Il est fou Afflelou
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Il est fou Afflelou
Johnny Hallyday, Psychedelic (T. Brown-M. Jones/G. Aber), Philips, 1967.
Fausse rivalité et publicité
1965, Antoine se répand dans ses Élucubrations :
« Tout devrait changer tout le temps
Le monde serait plus amusant
On verrait des avions dans les couloirs du métro
Et Johnny Hallyday en cage à Medrano »
Johnny rigole. Longtemps. Les Élucubrations restent plusieurs semaines en haut du hit parade.
La même année, Antoine insiste avec Je dis ce que je pense, je fais comme je veux:
« Je dis ce que je pense, je fais comme je veux
Je mets Johnny en cage, j’aime pas Édith Mathieu »
Cette fois l’idole des jeunes réagit et contre-attaque avec Cheveux longs, idées courtes, dont il coécrit le texte avec Gilles Thibaut. Le guerre semble déclarée, on range la vaisselle.
Trente ans plus tard, cette fausse rivalité qui a bien servi les deux opposants ressurgit au détour de deux publicités pour des vendeurs de lunettes. Les chanteurs ont vieilli et leur vue commence à baisser, les yeux brûlés par les projecteurs et le reflet du soleil sur les mers bleues du sud, sans doute. Johnny est le champion d’Optic 2000 et Antoine celui d’Atoll, les opticiens.
Synesthésie
1967, en face B de son EP San Francisco (une reprise en français de la chanson de John Philips, du groupe The Mamas and The Papas) hymne flower power s’il en est, Johnny interprète une chanson qui porte bien son nom : Psychedelic :
« Ce que je vois comme dans un rêve
C’est tout un monde en couleur
…
J’entends et je vois
Des couleurs et des sons
…
Nos corps s’allongent comme une fumée
…
Je suis au paradis
…
Tes cheveux si noirs sont d’un vert lumineux
…
Ce que je vois est irréel
Des oiseaux de couleur ».
On se croirait dans Hair, acide et compagnie.
À travers cette rivalité savamment entretenue, on a voulu opposer deux mondes : le hippie haut perché et le rockeur terre à terre, le cuir et les chemises à fleur, mais on voit bien dans cette chanson que Johnny barbotait dans les mêmes eaux qu’Antoine. Il n’y a qu’à regarder de plus près sa dégaine sur la pochette pour finir de s’en persuader : la chemise à motifs colorés et les colliers de perles, les fleurs jaunes en arrière-plan.
Enfin, j’ai lu mais sans pouvoir en avoir confirmation, rien n’étant spécifié sur le disque que j’ai en ma possession, que Jimmy Page, le guitariste de Led Zepplin aurait participé à cet enregistrement. Information à prendre au conditionnel donc.
Psychedelic s'écoute en suivant ce lien.
Et San Francisco celui-là.