Chapitre 6 - Les amoureux
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Chapitre 6 - Les amoureux
Dans le silence de la douce étreinte du crépuscule,
Deux cœurs enlacés,
Dans un moment suspendu,
Là réside la magie de notre premier baiser.
Mon corps reste paralysé suite au baiser de Rhéa. Celle-ci me regarde, attendant peut-être une réaction de ma part, un mot, je ne sais pas. Mon esprit est brouillé, mon cœur bat des records de pulsations. Comment réagit-on après ça ? Que doit-on dire ? Je n’en sais foutre rien !
— Ne refais plus ça… finis-je par dire sans la regarder.
— Je suis désolée… dit-elle en baissant la tête, je ne pensais pas que…
— Tu devrais dormir, avec la journée que tu as eu, tu as besoin de repos. Bonne nuit.
Je la plante dans le salon et file dans ma chambre. J’ai vraiment besoin d’air. Je suis en train d’étouffer. Je pars dans la salle de bains, j ôte mes vêtements et me mets sous le jet d’eau froide. Je tressaute au contact de l’eau mais mon corps s’habitue rapidement. Je m’appuie contre le mur, laissant le jet glisser sur ma nuque. Je tente de reprendre mes esprits après ce qu’il vient de se passer.
Alors c’est ça… Le cœur qui bat à tout rompre, cette sensation étrange dans mon ventre, le corps qui tremble… Il faut que je me ressaisisse, ce n'est pas le moment de flancher !
Après avoir passé plusieurs minutes sous l’eau, je sors de la salle de bain, j’enfile un boxer et me mets dans mon lit en soupirant. Je pose ma main sur mon cœur, je le sens, beaucoup plus qu’avant.
— Manquait plus que ça…
Partie 1
Le lendemain, je découvre Rhéa en train de cuisiner. Je m’assois sur l’un des tabourets de bar et la regarde étonné.
— Qu’est-ce que tu fais ?
— Des pancakes ! dit-elle.
— En quel honneur ?
— Tu m’as aidé hier, tu m’as hébergé, fallait bien que je trouve un moyen de te remercier, annonce-t-elle.
Elle a beau faire comme si de rien n’était, j’arrive à sentir sa déception concernant l’évènement d’hier. Je mords les lèvres, elle se retourne, l’assiette remplit de pancakes.
— C’est prêt ! sourit-elle.
— Merci.
Elle nous sert un bol de café puis sort le nutella, la confiture et le sucre pour assaisonner nos minis crêpes avant de s’installer à côté de moi.
— Bon appétit ! dit-elle en se frottant les mains.
Pendant qu’on prend notre petit-déjeuner tranquillement, je fais, discrètement, un mouvement sec de la main afin de sortir une carte puis jette un rapide coup d'œil dessus : Roi de Pique.
— Oh putain, soufflé-je.
— Un souci ? demande t-elle
Je la regarde avant de lui sourire.
— T’as prévu quoi aujourd’hui ? questionné-je
— Pourquoi ?
— Comme ça, simple curiosité.
— Je repars au travail, j’ai raté une journée hier, le patron va me tuer.
Je ne sais pas si je dois être amusé par le patron qui risque de la tuer, ou prendre cette phrase au sérieux justement.
— Oui, c’est vrai, ton collègue était étonné de pas te voir ! dis-je
— Hein ?! Comment …
— Vois-tu, je suis partis à ta recherche, mais comme je n’avais pas ton adresse, je suis allé à ton boulot en me faisant passer pour un ami qui débarque tout juste et je lui ai demandé ton adresse.
— Il te l’a donné ?! s’étonne-t-elle
— Tu étais la colocataire de Rozenn ?
Elle se tait, son visage se ferme soudainement. Elle pose le morceau de pancake dans son assiette avant de se lever. Je la stoppe dans son élan en l’attrapant par le poignet.
— Ce n’est pas une réflexion, assuré-je.
Je me rends compte que le moindre contact physique que j’ai avec elle fait de nouveau vriller mon coeur. Je lâche ma prise puis reprends mes esprits.
— Elle était amoureuse de toi, ajoute-t-elle.
— Pardon ?
— Tu as bien entendu. J’essayais de la raisonner car elle ne t’avais jamais vu, je ne voulais pas qu’il lui arrive quelque chose, même si j’ai échoué au final.
Elle se mure dans le silence quelques instants avant de reprendre.
