Natali K
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Natali K
Natali Kaufmann, Envie de traîner avec toi (Natali Krassilchik), Wea, 1982, Lover (Natali Krassilchik), Polydor, 1986.
Personne par la guerre ne devient grand
Natali Kaufmann est une chanteuse française d’origine russe, d’où l’absence de h à son prénom, largement compensée par une abondance de soupirs dans les deux titres aux accents mélancoliques que sont Envie de traîner avec toi et Lover, les titres parlent d’eux-mêmes. Il est question d’amour donc, d’amour en long, en large et en travers, mais pas celui qui fait danser, plutôt celui qui fait déraper la syntaxe, qui force la rime au risque de ressembler au parler de Maître Yoda :
« Je suis dans le cirage
Dans la semoule je nage »
Celui qui mélange le tu et le vous :
« Écoute monsieur,
Je te le dis dans les yeux »
Malgré ces quelques maladresses stylistiques, Envie de traîner avec toi est une chanson pleine de charme. Natali Kaufmann en est d’ailleurs l’auteure et compositrice. Natali Krassilchik, c’est elle.
Rime riche et lapalissade
Lover est sans doute plus connue parce que plus efficace et calibrée pour le Top 50, notamment grâce à son refrain :
« Où est l’idole ?
Où est le caïd le kid ?
Le killer où est l’idole ?
Où ? Mais où est l’idole ?
Où est le caïd le kid ?
Le killer où est l’idole ? »
Il faut entendre la voix se perdre dans les hauteurs pour en mesurer pleinement le charme. Moins de retenue sur ce titre : la chanteuse pousse les aigus et la rime jusque dans la richesse : lover-over-pull-over. Elle ose aussi la lapalissade :
« Tu rêves à mon parfum et tu pleures
Mais après l’heure c’est vraiment plus l’heure ».
Pas vraiment du Sénèque, mais le message passe, le lover a raté le coche, et tout le monde est perdant dans cette histoire. Elle pleure. Il pleure. La terre n’est pas une boule de joie et les histoires d’amour finissent mal en général. Triste constat. Dont acte.
Sarah Lund
Pour revenir à des considération moins affligeantes, je ne peux pas m’empêcher de parler du pull-over que Natali Kaufmann arbore sur la photo d’ Envie de traîner avec toi, lâche comme un haut des années 80, blanc avec des motifs géométriques évoquant les pixels de Space Invaders. Une pièce inestimable, synthèse d’un âge démodé, emblème, blason. Ceux qui ont vu la série The Killing (version danoise) comprendront aisément le titre de cette dernière partie. Les autres auront peut-être la curiosité d’aller voir. Dans tous les cas, je n’aurais pas perdu mon temps, ne serait-ce que pour m’être replongé avec plaisir dans ces deux merveilles oubliées, ce qui correspond en tout point à l’objectif que je m’étais fixé en ouvrant la porte à ces bizarreries.
Pour écouter les deux chansons :