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Chapitre 3 - Roi de Trèfle

Chapitre 3 - Roi de Trèfle

Publié le 13 août 2024 Mis à jour le 13 août 2024 Aventure
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Chapitre 3 - Roi de Trèfle

Source Pinterest

Je l'ai construit de mes propres mains,

Couche par couche, j'ai tenté ma chance,

Mais la fondation était toujours faible,

Et maintenant, je crains que l'avenir ne soit sombre.

 

C’est une blague… Une putain de blague. Sans perdre de temps, je me mets à courir en direction de l’hôtel. Sur le chemin, je croise une personne à vélo, je la dégage et monte en selle pour aller plus vite sous les hurlements de son propriétaire. C’est qu’un vélo, ça se rachète. Je pédale à tout vitesse sans me préoccuper de mon état physique. Je transpire à grosses gouttes, mon rythme cardiaque bat des records, mes muscles commencent à s’affaiblir, des crampes débarquent. Mais je m’en fous, y' a plus important actuellement. En arrivant dans la rue où se situe l’hôtel, les gendarmes et les secours sont déjà arrivés. Je descends du vélo et le jette au sol pour me diriger en courant vers le bâtiment.

Avant qu’un d’entre eux ne m’empêchent d’avancer plus, je lesur informe que je connais la victime. Au même moment, Teru sort de l’hôtel, le visage rougit par les larmes, le gendarme continue de me bloquer la route.

— Vous avez pas compris quoi dans ma putain de phrase ? m’énervé-je.

Teru tourne la tête vers moi, il s’avance vers nous et informe le gendarme que je suis son ami. Je lance un sourire moqueur au gendarme avant de prendre Teru par le bras, avant qu’on ne s’éloigne, on entend la radio d’une voiture de flic annoncer qu’il faut une équipe rapidement. Quand on entend l’adresse énoncée, Teru et moi on se regarde.

— Double… commence t-il

— Meurtre. 

A ce moment, je ressens comme un coup de poing violent dans l’estomac, je me plie en deux en y portant ma main, puis c’est une migraine qui commence à s’installer. Teru tente de me rattraper mais je termine agenouillé au sol. Un marteau-piqueur en pleine tête et une douleur innommable à l’intérieur de mon corps.

— Noah ! Qu’est-ce qu’il t’arrive ? panique Teru. 

— Ce fils de pute… dis-je difficilement.

— De qui tu parles ?

Plus les secondes passent, plus la douleur s’intensifie. Je me mords les lèvres à sang pour éviter d’émettre le moindre son. Puis c’est le black-out total, je sens juste mon corps entrer en contact avec le béton.   

En ouvrant les yeux, je découvre que je suis dans ma chambre. Un verre d’eau et un doliprane sont posés sur ma table de chevet. Je me redresse difficilement et me passe une main sur le visage. 

— Putain de cauchemar, chuchoté-je. 

J’ai du mal à me lever du lit mais une fois que j’y suis arrivé, j’enfile un jogging et pars dans la salle de bains me mettre de l’eau sur le visage. En relevant la tête vers le miroir, mon souffle se coupe. 

— Toi, soufflé-je.

Le reflet qui est projeté sur la vitre arbore un sourire malsain, mon regard n’arrive pas à se détacher. Mon rythme cardiaque augmente rapidement. 

— Putain Noah… 

Je sursaute en me portant la main sur le cœur en voyant Teru, les yeux sur le miroir.

— Désolé, j'aurais dû prévenir ! dit-il en se frottant la nuque.

— Sans blague ! 

Je sors de la salle de bain en ronchonnant puis je descends dans la cuisine pour me faire couler un café. Teru vient se poster devant moi.

— Quoi ? demandé-je.

— Bien dormi ?

— Putain de cauchemar… 

— Lequel ? demande-t-il en posant ses coudes sur le bar.

— On devait aller à la soirée d’une Blackrose j’sais plus quoi car on pensait que c’était la prochaine victime, ta meuf nous y a emmené et au final, les deux ont claqué.