— Le soir où elle a été tuée, elle m’avait dit que tu étais là, mais que tu ne t’étais pas montré. Tu l’aurais vu, elle était heureuse même si elle n’avait qu’entendu ta voix. Je m’en veux tellement…
— De ?
— D’avoir cette chance de te voir et de te parler alors que c’est elle qui devrait être à ma place, avoue-t-elle.
On reste silencieux. Mon esprit est dans le brouillard. Ce que ressentait Rozenn pour moi, je le ressentais à son égard. Forcément, je n’ai pas assumé, et voilà le résultat, elle n’est plus de ce monde.
— J'aimerais passer chez moi pour me changer, dit Rhéa en se levant.
— Fais attention à toi et si jamais t’as un souci, tu m'appelles.
J’attrape un bout de papier et un stylo qui traînent à côté de la machine à café et écris mon numéro de téléphone avant de le lui donner.
— Merci.
Je la raccompagne jusqu’à la porte d’entrée, on se lance un dernier regard avant qu’elle ne quitte l’appartement. Mon coeur me fait de plus en plus mal, ce sentiment est en train de me bouffer. Je pose une main contre ma poitrine et de mon autre main, je m’appuie contre le mur.
— A chaque pique que mon coeur recevra, je resterai sur le carreau… Ça commence déjà.
Partie 2
Je décide de me remettre sur Discord pour passer le temps. A peine suis-je connecté que j’entends une notification de message privé. Mon cœur rate un battement quand je vois le nom de l’expéditeur.
— Rozenn…
Le message qu’ “elle” a écrit me demande de l’appeler au numéro indiqué. C’est trop gros pour que cela soit vrai. Elle est morte, son prénom a été cité parmi les victimes. Rhéa me l’a confirmé…
Une autre notification arrive mais c’est un message vocal, j’appuie sur le bouton pour l’écouter et là, le temps s’arrête de tourner. Sa voix résonne dans mes oreilles, c’est elle. C’est bien Rozenn.
“ Noah, si jamais tu croises une fille du nom de Rhéa, méfie-toi s’il te plaît ! Elle a tenté de me tuer. Elle ne sait pas que j’ai survécu…”
— Putain où es-tu…
J’attrape rapidement mon téléphone et compose le numéro qu’elle m’a envoyé. Deux sonneries retentissent avant que sa voix ne se fasse entendre.
— Rozenn ? demandé-je
— Noah, mon dieu ! dit-elle en pleurant, je suis heureuse de t’entendre !
— Où es-tu ?
— J’ai dû quitter la ville. J'aimerais tellement te voir Noah… supplie-t-elle.
— Ça tombe bien, moi aussi. Donne-moi ton adresse. J’arrive.
Elle s'exécute aussitôt, je le note sur un papier puis on raccroche. Je file m’habiller avant de quitter l’appartement en trombe. Elle n’est qu’à trente minutes d’ici, ça devrait le faire.
Durant le trajet, mon téléphone se met à vibrer. Je regarde les notifications des appels de Rhéa. Je les ignore et continue ma route jusqu’à arriver enfin à destination. Je ne me soucie pas de savoir si des gens peuvent me voir étant donné que je me suis rendu invisible.
Je regarde le bâtiment qui se trouve face à moi, un immeuble des années soixante-dix, rénové récemment. J’entre dans la bâtisse, l’intérieur a été refait également, même l’ascenseur a été changé, les sols carrelés, les murs sont recouverts de peinture blanche. Je prends les escaliers jusqu’au troisième étage puis je cherche la porte n°325. Une fois devant, je prends une grande inspiration puis je frappe. En entrant en contact avec l’objet, je redeviens de nouveau visible aux yeux des gens. Mon cœur s’emballe quand j’entends des pas venir vers la porte, puis celle-ci s’ouvre. Elle se tient devant moi, les yeux cernés, le visage pâle, amaigrie. Elle me saisit par le poignet pour me faire entrer rapidement dans l’appartement et dans cet élan, ses mains viennent se poser sur mon visage et ses lèvres rencontrent les miennes.
Je ne cherche même pas à me retirer de son étreinte, au contraire, j’amplifie l’échange en venant chercher sa langue. Ma poitrine est sur le point d’exploser face à tout ça, mais je m’en fous.
A la fin de notre échange, on se regarde, nos fronts sont collés l’un contre l’autre. Ma main caresse son visage, elle me sourit.
— Je pensais me prendre un vent, dit-elle
— Je pensais t’en mettre un, sourié-je.
