André Aliker, martyr de la justice : son héritage indélébile en Martinique
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André Aliker, martyr de la justice : son héritage indélébile en Martinique
Au cœur de la Martinique du début du XXème siècle, dans la commune du Lamentin, venait au monde une personnalité audacieuse qui allait façonner le destin de l'île et laisser une empreinte indélébile dans son histoire. André Aliker, né le 10 février 1894, ne se contentait pas d'être un simple individu ; il était le reflet vibrant d'une époque en mutation, un commerçant, journaliste et militant communiste hors du commun.
Des racines familiales singulières
Ses racines familiales, entrelacées dans une époque où les distinctions raciales étaient strictes, lui donnaient une profondeur unique. Sa mère, la résolue et intrépide Louise Anne Aliker, surnommée « Fanfanm », afro-descendante, ne pliait devant personne. Son père, Ernest Monconduit, homme blanc et comptable de profession, forma avec elle un foyer qui bravait les conventions de leur temps. Au sein de cette famille, l'unité était une force.
Journalisme audacieux et lutte pour la justice
Évoquer André Aliker, c'est parler de quelqu'un dont le caractère téméraire s'est nourri de l'héritage de sa mère. Ses prouesses et sa ténacité au sein de l'armée révélèrent un homme remarquable. De retour en Martinique, il embrassa le monde du commerce avant de plonger tête première dans le journalisme. Sa passion ardente pour la justice le mena à fonder son propre journal, sobrement intitulé « Justice », un mot puissant en lui-même, laissant transparaître sa détermination à éveiller les consciences et à provoquer le changement.
Au travers de ses écrits, André Aliker n'hésita pas à mettre en lumière les défaillances qui gangrenaient l'île sur les plans social, économique et politique. Avec une plume incisive, il fit face à l'injustice, donnant une voix aux opprimés. Sa cible la plus éminente fut Eugène Aubéry, riche béké accusé d'une fraude fiscale massive et de corruption de magistrats. André Aliker ne recula pas, exposant la vérité avec courage.
Dans un monde où la corruption pouvait acheter le silence, André Aliker demeura intraitable. Lorsqu'on tenta d'étouffer sa voix avec des offres financières alléchantes, il rejeta tout compromis. La fierté de se regarder en face l'emporta sur les tentations. Cependant, la lutte d'André Aliker lui attira des représailles violentes. Battu en pleine rue, enlevé et jeté en mer, sa force de nageur lui offrit un salut inespéré. Avec une clairvoyance troublante, il attribua ces attaques à Eugène Aubéry.
Tragédie et héritage d'André Aliker
Mais le destin tragique d'André Aliker ne s'arrêta pas là. Le 12 janvier 1934, son corps meurtri fut retrouvé sur les rivages de Fond-Bourlet à Case-Pilote. Les marques de torture témoignaient du prix qu'il paya pour son combat pour la justice. Son assassinat suscita des manifestations en Martinique et bien au-delà.
De nos jours, la vérité demeure dissimulée, son assassinat impuni, un pincement au cœur pour tous ceux qui comprennent l'héritage qu'il laisse derrière lui. Cette pépite martiniquaise, mérite la gratitude et le respect, un homme qui a transcendé son époque pour éclairer la nôtre.
Mèsi anpil, mèsi anchay Misié André Aliker, pour votre contribution inestimable à la culture martiniquaise.
Fait amusant : Sur sa tombe, on peut lire l'inscription : « Ils n'ont pas pu me corrompre, ils m'ont assassiné. », comme un pied de nez à ses bourreaux.