Sans rien me dire, il se lève, récupère la télécommande et allume la télévision. Je récupère ma tasse de café quand j’entends le journaliste parler : 

“Hier soir, aux alentours de 23 heures, le corps d’une jeune fille a été retrouvé à l’hôtel par son compagnon. Dans la même soirée, une autre victime a été découverte dans un champ. De ce que nous savons, la première victime s’appelait Léa, elle avait 22 ans et la seconde s’appelait Rina, elle avait 20 ans”

— C’était pas un cauchemar, m’étonné-je.

 

Partie 1

Ce n’était donc pas un cauchemar… Je pose ma tasse sur la table basse et me laisse tomber sur le canapé, assommé par la nouvelle. 

— Comment ? Qu’est-ce qu’on a foutu pour merder ? 

— Qu’est-ce que j’en sais ? dit Teru en s’adossant contre le canapé en croisant les bras. 

— On avait toutes les car…

Je ne finis pas ma phrase en me rappelant de la carte qui est sortie : le Joker. Cette putain de carte.

Le Joker est sans doute un descendant de la carte de tarot appelée le Fou. Si on obtient cette carte à l’envers lors du tirage de tarot, cela peut signifier, entre autres, qu’un danger est possible. De toute mon existence, cette carte n'est sortie que deux fois. Le jour de sa mort et hier soir. 

— La date d’hier ? demandé-je perdu dans mes pensées.

— 15 mars. 

Je ferme les yeux en entendant sa réponse. Ça ne peut pas être une coïncidence. En tout cas, pas à mes yeux. Je m’excuse auprès de Teru puis je remonte dans ma chambre et je m’enferme dans la salle de bain pour me placer ensuite face au miroir. 

— C’était toi ? soufflé-je

— Que puis-je faire dans un monde qui n’est plus le mien ? 

— Tout. Tu peux tout faire Nolan. 

Mon jumeau se met à faire ce sourire qui m’a toujours terrorisé enfant. Ce putain de sourire malsain où tu pouvais lire toutes les horreurs qu’il aurait été capable de faire. Notre mère ayant été sa première victime ou comme il disait toujours “un dommage collatéral”, car la première personne qu’il visait, c’était moi.

— Noah, le jour où tu m’as poignardé, qu’est-ce que je t’ai dit ? me demande-t-il en faisant mine de réfléchir. 

— Avoir les Rois ne fera pas de toi un As. À chaque pique que ton cœur recevra, tu resteras sur le carreau, répétai-je sans le quitter des yeux.

— Combien de coups m’as-tu donné ? 

— 54.

— Le nombre d’un jeu de cartes, mais tu n’as pas compté les Joker, sourit-il, combien de filles ont été retrouvées ? 

— Six…

Je commence à comprendre où il veut en venir. Mes yeux s’écarquillent, mon rythme cardiaque s’accélère. Avant que je ne puisse ajouter autre chose, mon reflet redevient normal. Je fonce dans le salon en faisant sursauter Teru. Mes yeux se posent ensuite sur la coupure de journal qu'il tient entre les mains. Il lève les yeux vers moi en me montrant le bout de papier. Je le saisis, mon cœur rate un battement, mes mains se mettent à trembler. 

— C'est pas vrai...

 

Partie 2

15 mars 2009

Une femme et son enfant ont été retrouvés morts chez eux. D’après les premières constatations, la mère aurait reçu un coup de couteau en plein cœur alors que son enfant en aurait reçu une cinquantaine. D’après la police, cette famille était composée de la mère et de deux enfants. Elle est donc à la recherche du deuxième enfant.

 

Je ne lui ai jamais parlé de mon frère jumeau, ni même de mon passé en fait. Face à mon mutisme soudain, Teru se lève et se met devant moi.

— Où as-tu trouvé ça ? demandé-je

— C’était dans la boîte aux lettres. 