Le cœur qui bat à cent à l’heure, la sensation étrange de mon ventre, le bonheur de la voir en face de moi, vivante, ainsi donc, c’est ça “aimer”. Je pensais que ce sentiment était tourné vers Rhéa, mais il s’avère que cela a toujours été envers Rozenn. Depuis le début. C’est elle.
— J’ai des explications à te donner aussi, avoue-t-elle.
— Aussi.
Elle me prend la main afin de m’emmener dans la pièce adjacente du hall d’entrée. Une cuisine ouverte donnant sur un grand salon. Elle m’invite à m’asseoir sur le canapé pendant qu’elle va préparer du café. Mon téléphone se met à vibrer, encore Rhéa qui cherche à me joindre. J’éteins le téléphone, j’enlève la carte sim puis range mon téléphone dans ma poche. Rozenn revient avec deux tasses dans les mains, elle me lance un regard puis sourit avant de débuter :
— Rhéa est complice des meurtres.
Partie 3
— Après qu’on a discuté lors de cette soirée, Rhéa est venue me voir en me disant qu’elle souhaitait rentrer. Sur le chemin retour, elle a fait mine d’avoir oublié son téléphone et une fois que je me suis retrouvée seule, deux garçons ont débarqué et m’ont attaqué. J’ai subi les mêmes horreurs que ces filles mais j’ai eu de la chance de survivre, raconte-t-elle.
— Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ?
— Tu le sais Noah…
— Oui, pardon. Excuse-moi.
Elle baisse son col roulé et je peux apercevoir une longue cicatrice qui parcourt son cou. Mes yeux s’écarquillent en voyant ça, je garde mon sang-froid autant que possible en serrant les poings.
— Comment t’es-tu sauvé ? questionné-je.
— Je ne pensais pas m’en sortir honnêtement. J’ai trouvé la force de t’envoyer ce message puis mes yeux se sont fermés. Quand je me suis réveillée, j’étais ici.
— Tu ne sais pas qui t’as sauvé ?
— C’est moi, fait une voix que je connais trop bien.
— Teru, grincé-je.
Je me lève soudainement pour me retrouver face à lui. Il se tient sur le pas de la porte du salon, adossé contre le mur.
— T’as changé de camp encore ? lâché-je en serrant les poings.
— Je n’ai jamais changé de camp, nuance, se défend t-il, je fais en sorte de récolter des infos pour tenter d’arrêter ce massacre.
— Tu comptais m’en informer quand ?
— Je crois que si vos retrouvailles n'avaient pas eu lieu, jamais, avoue-t-il.
Une douleur se fait ressentir au niveau de ma poitrine. Un autre pique… Décidément. Je regarde Rozenn puis de nouveau Teru, je ne sais pas quoi penser de cette situation. J’ai l’impression que tout ça n’est pas réel…
— Et tu as raison petit frère ! annonce Nolan derrière moi.
L’environnement s’efface ainsi que les corps de Rozenn et Teru pour laisser place à ma chambre. Je me retourne rapidement et me retrouve en face de mon frère, un sourire malsain se dessine sur son visage.
— Le rêve t’a plus j’espère, demande-t-il en entrant dans la pièce.
— Pourquoi as-tu fait ça…
— Je me suis dit que ça serait amusant de jouer avec les deux personnes auxquelles tu étais attaché, dit-il amusé.
— Enfoiré…
— Pas tant, pas tant petit frère, ce n’est que le début de ton calvaire.
Il s'assoit sur le rebord de mon lit tout en fixant la fenêtre.
— Ça doit te faire bizarre de perdre le contrôle des évènements, toi qui, d’ordinaire arrive à tout gérer, à faire en sorte que cela se passe comme toi tu le souhaite.
Il marque un point. J’ai toujours tout contrôlé jusqu’ici, que ce soit mes émotions, les évènements, les rencontres, tout. Tout fonctionnait parfaitement jusqu’à ce que nos chemins se croisent à nouveau.
— Que comptes-tu faire maintenant ? Croire en ce que tu as entendu dans ce joli rêve ou continuer à aider Rhéa ? demande t’il, est-ce qu’au moins, elle est encore de ce monde ?
C’en est trop, je perds mon sang-froid et viens l’attraper par le col de son t-shirt pour le plaquer au sol. Il se met à rire sans se débattre pour autant.
— Allons petit frère, voyons… Il ne faut pas s’énerver comme ça ! Surtout pour une fille.
