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Souvenirs d'une vie vagabonde 3

Souvenirs d'une vie vagabonde 3

Publié le 31 mai 2025 Mis à jour le 31 mai 2025 Biographie
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Souvenirs d'une vie vagabonde 3

3/ Rues et survie — L’apprentissage du bitume


À dix-sept ans, je dormais dehors. Une veste fine sur le dos. Parfois, une voiture laissée ouverte. Une fois, une 4L. Le moteur s’est mis en marche. J’ai fui, comme un chat, dans l’aube grise. Aujourd’hui encore, j’en ris. C’était une scène digne d’un film burlesque, où la peur et le ridicule se confondaient dans un éclat de jeunesse trop abîmée.

Je volais du sucre dans les cafés. C’était peut-être ça, l’origine de mon goût pour le sucré. Mais parfois, le sucre ne suffisait pas. Alors j’ai fait ce que font tant de jeunes perdus : je suis devenu un petit voyou. Je volais des autoradios. Je les revendais pour quelques billets, juste de quoi manger, de quoi tenir. C’était un système, une survie. Je ne volais pas pour m’enrichir, je volais pour respirer.


Je chauffais mes mains contre des poubelles métalliques, auxquelles je mettais le feu. Je souriais rarement, mais je gardais mes vêtements propres. Ma dignité était la seule chose que je refusais de vendre.


4/ Une main tendue — Et le permis pour demain


Une femme, un jour, devant une auto-école, m’a offert mon permis. Elle s’appelait Madame Roy. Je ne la connaissais pas, elle ne me devait rien. Mais ce jour-là, elle m’a regardé avec cette lucidité que seuls ont ceux qui ont connu la dureté de la vie. Elle m’a tendu la main. Elle a payé mon inscription, mes leçons, tout. Grâce à elle, j’ai eu mon permis. Et grâce à ce permis, j’ai pu travailler.


Elle m’a embauché elle-même. Elle possédait un magasin d’électroménager. Je suis devenu son livreur. Je livrais des machines à laver, des réfrigérateurs, des cuisinières. Dans les cités, souvent, les ascenseurs ne fonctionnaient pas. Je portais les machines sur mon dos, sanglées comme des fardeaux de survie, et je montais, parfois jusqu’au 20e étage. C’est à cette époque que je suis devenu très fort. Je me décrivais moi-même comme une bête de somme. Mon dos pliait mais ne rompait pas, mes bras gonflaient sous l’effort quotidien. J’étais taillé dans la nécessité, sculpté par la sueur.

Je croisais des jeunes dans les halls. Je leur demandais : « Pourquoi vous cassez les ascenseurs ? Vous savez que ce sont vos mères qui montent les courses ensuite ? » Certains me regardaient de travers, d’autres hochaient la tête. Je ne sais pas si mes paroles laissaient une trace, mais je les disais quand même. Parce que j’avais vu, moi, ce que c’était, une mère qui monte ses sacs à bout de bras, le souffle court et les jambes lourdes.


Après Madame Roy, j’ai eu d’autres employeurs. Tous étaient satisfaits de moi. J’étais rapide, efficace, travailleur. J’allais plus vite que les autres, plus fort, plus longtemps. Mais j’avais un caractère bien trempé. Un tempérament de feu. Bagarreur, parfois impulsif, je ne supportais ni l’injustice, ni qu’on me parle mal. Et cela m’a desservi plus d’une fois. J’ai quitté des postes sur des coups de tête, je me suis disputé avec des patrons, des collègues. Je ne me laissais jamais marcher dessus.


Et puis, il y avait mes fréquentations. Dans ce milieu rude où je grandissais, je traînais avec des types pas toujours très fréquentables. Des voyous, des vrais. Parmi eux, Jean-Louis Fargette. Le nom dit tout, à Toulon. Mais moi, je voyais en lui autre chose qu’un voyou : un homme avec des valeurs, une loyauté rare. J’ai travaillé quelques fois avec lui. Rien d’officiel, rien de régulier. Mais il m’a respecté. Et ça, je ne l’ai jamais oublié.

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