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Chapitre 10 : Flocons et cotillons

Chapitre 10 : Flocons et cotillons

Publié le 22 juil. 2024 Mis à jour le 12 nov. 2024 Biographie
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Chapitre 10 : Flocons et cotillons

Juliette fait donc sa rentrée au lycée professionnel de Guérande, en septembre, dans un univers totalement neuf. Elle va enfin pouvoir réinventer sa vie, effacer son passé et devenir une Juliette toute neuve. Elle se sent rapidement comme un poisson dans l’eau, presque libérée de sa pesanteur. Toujours un point lumineux à fixer lors de ses nuits grises, toujours une respiration pour alléger la dureté de son propre silence, ou un ronflement, un gémissement pour repousser les monstres du placard. 

La plupart des filles de sa classe sont externes, elles sont juste quatre, à demeure. Elle se lie instantanément avec sa voisine de « box », Lise. Elles passent tout leur temps ensemble, mais Juliette se rend compte que derrière son visage poupin, Lise nourrit des sentiments amers de jalousie envers celle que l’on surnomme désormais, Pulp Fiction ou Mia Wallace. Il faut dire que, si les surnoms dont l’affublent les garçons sont plutôt flatteurs (c’est une très belle femme Uma Thurman.) celui qu’ils réservent à Lise est nettement moins agréable : tête de lémurien. Elle se rapproche ainsi des deux autres internes de première année, Elsa et Clémentine, couple lesbien en devenir. 

Juliette, elle, un brin indépendant n’est pas toujours agglutiné à ses copines, qui ne s’entendent pas entre elles, d’ailleurs. Elle navigue entre le binôme Clémentine-Elsa et l’esseulée Lise, ou se la joue solitaire. Elsa et Clémentine de leurs côtés traînent avec un groupe d’élèves plus âgés, des bacs Pro… Au centre de ce microcosme, un dénommé Gaël, « Le beau gosse du lycée », les cheveux bruns, mi-longs, les yeux d’un bleu azur fulgurant et un sourire à faire glisser les bretelles de soutien-gorge sur les clavicules des demoiselles. 

Mais son assurance apparente, hérisse Juliette, dès la seconde où son regard la frôle. Braquée, sans vraiment savoir pourquoi finalement, elle l’évite instinctivement. Quand, par la force des choses, ils se trouvent au même endroit, à la cafét’ ou au self, elle darde son regard noir sur lui, comme pour lui signifier qu’elle ne sera jamais l’une de ses courtisanes. Il fréquente depuis longtemps une certaine Marine, occupant un lit près de la fenêtre du même box que Juliette, une fille somme toute relativement insipide. Souvent, lorsqu’elle déambule dans le lycée, elle ressent son regard, qui se pose sur elle, qui l’effleure sans insistance, comme un sourire à distance. Mais elle refuse tout contact visuel à ce type qui l’agace sans même ouvrir la bouche. 

Elle est amie avec un de ses potes de dortoir, Guillaume, avec qui elle faisait tous les trajets en stop de la gare de la Baule au Lycée, puisque le réseau de bus était inexistant. Il parle de Gaël de temps en temps, comme d’un Don Juan sûr de son charme et de Marine comme d’une triste « dinde » énamourée. Cela fait bien rire Juliette, qui a toujours eu tendance à se moquer des amoureux transis. 

De son côté, Juliette se met à « sortir » avec un certain Kylian, élève en mécanique, habitant un quartier friqué de Pornichet, carrure de rugbyman, brun, les yeux verts, très mignon. Fin novembre, il invite Juliette, à passer le week-end chez lui, et essaye bien sûr de coucher avec elle. 

Le premier soir, elle refuse, tout net, il boude toute la soirée, comme un gamin capricieux. 

Le lendemain, lorsqu’elle est sous la douche, le fourbe fait disparaître le paquet de cigarettes de Juliette, grosse fumeuse, malgré son âge encore tendre, puis, mielleux, lui offre ce qu’elle prend tout d’abord pour une modeste roulée. Le goût est étrange, inhabituel, mais il lui assure avec candeur que c’est le tabac qui a ce goût. 

Elle, qui n’en fume jamais, ne se méfie pas. 

Mais sa tête tourne comme prise dans un manège, elle s’alanguit, il s’allonge près, puis sur elle, comateuse et finit par la prendre, comme un salaud. Juliette ne sent rien, à part la nausée qui monte et ce mal de crâne qui fait valser le monde tout autour. Quand elle reprend ses esprits, elle boucle sa valise, et le plante sur place. Elle dormira chez Lise, pour ne pas avoir à rentrer chez ses parents et pouvoir reprendre le chemin du lycée le lendemain, comme si de rien n’était. Ne pas se laisser aller à pleurer, à se lamenter. 

C’était sa faute, pauvre naïve, triste idiote, l’histoire se répétait. Encore un épisode qu’il faudra taire à jamais pour ne pas avoir l’air ridicule de s’être fait berner comme la cruche qu’elle avait été. À Lise, elle mentira, comme à chaque personne qui parlera de lui. Aux crayons, elle redessine ses traits, plus rien n’y parait. Pourtant, rien ne réchauffe son corps glacé de l’intérieur. Les heures s’étiolent, glissent lentement sur le cadran en cette fin de week-end gris et humide puis en ce sinistre lundi. 

Juliette ne peut laisser passer l’outrage ; le soir venu, elle le coince sous le porche. Des mots sales, violents jaillissent de la bouche de Juliette qui se hisse sur la pointe des pieds pour le gifler à la volée puis tourner les talons rapidement avant qu’il n’ait le temps de réaliser, au cas où il prendrait l’envie de riposter. Elle traverse la cour furieuse, avec un besoin vital d’air, de vent et de solitude. En quelques enjambées, elle sème la cacophonie ambiante et se laisse envahir par la mélodie des bourrasques de l’au

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