Il fait mine de réfléchir avant de me fixer dans les yeux.
— A moins que tu ne commences vraiment à ressentir quelque chose pour elle ?
— Ferme-la !
Mon poing atterrit violemment sur son visage, il continue de rire en s’essuyant le sang qui coule de ses lèvres.
— Pas mal, pas mal…
Il renchérit en me frappant dans les côtes, je perds l’équilibre et me retrouve à sa merci. Il frappe mon ventre avec son pied, je serre les dents.
— Ne t’avise plus jamais à lever la main sur moi petit frère. Tu as été et tu seras toujours faible.
Sur ces mots, il quitte la pièce en continuant de rire. Je reprends ma respiration en mettant ma main sur mon ventre. Cet enfoiré m’a coupé la respiration en un seul coup.
— Noah ! fait une voix féminine, je suis rentrée.
— Rhéa, chuchoté-je
Je me lève difficilement pendant qu’elle monte les escaliers. Elle arrive devant la porte de ma chambre et quand elle me voit en difficultés, elle accourt vers moi pour m’aider à me relever.
— Qu’est-ce qu’il s’est passé Noah ?! s'inquiète-t-elle.
— Rien de grave, je suis tombé, c’est tout.
— Je vais te croire ! Allonge-toi.
Je me surprends à l’écouter et me pose sur mon lit, une violente douleur à la hanche m’arrache un cri. Le regard apeuré de Rhéa n’annonce rien de bon. Je baisse la tête au niveau de la douleur et vois que du sang commence à s’écouler.
— Comment…
Je me refais la scène pour comprendre à quel moment il a pu me blesser de cette manière. Mais impossible de savoir.
— Putain, c’est pas une chute qui t’a causé ça ! s’inquiète Rhéa.
Elle sort de la chambre en courant pour aller récupérer la trousse de soins dans la cuisine puis revient vers moi.
— Enlève ton haut, m’ordonne t-elle
— Pas besoin de l’enlever entièrement… râlé-je.
Je mords mes lèvres au moindre mouvement que j’effectue, cet enfoiré ne m’a pas loupé. Je me force à me redresser pour ôter mon haut, Rhéa m’aide puis regarde les dégâts.
— Comment un mort peut-il être blessé ? s'étonne-t-elle.
— On s’en fout, lâché-je en me laissant retomber sur mon oreiller.
Je la sens passer du coton imbibé d’alcool, je serre les dents et m'agrippe au drap. Quand elle a fini, elle bande la blessure puis me dit de ne plus bouger.
— Comme si j’allais t’obéir… soufflé-je.
— Evidemment que tu vas m’obéir ! s’insurge-t-elle.
Je suis sans voix face au ton qu’elle emploie. Je décide donc de déclarer forfait et d’obéir. Elle sort de ma chambre pour aller ranger la trousse de secours. J’en profite pour tenter de me relever. Je serre les dents mais je finis par y arriver. Une fois assis sur le rebord du lit, il ne me reste plus qu’à me lever.
— J’ai dit quoi Noah ! s’énerve Rhéa en venant se mettre devant moi.
— Je ne sais plus.
— Reste allongé !
Quand elle commence à me pousser par les épaules pour que je reprenne ma position initiale, je lui tiens les mains en lui disant d’arrêter de me couver comme si j’étais un enfant.
— Vu comment tu agis, tu en es un actuellement ! lance-t-elle.
Les battements de mon cœur s’intensifient, la même sensation étrange dans mon ventre s’installe. Bon sang, c’est pas le moment. Je ferme les yeux pour essayer de me changer les esprits.
— Noah ? Noah ? Tout va bien ? s'inquiète-t-elle.
— Rapproche-toi, je dois vérifier quelque chose.
Étonnée de ma demande, elle s’exécute tout de même et se rapproche de moi, je lui demande de baisser son visage, quand celui-ci est à quelques centimètres, je le saisis délicatement et viens poser mes lèvres contre les siennes.
Même sensation que dans mon rêve.
Partie 4
Une fois le baiser échangé, je la regarde sans quitter mes mains de son visage.
— Alors c’est ça, aimer ? dis-je.
— Ça commence souvent par-là, chuchote-t-elle.
Le visage de Rozenn vient se superposer sur le sien, je secoue la tête et enlève mes mains en m’excusant auprès de Rhéa.
— Je n’aurai pas dû, dis-je, je suis désolé.