J’ai toujours aimé tout contrôler dans ma vie, que tout se passe comme je veux. Mais là, c’est tout le contraire, tout m’échappe. Je ne contrôle rien. 

— Tu connaissais cette famille ? demande t-il

— Pas du tout, dis-je en allant jeter l’article à la poubelle, sûrement un con qui a voulu faire une blague. 

— Bon, je rentre, je dois aider la famille de Léa à…

Il s’arrête de parler soudainement, les émotions viennent l’envahir et je vois des larmes couler sur ses joues. Je ne sais jamais quoi dire dans ce genre de moments alors je préfère rester silencieux. Il racle sa gorge pour tenter de retenir les prochaines larmes puis me souhaite une bonne journée. 

Une fois partit, j’attrape mon ordinateur portable qui est sur le bar et je pars m’asseoir sur le canapé. 

— Si tu comptes jouer, on va jouer, chuchoté-je.

Je secoue sèchement ma main afin qu’une carte apparaisse entre mes doigts : Roi de Trèfles. Je la regarde attentivement en calculant toutes les possibilités que m’offre cette carte. Le trèfle est connu pour être le symbole de la chance s’il est composé de quatres feuilles. Mais il peut également rompre un sortilège ou le renvoyer à son envoyeur. 

— C’est pas un sortilège que j’ai sur le dos, c’est une putain de malédiction ! soufflé-je. 

 

Le soir venu, je décide de sortir prendre l’air, je n’ai pas pris la peine de prendre des nouvelles de Teru dans la journée pensant que s’il veut parler, il m'appellera. J’entres dans un bar peu fréquenté et m’installe à une table en retrait. On vient prendre ma commande pendant que je jongle avec la carte du roi de trèfles entre mes doigts. 

Même mort, cet enfoiré est une putain de menace. Il peut agir quand et où il veut. 

Le truc qui me dérange c’est comment a-t-il pu s’y prendre ? Est-ce qu’il contrôle le corps des gens ? S’est-il manifesté face à eux ? 

Mon téléphone se met à vibrer, je le sors de ma poche et regarde la notification qui s’affiche à l’écran. Je soupire avant de le poser sur la table. Je ne risque pas de revoir Teru de si tôt avec cette histoire. 

— Tu joues aux cartes ? demande une petite voix derrière mon dos.

Je me retourne rapidement et je me retrouve face à un visage angélique. C’est le mot. Je secoue la tête puis je me mets à détailler la personne en face de moi. Une jeune fille d’une vingtaine d’années, les cheveux longs et noirs attachés en queue de cheval haute, elle porte la tenue vestimentaire des employés du bar. Ses yeux me transpercent littéralement par leur couleur verte, ses lèvres sont finement rosées. 

— Allô y' a quelqu’un ? dit-elle en secouant la main devant moi.

— Je t’entends, dis-je en me remettant face à ma table.

—  Désolée de t’avoir surpris ! 

— J’ai pas été surpris. 

— Le patron m’a demandé de prévenir les clients que l’on doit fermer plus tôt ce soir.

— Pas de soucis, dis-je en me levant.

Je sors un billet et le pose sur la table sans croiser son regard. Au moment où va me rendre la monnaie, je l’arrête.

— Ça te paiera un jeu de cartes, nargué-je avant de quitter les lieux.

 

Une fois dehors, j’entends la porte du bar s’ouvrir et des pas s’approchent de moi assez rapidement. Je me retourne tout de suite et me retrouve de nouveau nez à nez avec ce gnome. 

Elle a deux têtes de moins que moi. 

— C’est gentil pour les pourboires, mais j’ai déjà un jeu en vérité, dit-elle en souriant. 

— Cool, bonne soirée. 

Elle attrape mon poignet, je ferme les yeux quelques secondes pour garder mon calme puis je me tourne encore une fois face à elle.

— La seule particularité de ton jeu, c’est qu’il provient des Ténèbres, affirme t-elle.

