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La pandémie et moi

La pandémie et moi

Publié le 19 juil. 2022 Mis à jour le 28 juil. 2022 Bien-être
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La pandémie et moi

J'avais l'impression de vivre dans un monde à part, sortir était devenu mon privilège

Dehors, quand je sortais travailler, je sentais le poids de l'absence humaine

Je devais continuer de faire ce que je faisais avant, avec de nouvelles mesures d'hygyènes drastiques

Mon seul but, faire tout mon possible pour ne pas transmettre un virus invisible à des êtres sans défenses

Chaque jour sans transmissions était une nouvelle victoire contre ce poison venu nous envahir

Je n'avais pas spécialement peur, mais je trouvais étrange cette nouvelle manière de vivre

Je me mettais une pression énorme pour faire la maîtresse à mes enfants après des journées harassantes

je voulais qu'ils puissent sortir rapidement après être restés enfermés autant de temps comme des lions en cage

C'était surtout pour eux que je me sentais inquiète, leur demander de vivre comme ça, me paraissait insensé

Ce qui m'asphyxiait le plus, c'était ma nouvelle muselière à porter H24, je me sentais emprisonnée

Les visages camouflés, nous avions une autre barrière de communication à gérer

Je trouvais tellement contraignant d'être complétement en décalé avec ma famille, plus encore qu'avant

Moi seule pouvais sortir toute la journée, alors je voulais les soulager et gérer le maximum de corvées en rentrant

Etre femme au foyer, maîtresse, femme attentionnée, alors que j'aurais voulu souffler dès mon retour

Tout ce qu'ils vivaient m'était inconnu, j'étais dans une galaxie dont ils ne pouvaient faire partie

J'aurais vraiment voulu partager leur univers mais je devais remplir ma mission quoi qu'il arrive

Je devais rester concentrée, ne pas me laisser distraire par des angoisses qui n'étaient pas les miennes

Pour moi, tout était clair, je faisais confaince à la médecine, même si j'ai eu des doutes, des craintes

J'espérais que cesse toute cette mascarade, que ce soit un mauvais rêve derrière nous

Par moment, je doutais que ce soit possible, que cela allait mal tourner avec toutes ces infos affolantes

Puis j'ai arrêté d'écouter ces informations stressantes, je me suis créee une autre sphère après le travail

J'ai repris la plume et j'ai écrit ma peine à la mort d'une patiente, cette douleur dont on ne parle pas assez

C'est pourtant une réalité en tant que soignant, au quotidien nous devons accepter, accompagner

Mais a t-on le droit de souffir avec eux? A t-on le droit de dire que c'est douloureux

A chaque décès, je me surpends par mes réactions, je cogite, j'analyse la situation, je me repasse le film

Je tente de comprendre ce qui se joue dans la relation au patient en faisant tout mon possible pour ne pas me dévoiler

Je me retrouve souvent dans une position délicate dans laquelle je me sens fragile, cela peut parfois m'affecter,

Derrière notre volonté sans failles à soutenir, soigner, protéger, se cache, un désir inconscient, celui de vouloir sauver

Tant cela me bouscule, je mets des remparts en place pour lutter contre ses assauts imprévisibles

Malgré mes efforts, à chaque fois, j'ai toujours le sentiment de perdre la lutte, notre combat

Je réalisais différemment à ce moment de ma vie, la chance que j'avais de pouvoir vivre

Il y a tant d'âmes qui quittent ce monde sans avoir goûté assez à sa beauté

J'ai repris le crayon, dessiné des visages, peint une danseuse, des animaux, les ai offerts à des amis chers

J'ai commencé un voyage intérieur, décidé de me rapprocher un peu plus de mes désirs profonds

Dans ce moment où rodait l'esprit de la mort , j'ai pris d'autant plus conscience de mon besoin de m'ouvrir plus intensément à la vie

Oui, il viendrait bien un jour où je m'envolerai à mon tour, alors, à cet instant, aurais-je vraiment vécu?

Que laisserais-je de moi sur Gaya?

S'imposa alors à moi régulièrement par l'écriture un déferlement irrépressible de pensées que je livrais telle une histoire, ma vérité

Dans cette période sombre qui ne pésagait rien de bon, je commençais, sans le savoir ma métamorphose, vers le destin qu'un ange m'avait réservé.

Agnès

17.07.22

 

 

 

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