— Ne t’excuses pas.
On ne sait plus où se mettre, je me racle la gorge pour tenter de briser le silence qui vient de s’installer mais je crois que ça empire la situation.
— Repose-toi, je vais préparer à manger et je te ramènerai un plateau, dit-elle en tournant les talons.
— Tu n’es pas obl…
— Chut ! Ça me fait plaisir.
Je ne rajoute rien d’autre et me remets en position allongée malgré la douleur qui m’envahit. Une fois qu’elle a rejoint la cuisine, je me mets à réfléchir aux évènements. Rozenn et Teru sont réellement morts, mon frère s’amuse à me torturer l’esprit avec ça. Il connaît l’existence de Rhéa mais ne s’attaque pas pour autant à elle. Il cherche quoi ? Je ne me suis plus penché sur les meurtres depuis un moment alors que je m’étais juré de m’en occuper. Je m’éloigne de ma mission principale au détriment d’une fille. Je baisse ma garde et voilà le résultat : Mon frère arrive à m’atteindre, l’amour y arrive aussi et je perds le contrôle de tout ce que j’ai entrepris.
— Je dois me ressaisir bon sang, soufflé-je en passant mes mains sur mon visage.
Même ce geste réveille la douleur à ma hanche. Soudainement, j’entends toquer à la fenêtre, je tourne la tête vers elle et j’aperçois un corbeau qui se met à agiter ses ailes.
— Qu’est-ce que tu fous là papy, lâché-je en me redressant doucement.
Je serre de nouveau les dents, je me lève et pars ouvrir au corbeau. Celui-ci entre et une fois qu’il pose ses pattes sur le lit, il se métamorphose en une ombre fantomatique.
— Bah alors, t’es dans un sale état mon petit ! dit l’ombre.
— Dis merci à cet enfoiré de jumeau papy, craché-je en revenant me poser sur mon lit, qu’est-ce que tu viens faire dans le monde des vivants ?
— T’aider pardi !
Je déteste entendre ce mot, surtout venant de lui. Cela montre que je suis en train d’échouer lamentablement. Je soupire en récupérant mon oreiller pour le mettre sur mon visage.
— Noah, tu es très loin de l'échec, au contraire. Tu es même proche de la victoire.
— Je vais te croire.
— Nolan pense avoir le dessus, il te pense toujours aussi faible. Il n’a toujours pas capté une chose : tu possèdes le jeu de cartes.
— Pourquoi il n’en a pas d’ailleurs ? m’étonné-je, et en quoi avoir ce jeu me permettrait de gagner ? Sérieusement ? Je viens de me taper une Reine de Coeur !
— Aoutch ! grimace-t-il, j’avoue que celle-là quand elle m'est tombée dessus, j’ai rien compris à ma mort…
— Pardon ?
— Attends, tu crois quoi gamin ? Que j’ai toujours été un vieux ?
— Je suis obligé de répondre ? demandé-je sous mon oreiller.
— Petit con ! s’insurge-t-il.
A cet instant, Rhéa entre dans la chambre, j’enlève mon coussin et la regarde avant de poser mes yeux sur papy.
— Bonsoir mademoiselle ! Je suis la Faucheuse ! salue papy.
Le plateau se met à trembler entre ses mains, il décide de le récupérer et le poser sur mon bureau. Elle n’arrive pas à bouger ni à sortir le moindre mot.
— Tu ne risques rien Rhéa, il n’est pas là pour toi, affirmé-je.
— Pas du tout ! Je suis en visite de courtoisie ! sourit-il.
Malgré nos tentatives pour la rassurer, cela se solde par un échec car elle tombe inconsciente. On la regarde allongée sur le sol puis on se regarde.
— Je crois qu’on a merdé ! annonce papy.
— Sans déconner, dis-je en me redressant difficilement.
Il vient vers moi puis pose sa main sur ma blessure qui disparaît aussitôt. Je le regarde étonné avant de vérifier que celle-ci est belle est bien partit.
— Comment…
— Si t’apprenais à me connaître au lieu de me traîter comme un papy prêt pour la maison de retraite, tu le saurai !
Je lui fais une grimace avant d’aller rejoindre Rhéa. Je lui caresse le visage avant de la prendre dans mes bras et de l’emmener dans le lit.
— C’est elle ? demande papy.
— De ?
— Ta Reine de Coeur ?
— Oh ta gueule, lâché-je.