Comment peut-elle le savoir, aucun humain n’est capable de détecter l’aura de ces cartes ! Elle sort d’où ? Sur quoi suis-je encore tombé ?

— Je m’appelle Rhéa ! dit-elle en me tendant sa main.

— Oh putain… Bonne soirée ! dis-je en reprenant le chemin de mon appartement.

J’entends ses petits pieds trotter derrière moi, elle arrive à mon niveau puis accélère légèrement pour se mettre devant moi.

— Vire, dis-je calmement.

— Écoutes, je sais que ça peut te paraître étrange mais il faut que tu me crois !

— Bonne nuit ! renchéris-je en reprenant la marche.

— Attends ! dit-elle en se cramponnant à mon bras. 

Je continue de marcher pendant qu’elle ne lâche pas prise, ses pieds glissent sur le sol. Je l’entends jurer comme un charretier.

Je m’arrête subitement ce qui lui fait perdre l’équilibre. Je pose mes mains sur ses épaules afin qu’elle ne tombe pas en avant. 

— Je peux t’aider à arrêter tout ça, annonce-t-elle. 

 

Partie 3

— Nope, dis-je

— Le 15 mars 2009, une mère et un de ses fils ont été retrou…

—Tais-toi. 

Comment peut-elle être au courant ? Pourquoi a-t-elle commencé à m’en parler ? Je n’aime pas la tournure de cette rencontre, vraiment pas. Cette fois-ci je décide de partir pour de bon sans l’écouter m’interpeller. C’en est trop. 

 

Une fois arrivé chez moi, je décide de prendre une douche brûlante. Je me déshabille à la hâte et fais couler l’eau avant de me mettre sous le jet. Je sens la chaleur se propager sur mon corps, ça me brûle, je m’en mords les lèvres. 

J’ai perdu l’habitude depuis que j’ai rejoint le monde des vivants. Mes pensées se tournent soudainement sur cette fille. Je ne sais pas d’où elle sort, je ne comprends pas comment elle peut voir l’aura de mes cartes ni même savoir qu’elles proviennent des ténèbres. Ce qui est sûr, c’est que je ne veux plus la croiser. Ce problème, je le règlerai seul. 

Une fois détendu, je sors de la douche et enfile un jogging avant d’aller me poser sur mon canapé. J’allume la télévision afin de regarder les infos. Mon cœur rate un battement.

 

“C’est un véritable massacre auquel ont assisté les forces de l’ordre. Cinq personnes ont été retrouvées égorgées.”

 

La maison des parents de Léa. Je saisis rapidement mon téléphone et tente de joindre Teru. Je tombe directement sur sa messagerie. Mon intuition me dit qu’il fait partie des victimes, si c’est le cas, la guerre est vraiment déclarée. 

J’entends un rire qui résonne à l’étage, je me précipite dans la chambre et découvre Nolan, assis sur mon lit. 

— Et bien, c’était excitant de les voir me supplier de ne pas les tuer, rit-il.

Je garde mon calme et affiche un visage vierge de toute émotion. Je croise mes bras sans le quitter du regard. 

— C’est quoi la prochaine étape ? demandé-je.

— Je pense que tu t’en doute, non ? 

Je pense tout de suite à cette fille que j’ai rencontrée. S’il ose la toucher, je me fiche d’être dans le monde des vivants, je ferai, à mon tour, un massacre. 

— Pourquoi fais-tu cela ? finis-je par demander.

— Oh, pour m’amuser, répond-t-il en se levant. 

Il vient se placer face à moi, à quelques centimètres. Il porte une de ses mains vers mon visage afin de dégager mes cheveux en arrière.

— Tu m’as manqué petit frère. 

— Content de le savoir, rétorqué-je.

— Voyons voir qui remportera cette partie.

