La parole est d’argent
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La parole est d’argent
Douce Violence, Raconte pas ta vie (Georgia Valalik/Pascal Besserve), Philips, 1985.
Pour écouter le morceau, c'est ici.
Mais le silence est d’or
C’est Tuco dans son bain qui, après avoir abattu l’homme qui venait le tuer mais n’arrêtait pas de jacasser déclare laconiquement : « Quand on tire, on raconte pas sa vie » (Le Bon, la brute et le truand). Il est vrai que chez Sergio Leone, on évite de trop en dire. Pas le temps.
C’est le roi Arthur qui dit à Anton, son père adoptif qui vient de le reconnaître : « Plus je vieillis, plus je ferme ma gueule » (Kaamelott, saison 6).
Dialogue à sens unique
Dans les couplets de Raconte pas ta vie, la chanteuse fait part d’une certaine tristesse, celle qui prend naissance dans le ventre mou de la nuit, quand la fête est finie et qu’on hésite entre rentrer à pied et attendre le premier métro :
« Pas envie de dormir
Insomnie passagère
Cigarette sans plaisir
Besoin de prendre l’air
Mes cheveux décoiffés
Mon rimmel a coulé
Talon aiguille foutu
Bas résille perdu »
La soirée a été agitée, semble-t-il.
Et dans un refrain génial, plein d'une sagesse ancestrale, le chanteur lui répond :
« Raconte pas ta vie
Il est trois heures du matin
Retourne dans ton lit
On verra tout ça demain
Raconte pas ta vie
Toujours le même refrain
Ça dure toute la nuit
Et ça n’a jamais de fin »
Vous aurez noté l’élégante mise en abîme : un refrain qui parle de refrain…
Dans le second couplet, le propos s’embrouille un peu, passant de la troisième à la première personne sans prévenir :
« Ça va faire deux jours
Qu’il n’a pas téléphoné
Depuis qu’il est parti
Elle n’arrête pas de pleurer
Lui qui m’écrivait toujours
Il m’a sans doute oubliée
Je ne veux plus dormir toute seule
Mon lit est bien trop grand
Elle parle de tout et de rien
Mais elle en parle tout le temps
Y a pas quelqu’un qui veuille
Consoler mon cœur d’enfant »
Narration embrouillée
On ne sait plus tellement où on en est : au début, on pouvait penser qu’elle était allongée dans le lit, juste à côté de lui, prise d’une soudaine envie de causer, et que lui l’envoyait balader parce qu’il dormait. Dans ce cas alors, qu’est-ce qu’elle faisait dehors, en talons hauts et maquillée ?
Et dans le deuxième couplet, un coup c’est « elle », un coup c’est « moi ».
La voix du refrain est difficile à identifier : son bonhomme ? Une confidente ? Une voix intérieure ? Peu importe. La magie gagne ce que la narration a perdu. Personne n’a dit que les chansons devaient être cohérentes du début à la fin.
Rendez-vous manqué
Raconte pas ta vie n’a pas rencontré un très gros succès à sa sortie, après non plus d’ailleurs, et je ne crois pas que cela soit dû au manque de rigueur narrative. Franchement, personne n’écoute jamais vraiment les paroles d’une chanson de cette sorte (on est loin de la chanson à texte canonisée par la sainte trinité Brel-Brassens-Ferré).
La musique est portant plutôt sympa, assez proche de la rythmique de Femme libérée, énorme tube de Cookie Dingler sorti un an plus tôt (1984), trop peut-être pour permettre à Raconte pas ta vie de se démarquer et sonner autrement que comme un pâle succédané.
Le nom du groupe est pourtant canon.
Et le refrain est pourtant terrible.