Il éclate de rire tout en se tapant le genou puis vient vers nous.
— Noah, si je n’avais pas accepté que l’amour entre dans ma vie, je n'aurais jamais pu être ce que je suis, avoue-t-il
— Tu es la Mort ! Tu tues, à quel moment l’amour y joue un rôle ?
— Car si elle n’avait pas été là, aucun humain ne le serait aujourd’hui. En tant que Faucheuse, je me dois de respecter une liste d’âmes à récupérer, je n’ai pas le droit d’en rajouter. Si mon coeur n’avait pas connu la douceur de cette femme, j’aurai massacré tous le monde. C’était une sorte de canaliseur, sa présence m’apaisait, quand elle était là, je me sentais serein et capable de tout. Notamment de mener à bien mon rôle.
Il s’arrête un instant pour regarder Rhéa.
— Si c’est ta Reine de Coeur, c’est ton canaliseur. Avec elle auprès de toi, crois-moi, ton frère tu le claques au sol dans le plus grand calme. Car, aux dernières nouvelles, le Roi n’est pas encore sorti, ni l’As. Une fois ces trois cartes réunies, tu seras imbattable. Fais moi confiance.
Il passe sa main au-dessus des yeux de Rhéa puis se transforme de nouveau en corbeau, je lui ouvre la fenêtre et je le vois disparaître dans le crépuscule.
Partie 5 - Fin
Je viens m'asseoir auprès de Rhéa, je claque des doigts pour faire apparaître une carte, je souris en la voyant : Roi de Coeur. Cette enflure de Faucheuse a tout calculé, c’est pas possible.
Ainsi donc, la prochaine étape pour vaincre mon frère, c’est d’ouvrir mon coeur à “ma” Reine de Coeur. Je regarde Rhéa puis je me penche vers son visage pour déposer mes lèvres sur les siennes.
— Comme dans les Disney, murmure-t-elle en ouvrant les yeux.
— T’es bête, rié-je en me redressant.
Elle vient caler ses jambes de chaque côté de mes hanches, passe ses bras autour de ma taille puis pose sa tête contre mon dos. La chaleur qu’elle émet m’apaise instantanément. Je ferme les yeux en venant saisir ses mains. J’en ramène une au niveau de mon cœur, elle tressaute en relevant la tête.
— Ton cœur… chuchote-t-elle.
— Il bat. Comme un vivant.
Je suis aussi étonné qu’elle. Je ne pensais pas que ça puisse arriver, ce n’est pas dans la logique des choses. Mort signifie que tous les organes cessent de fonctionner, or là, ce n’est pas le cas.
Elle se rend également compte que ma blessure a disparu mais ne pose aucune question, elle change de position et vient s’asseoir à côté de moi.
— Il serait peut-être temps de manger, ça va refroidir, dit-elle en pointant du doigt le plateau.
— Tu n’as pas tort ! Mais on va descendre manger dans la cuisine, je n’ai plus de raison de dîner ici.
On se lève au même moment puis on part tous les deux prendre notre repas sur le bar de la cuisine.
— Au fait, dit-elle avant de se servir son assiette, tu as fait tombé ça.
Elle me tend la carte du roi de Coeur, j’esquisse un sourire avant de la récupérer. Celle-ci se désintègre une fois en main. Rhéa tressaute en voyant cela :
— C’est normal, rassure-toi, fis-je
Une fois servie, elle commence à me demander ce que je compte faire maintenant.
— Me repencher sur les meurtres, chose que j’ai négligé depuis quelques jours, annoncé-je.
— Tu sais qui est derrière tout ça, cela devrait simplifier l’affaire, non ?
— Nope, cette enflure utilise des personnes pour arriver à ses fins, je dois trouver ce réseau, les abattre et m’occuper de lui à la fin.
— Il en manipulera d’autres.
— Je dois tout faire pour que ça n’arrive pas. J’vais déjà me pencher sur le cas de Teru. Ce bâtard a changé de camp en simulant sa mort.
— Je ne comprends pas comment on peut trahir un ami, questionne-t-elle.
— Car ce n’en était pas un. Tout simplement.
On termine notre repas tranquillement puis pendant que je fais la vaisselle, Rhéa prépare le canapé.
— Tu peux dormir dans le lit… Avec moi, si tu le souhaite, hésité-je.
— Ça ne te dérangera pas ? Je ne veux pas empiéter sur ton espace personnel.
