« Ne regarde pas la vie dans ton rétroviseur »
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« Ne regarde pas la vie dans ton rétroviseur »
Tina et les Fairlanes, Un été sur la plage (Tina et les Fairlanes), Fabien Garage, 1984.
Ford Fairlane (on se fait des langues)
La Fairlane est un modèle automobile commercialisé par Ford entre 1955 et 1970. Autant dire qu’on est dans le rétro de chez rétro, dans l’Amérique iconique du rock’n’roll et des snack bars.
En ce moment je lis Jours barbares, une vie de surf. J’adore le surf et les surfers, ce qui est paradoxal étant donné que je déteste la mer, la plage et le soleil en général. Je suis né, j’ai grandi et je vis en plein milieu des terres et ça me va bien comme ça. C’est plutôt toute l’imagerie qui vient avec le surf qui m’enchante, à commencer par la musique, Dick Dale et les Beach Boys en tête. Dans ce récit autobiographique, William Finnegan raconte une sortie au drive-in en famille, « tous les six empilés dans notre vieille Ford Fairlane ».
Il n’en fallait pas plus pour me lancer. Ça faisait un petit moment que je voulais écrire un petit quelque chose pour présenter cette chanson qui est un des trucs les plus cool que je connaisse et qui traîne dans ma collection de 45 tours depuis un bon moment. Il ne manquait que le déclic.
Indie rock
Déjà le disque est paru sur un petit label de grande qualité : Fabien Garage, né de la rencontre du producteur Patrice Fabien et du studio Garage. Dans les années 80, pas mal de titres sont sortis sous cette étiquette ou celle de Réflexes, deux labels dans lesquels on découvre une véritable cohésion visuelle et sonore, mélangeant subtilement pop, rock, new wave, post-punk et chanson, en pleine adéquation avec l’époque.
Aucun de ces groupes ne s’est réellement fait remarquer à l’époque ni depuis, ni top 50 ni réédition nostalgique, pourtant toutes ces chansons mériteraient vraiment d’être redécouvertes : les Ablettes, Drucila, Gynette Exotol, Ich Libido, David et ses Croquettes, tout un programme.
Vivement les vacances
Avec leurs guitares surf, les Fairlanes accompagnent la voix ironique de Tina (Cartier) qui se plaint de végéter à Paris dans la grisaille :
« Moi je vis à Paris sans arrêt je m’ennuie
De resto en concert jamais je n’oublie
Que je vais rentrer sous la pluie »
Elle semble prendre son mal en patience :
« Souffrir toute une année
En attendant l’été »
Quand enfin arrivent les vacances et le refrain :
« Un été sur la plage
N’être plus qu’un visage
Et pouvoir être sage »
C'est un peu le pendant féminin de J'aime regarder les filles de Patrick Coutin.
Je ne comprend pas que cette chanson soit restée si confidentielle… Elle est parfaite musicalement, propre, bien écrite, avec une patine rétro assumée. Franchement, jetez-vous dessus, c’est tout ce que j’ai encore à dire.
Le morceau s'écoute ici.