

La cité perchée d'Ojexia - Partie 6 -
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La cité perchée d'Ojexia - Partie 6 -
Les décisions
30 Arel, Année du Noroît,
Comme après chaque changement radical, il faut réinstaurer un contrôle sur la population.
Florentin et moi-même avons ce matin été conviés à la Réunion du Conseil provisoire d’Ojexia. L’assemblée s’est tenue au cœur du village, au premier étage de l’ancienne tour de garde. L’entrée du bâtiment était encerclée de soldats armés jusqu’aux dents et, n’étant qu’une paire de chercheurs anonymes, il a fallu que Luc Le bras droit du Maître du Roch vienne nous identifier pour que l’on nous laisse finalement entrer.
Une fois tous réunis dans la salle, nous prîmes place autour de la grande table dressée pour l’occasion. Le brouhaha incessant des discussions de ces hommes aurait presque pu me donner la migraine, d’autant plus qu’aucune d’elle ne portait réellement sur les raisons de ce sommet ! ainsi, l’entrée, le vin et le plat principal se suivirent rapidement sur le fond sonore de ces « blablas » superficiels.
Quand on nous apporta enfin le plateau de pates de fruit en guise de dessert, je n’en pouvais plus d’entendre mes confrères échanger de la pluie et du beau temps, je me suis alors levée brusquement, sous le regard dérangé de tous ces grands hommes.
Je les ai implorés de cesser d’éluder les questions primordiales qu’au fond nous nous posions tous, je leur ai rappelé que nous avions beaucoup à faire et que notre coup d’état n’était, en cet instant, pas la garantie d’une emprise durable sur la cité d’Ojexia.
Ils me dévisagèrent silencieusement, Florentin a bien essayé de soutenir mes propos mais en vain, ils ne nous prêtèrent pas la moindre attention et après nous avoir dévisagé avec dédain, ils sont retournés à leurs futiles dialogues.
Quelle perte de temps.
Florentin et moi sommes rentrés à l’auberge en début d’après-midi et j’étais si frustrée par le déroulement de ce déjeuner qu’il eut malheureusement l’occasion d’en faire les frais.
Quand pour plaisanter et pour briser le silence tendu qui nous accompagnait depuis la sortie de la tour il m’a dit que « Notre condition ne nous permettra toujours de n’être que de simples spectateurs qui font mumuse avec les bêbêtes », j’ai vu rouge, j’étais dans une rage folle !
"Assez, assez ! Pourquoi le monde ne veut-il pas me prendre au sérieux ?!" Lui ai-je hurlé.
Il est devenu tout pâle, s'est excusé puis il a quitté notre chambre.
J’ai profité de son absence pour me calmer et pour me reposer, il est clair que ces derniers jours à mal dormir ne m’aidaient pas à garder mon calme.
Quand le soir commençait à tomber, il est revenu en trombe, ouvrant la porte en la faisant s'écraser contre le mur dans un claquement sec. Je l'ai maudit.
Mais pas longtemps, il revenait avec des nouvelles, et de bonnes !
Il m'a montré deux bouts de papiers signés et tamponnés du sceau du Clan Rochemand.
Des papiers d’identité officiels ! Je n’en avais jamais eu et lui non plus d’ailleurs. Nous appartenions officiellement à notre Clan et étions officiellement reconnus en tant que citoyens résidants d’Ojexia.
J'avais les yeux pleins de larmes, depuis le temps que j'attendais ça ! La reconnaissance, enfin.
On nous avait tout choisit et tout assigné d’office. Florentin qui était plutôt fort s’occuperait avec d’autres de la réhabilitation du village, ce qui était une sage décision au vu de l’état les ruines qu’habitaient les Ojexiens. Par chance, il a aussi pu obtenir une autorisation pour continuer à étudier la faune locale en activité secondaire !
De mon côté, étant trop frêle pour participer aux chantiers, je garde mon emploi principal de chercheuse en Zoologie Surnaturelle et suis affectée en priorité à la région que nous occupons actuellement : la région des Monts d’Ocre.
Comme cela avait été convenu dans la dernière lettre que nous avions reçu de la part du Maître, nous toucherons une indemnisation pour la perte de nos camarades et nous partagerons tous les deux leur dernier salaire.
Ce clan décide de tout quand ils vous adoptent, même nos noms seront légèrement modifiés : Lucile deviendra « Lucie » et Florentin « Florent ». Des choix qui nous ont fait quelque peu grimacer mais qui seront appliqués pour des raisons de « facilité » d’après les documents qui nous ont été remis.
Ainsi, évoquant cette même raison, nous partagerons le même nom de famille : « Primojexia ». Bon, ils m’appelleront comme ils le souhaitent si cela leur semble « civilement plus correct ».
Pour ma part, je garderai dans mon cœur le nom que m’ont laissé mes parents.
Lucile Mossant