— Si je te le propose…
Elle acquiesce puis une fois que j’ai terminé, on monte ensemble dans ma chambre. Je sens mon corps trembler, cette situation m’est inconnue. Malgré tout, je masque mon état d’esprit. — De quel côté veux-tu dormir ? demande-t-elle
— Côté droit, dis-je en m’avançant.
Elle hoche la tête puis m’informe qu’elle part prendre une douche avant, mon cœur rate un battement mais je me ressaisis rapidement. Je m’installe dans le lit pendant qu’elle s’enferme dans la salle de bains. Mon esprit se met à réfléchir à tous les scénarios possibles et inimaginables concernant la situation. Un lit, c’est fait pour dormir. C’est tout. N’est-ce pas ? De toute façon, y' a rien de plus, chacun dort de son côté. Quelques minutes après, elle me rejoint dans le lit, j’essaie de masquer le plus possible ma gêne.
— Bonne nuit ! dit-elle en prenant sa position pour dormir.
— Bonne nuit !
Je tape dans mes mains afin que la lumière s’éteigne puis je m’installe à mon tour tout en essayant de ne pas trop penser à autre chose.
— T’es capable d’éteindre la lumière comme ça ? s'étonne-t-elle.
— Je suis capable de faire pas mal de choses.
Pitié Rhéa, dort.
Je finis par ne plus l’entendre, signe qu’elle s’est endormie. Je me tourne doucement vers elle, la lueur de la lune me permet de la voir. Elle semble dormir sereinement, sa respiration est au ralenti, ses paupières ne bougent plus, elle dort, effectivement.
Je ne peux m’empêcher d’amener ma main caresser son visage, elle réagit à mon contact sans ouvrir les yeux. Cette fois-ci, ce sont mes lèvres qui viennent se poser sur les siennes. Elle approfondit notre échange en venant chercher ma langue, mon coeur commence à battre fortement et rapidement. Ses mains viennent se poser contre mon torse puis l’une d’elle monte vers mon cou. La mienne glisse le long de sa taille, nos respirations s’accélèrent, notre baiser devient plus passionné, plus intense. Tout comme nos mains qui découvrent le corps de l’autre. Des frissons me parcourent le corps entier jusqu’à ce qu’une de ses mains vienne caresser mon sexe déjà durcit. Les mouvements qu’elle entreprend commencent à me faire perdre la tête, je décide donc de diriger ma main vers son intimité à mon tour. Elle tressaute légèrement, je peux sentir son souffle sur mon visage, son regard vient se poser dans le mien.
A ce moment-là, je devrais tout stopper, tout arrêter mais l’envie de me sentir en elle est plus forte. Je la veux, et dans son regard, elle le souhaite aussi.
Je lui ôte les vêtements qui recouvrent son corps et je peux enfin l’admirer. Je viens me mettre au-dessus d’elle pour commencer à l’embrasser d’abord dans le cou puis je descends jusqu’à ses seins galbés, ma langue vient jouer avec l’un de ses tétons, je lui arrache un cri de plaisir. Après cela, je descends encore plus bas, jusqu’à son intimité. Dès que ma langue effleure son bouton de rose, Rhéa est parcouru d’un frisson. Ma douce torture prend fin quand elle se cambre en jouissant.
Elle se redresse et m’aide à ôter le reste de mes vêtements, on s’embrasse de nouveau puis une fois qu’elle m’a aidé à enfiler la protection, elle s’allonge. Je pose mes mains de chaque côté de son visage :
— Tu es sûre Rhéa, chuchoté-je pour m’assurer qu’elle ne le regrettera pas.
— Vraiment sûre, répond-t-elle.
Je l’embrasse tout en commençant à pénétrer doucement en elle jusqu’à atteindre la garde. A ce moment, son corps se cambre de nouveau, elle vient placer ses mains sur mes fesses et accompagne mes coups de reins. Malgré l’excitation qui s’est emparé de moi, j’essaie de me contrôler, car je ne veux pas lui faire de mal. Mes mouvements de bassin se font de plus en plus rapide et s’accompagnent de plusieurs à-coups qui lui arrachent un cri de plaisir. Je sens que je n’arriverai pas à tenir plus longtemps, je viens m’emparer de ses lèvres tout en accélérant.
— Noah, souffle-t-elle en me caressant le visage, je ne vais pas tenir plus longtemps.
Moi non plus. Un courant électrique parcourt nos corps et on finit par atteindre l’orgasme.