Il se met à rire avant de disparaître. Je secoue ma main afin de faire apparaître une carte, l’As de Pique est de sortie. Un sourire se dessine sur mon visage, j’ai toujours apprécié les Rois, mais les As ont tout de même une place importante de par leur puissance. Mais pour l’instant et contre mon gré, j’ai une fille à sauver. 

J’enfile un t-shirt ainsi qu’un sweat, je récupère également une sucette dans mon bocal à bonbons puis je quitte mon appartement. Avant même de sortir de l’immeuble, une silhouette me rentre dedans.

— Toi !? m’étonné-je

— Je ne me suis pas trompé d’immeuble ! lâche Rhéa rassurée. 

— Comm…

— Tu as tes secrets, j’ai les miens ! 

Elle vient de me fermer le clapet, je la regarde en arquant un sourcil. Sait-elle au moins à qui elle a affaire ? J’en doute. 

— Acceptes-tu mon aide ? demande-t-elle en souriant.

Un certain organe situé à gauche de ma poitrine se met soudainement à battre un peu plus vite que d’habitude. Quand elle pose une main sur mon épaule, je sens mes joues chauffer. Je me dépêche de la retirer.

— T’es pire que têtue, soufflé-je.

— On est deux !

— Je ne le suis pas !

— Non, c’est vrai, tu es borné, avoue t-elle

Le pourcentage de mon envie de la tuer dès maintenant approche les 90%, si elle continue, je lui fais bouffer le sol. 

— Ton frère jumeau est en train de foutre la pagaille, affirme-t-elle.

— D’où…

— Secret.

— Je vais te les faire bouffer tes putains de secrets, dis-je en souriant.

— Promis, je te dirai tout quand tu accepteras mon aide, renchérit-elle

Je prends un temps de réflexion. Si elle fait équipe avec moi, elle devrait être moins exposée au danger vu que j’aurai un œil sur elle. Mais je déteste avoir la vie de quelqu’un entre mes mains. Ma vie de solitaire me convient, gérer cette affaire seul reste ma préférence mais j’ai l’impression qu’elle ne lâchera pas l’affaire si facilement. 

— Ok, j’accepte, dis-je dépité. 

 

Partie 4

Depuis qu’on est installé tous les deux à la table à manger du salon, je n’arrête pas de la fixer. Je ne sais pas d’où elle sort, je ne sais pas comment elle peut savoir tout ça mais ça ne me plaît vraiment pas. 

— Personne ne fera le lien avec toi concernant…

— Tais-toi, dis-je avant qu’elle ne continue sa phrase. Je sais très bien que je ne risque rien. Ce n’est pas la première fois. 

— Désolée. Ça doit te faire de la pei…

— Tu crois vraiment que la souffrance fait partie de moi ? Tu crois vraiment que je ressens quoique ce soit après tout l’enfer que j’ai traversé ? 

Elle me regarde bouche bée. 

— Être dans votre monde a toujours été une partie de plaisir jusqu’à ce que cet enfoiré décide de pointer le bout de son nez.

— Tu vien…

— Du même monde que lui, ceux des morts. Car oui, je le suis, affirmé-je. 

Face à toutes mes révélations, elle porte la main sur sa bouche. Énervé d’en avoir trop dit, je me lève et avant de monter dans ma chambre, je me tourne vers elle : 

— Tu as un oreiller et un plaid dans le placard mural à ta gauche, t’as le choix entre dormir sur le canapé ou par terre. Bonne nuit. 

 

Une fois allongé dans mon lit, mon esprit se décide à me remémorer toutes les victimes que je n’ai pas pu sauver à temps. J’ai échoué. 

La chance que j’avais de revenir définitivement dans ce monde s’éteint petit à petit. Si je n’arrête pas cet enfoiré, je devrai repartir errer dans les limbes. Ni le paradis ni l'enfer ne veulent de moi. Étonnant, n’est-ce pas ? Pourtant, c’est bien le cas. 

