¡Felicidades! Tu apoyo al autor se ha enviado correctamente
En remontant le fleuve

En remontant le fleuve

Publicado el 21, dic., 2022 Actualizado 21, dic., 2022 Música
time 4 min
1
Me encanta
0
Solidaridad
0
Wow
thumb comentario
lecture leer
2
reacción

En Panodyssey, puedes leer hasta 30 publicaciones al mes sin iniciar sesión. Disfruta de 28 articles más para descubrir este mes.

Para obtener acceso ilimitado, inicia sesión o crea una cuenta haciendo clic a continuación, ¡es gratis! Inicar sesión

En remontant le fleuve

 

Marine Jolivet

Marine Jolivet, Comme un pop-corn, (Elvine/Sabrina/Tess/Jolivet/Deteneuille), Philips, 1986.

Pour écouter, c'est ici.

 

Garde la pose

 

Voilà le genre de chansons qui me mettent le cœur en joie : une chanteuse sortie de nulle part, un peu actrice, un peu doubleuse, une voix pas tellement juste, un début parlé, un look kitschou typé milieu des 80’s, une posture sexy désarticulée, un jeu de lumière stroboscopique, et des paroles bébêtes à souhait. De manière générale, je trouve qu’une voix un peu fausse distille la sincérité. Mathématiquement, cela n’a aucun sens, le faux qui donne du vrai, heureusement que je ne m’occupe pas de mathématiques.

 

Une voix autant qu’un physique

 

Marine Jolivet a commencé sa carrière d’actrice sous le pseudonyme de Jacqueline Jolivet (l’inspiration, tout de même, c’est quelque chose), rien avoir avec Pierre, ni Marc, ni Sophie, en 1979, dans Rien ne va plus, un film à sketchs de Jean-Michel Ribbes, acteur, auteur et metteur en scène de théâtre et de cinéma, spécialiste du genre (Brèves de comptoir, Musée haut, musée bas). Elle a ensuite joué un petit rôle dans Joy en 1983 et, dans Les Trois frères, elle incarne Christine Rossignol, la maman du petit Mickaël que les frangins enlèvent par mégarde. Elle a aussi fait un peu de doublage : Christine Hendricks (Mad Men), Dana Delany (Desperate Housewives) ou Valeria Golino (Hot Shots 1 et 2), rien de honteux en somme.

 

Épaississement du sens

 

En regardant les crédits du morceau, on constate qu’ils se sont tout de même mis à cinq pour pondre cette petite merveille et finalement, c’est plutôt bien fait. Bon c’est encore une histoire d’amour achevée dans les larmes : il est parti sans la rappeler, elle refait toute l’histoire en rentrant chez elle à pied dans la nuit. Air connu.

 

« Ça faisait des mois qu’on me parlait de lui… Il était Polonais, petit, pas vraiment laid. On s’est rencontré un soir chez des amis… Il m’a invitée à dîner, il m’a emmenée danser, puis m’a laissée tomber pour la fille d’à côté.

 

Je suis rentrée à pied d’Étoile au Père Lachaise

J’avais froid, c’était l’hiver

Pourvu qu’il m’appelle »

 

Mais il ne l’appelle pas, tu penses, sinon il n’y aurait pas de chansons : les histoires d’amour finissent ou finissent mal :

 

Au refrain :

 

« Tout comme un pop-corn

Je m’éclate en sanglots

Tout comme un pop-corn

Tu colles à ma peau

Tout comme un pop-corn

Croque-moi si tu craques

Tout comme un pop-corn

Dévore-moi sans faim

Petit grain de folie dans ta vie

Couleur de parfum et de confettis »

 

On remarque que le motif de la comparaison (c’est-à-dire le point de ressemblance) se déplace en cours de refrain. Le pop-corn, c’est d’abord elle, qui « éclate en sanglots », puis lui, qui lui « colle » à la peau. Il y a de la poésie là-dedans : le sens de chaque mot est densifié, enrichi. La synesthésie chère à Baudelaire vient d’ailleurs l’appuyer (« couleur de parfum »).

 

Architecture

 

Le texte est plutôt bien construit, et même un peu plus que ça encore. En repassant son histoire au fil de sa mémoire, la chanteuse fait revenir à la surface des objets qui avaient fait partie de son quotidien: d’abord un rameur :

 

« Comme il m’avait dit

« Quand ça ne va pas bien

Fais du sport ça fait du bien »

J’ai sauté du lit, j’ai acheté un rameur »

 

Des livres :

 

« J’ai lu tous ses livres »

 

Sa langue (au sens de son idiome), ou presque :

 

« J’ai même appris l’Anglais

Le Polonais c’est dur à suivre »

 

(Il n’y a plus de choucroute ? Pas grave, je prendrai un couscous !)

 

Sa musique :

 

« Par amour pour lui, j’ai acheté un piano

mais c’est très dur d’avoir les voisins sur le dos »

 

Mais comme il s’en est allé épouser la fille d’à côté, tous les objets réapparaissent, encombrant l’espace autour d’elle. Alors elle fait le tri :

 

« J’ai reposé ses livres

J’ai rangé le rameur

Je regarde sa photo, posée sur le piano »

 

Avouez que c’est plutôt bien agencé, non ?

 

Et l’alchimie fait que tous les éléments épars et un peu ratés de la chanson s’alignent de telle façon que le charme finit par opérer. Et mon cœur est en joie, et la boucle est bouclée, et sur ces considérations, moi aussi je la boucle.

Marine Jolivet

 

Le titre de cet article est emprunté à Thiéfaine.

 

 

lecture 234 lecturas
thumb comentario
2
reacción

Comentario (0)

¿Te gustan las publicaciones de Panodyssey?
¡Apoya a sus escritores independientes!

Seguir descubriendo el universo Música
Requiem
Requiem

Un mot d'un dictionnaire, ma définition, vôtre sourire, ma joie.Parmi les textes chantés...

Bernard Ducosson
1 min
Chorégies
Chorégies

Un mot d'un dictionnaire, ma définition, votre sourire, ma joie. En deux mots "des formation...

Bernard Ducosson
1 min
Au secours
Au secours

Au secours je souffreJe suis au bord du gouffreJe sais très bien que j'ai le choixJ'ai bien voulu &...

Rovin-K
1 min
J'suis pas d'ici
J'suis pas d'ici

Qu’est-ce que j’fais là Qu’est-ce que j’bricole Qu’est-ce que j’y p...

Raphaëlle Vaillant
3 min

donate Puedes apoyar a tus escritores favoritos

promo

Download the Panodyssey mobile app