais et que tu te souvenais de tout.»


Le Vieux serrait sa main droite sous le drap.


« Tu es resté trois jours sans sortir de chez toi, puis dans la nuit de mercredi, un passant t’a vu, juché sur un tas de pierres, lançant quelque chose vers le ciel. Te souviens-tu ? »


Bien sûr que le Vieux se souvenait. Mais ils disaient n’importe quoi, ils ne savaient pas, eux. Quand il effeuilla le dernier pétale de sa Rose, il mit son cœur à nu, et il vit la graine prête à quitter la protection des enveloppes maternelles. La  Rose lui avait dit :

« Voilà, tu es revenu chez toi à présent et grâce à toi la graine enfant qui est en moi a pu grandir. Elle a toute mon énergie maintenant, elle est tout mon espoir. Pour qu’elle vive, tu dois la libérer de moi et la lâcher dans le ciel. Elle voyagera par-delà l’univers et se posera quelque part pour germer et donner une autre Rose des sables et un autre que toi la trouvera et tout recommencera. Ne pleure pas, je vais mourir, mais par moi renaîtra la vie. Et puis, la nuit, tu regarderas les étoiles. Tu ne sauras pas où je serai, mais chacune d’entre elles te rappellera notre voyage.»

Ainsi le Vieux détacha la graine, refoula ses larmes ; il ne fallait pas pleurer, non, puis il laissa la graine s’envoler au gré du vent et la perdit très vite des yeux, mais il savait qu’elle était en partance pour un long périple. Tout ce qui était arrivé après n’avait aucune importance.


Le Vieux serrait toujours sa main droite sous le drap.


« Il se fait tard, dit Patrick à l’oreille de Michèle.

— Oui, répondit-elle, la nuit tombe vraiment vite. »


Comme si le Vieux avait entendu cette dernière réflexion, il regarda le ciel à travers une fenêtre et vit les étoiles qui brillaient, qui brillaient. Il sourit et serra sa main droite encore plus fortement.


« Nous allons rester quelques jours à l’hôtel, le temps de vous faire sortir de là. Les enfants sont à la garde de ma mère, dit Michèle.

— Ca va aller mieux d’ici peu, papa, dit Hélène, se voulant rassurante.

— Je crois que vous manquez de compagnie. Vous devriez…


Bernard n’alla pas plus loin. Hélène venait de lui donner un coup de coude. Mais le Vieux regardait toujours les étoiles et demeura ainsi jusqu’au moment où ses enfants lui dirent au revoir et le laissèrent seul. Ils n’eurent pas même le respect d’attendre d’être sortis de l’hôpital pour dire ce qu’ils pensaient à voix haute.


« Il devient fou, ton père ! dit Bernard.

— Allons, reprit Hélène, il est fatigué, voilà tout.

— Mais nous n’allons pas venir toutes les semaines sous prétexte qu’il ne veut plus adresser la parole à personne, continua Bernard.

— Et puis, de toute façon, notre visite n’a pas l’air de l’avoir rendu plus bavard », ajouta Michèle.


Le Vieux sortit sa main droite de dessous les draps. Elle était toujours fermée et il la regardait comme il avait regardé les étoiles, avec le même sourire. Et, tout doucement afin de ne pas briser le charme, il ouvrit ses doigts et se mit à caresser délicatement la pierre de Lune qui avait apposé ses marques au creux de sa paume.


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