Avant de fermer les yeux, je décide de tirer une carte au hasard. Je claque des doigts et dans le mouvement, une carte apparaît entre mon index et mon majeur : As de Trèfles. Décidément. Dois-je penser que c’est mon jour de chance au final ? Ou un jour maudit ?

Mon passage ici n’a laissé qu’une traînée de sang, plusieurs filles sont décédées dans d’horribles conditions. Si je ferme les yeux, je peux les voir et m’entendre me supplier de les aider. Je revois le visage de Rozenn, mon cœur, que je pensais éteint, se brise. Et pour la première fois depuis mon arrivée, je me mets à pleurer. 

 

Partie 5

Je suis réveillé en sursaut par un bruit sourd venant d’en bas. Je me dépêche de sortir du lit, je descends les escaliers en trombe et je me retrouve face à un individu cagoulé. Il tient Rhéa par le cou, elle tente tant bien que mal de s’extirper de son emprise. 

— Besoin d’aide ? demandé-je en pointant Rhéa du doigt.

L’homme, surpris, se retourne. Rhéa en profite pour lui mettre un coup de pied bien placé avant de venir se mettre derrière moi. 

— Tu sais que t’obéis à un fantôme ? questionné-je.

— Qu’est-ce que tu raconte pauvre con ! s’énerve l’homme.

Il commence à s’avancer vers moi dangereusement. Je tourne légèrement la tête vers l’arrière puis chuchote à Rhéa : 

— Monte dans la chambre, maintenant. 

Elle s'exécute rapidement avant que le gars ne me chope par le cou avant de me plaquer contre le mur violemment. Le choc ne me fait rien mais je lui fais croire le contraire. Quand je le vois lever son bras en fermant le poing, je claque des doigts pour faire apparaître une carte : l’As d’épée. Je souris puis avant que son poing ne vienne me frapper, je tends ma main vers sa poitrine. Il s’arrête dans son action, paralysé. 

Je viens de le transpercer et j’ai actuellement son cœur entre mes doigts. Mon regard vient se fixer dans les siens. 

— Tu pouvais essayer de me tuer, tu aurai échouer, chuchoté-je dans son oreille.

Je retire brutalement ma main pour finir de lui arracher son organe vital. Son corps s’effondre au sol. Je reste immobile, le regard dans le vide. Son cœur continue de battre avant de s’arrêter totalement puis je le serre si fort qu’il finit par exploser. Le sang gicle sur mon visage, je passe ma langue sur mes lèvres qui en sont recouvertes. 

— Putain, ça m’avait manqué, chuchoté-je.

— Tu n’es pas qu’un simple mort, dit une voix apeurée derrière moi.

Je me retourne et je vois Rhéa qui se tient contre la rambarde des escaliers, elle a dû voir toute la scène. 

— Qu’est-ce qui te fais dire ça ? dis-je en attrapant le corps de ma victime.

— Aucune âme ne peut interagir ainsi dans ce monde. 

— Je vois.

Je tire le cadavre jusqu’à la porte d’entrée, j’ouvre puis je me dirige sur le palier avant de renverser le corps par-dessus la rambarde.

— Oh zut, m’étonné-je, un suicide. 

Je ferme ensuite la porte de mon appartement à clé puis je vais chercher une serpillière sans me préoccuper de Rhéa. 

— Il m’a tout dégueulassé ce con, râlé-je.

— Qui es-tu Noah ? demande-t-elle en se mettant devant moi.

— Mon identité n’a pas changé, je suis Noah. Maintenant, pousse-toi, j’aimerai nettoyer le bordel.

Elle ne bouge toujours pas d’un pouce, je garde mon calme puis je la fixe en souriant.

— Tu veux finir comme lui ?

— Tu ne serai pas capable de me tuer, affirme t-elle.

—T’as l’air si sûre de toi, c’est impressionnant.

Je l’attrape par les épaules pour la décaler puis je passe ma serpillière. Elle réitère son geste en revenant devant moi.

— Qui es-tu ? répète-t-elle.

— La meilleure amie des vivants. 

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