Ce soir on sort, on oublie nos galères
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Ce soir on sort, on oublie nos galères
Bibi Flash, Histoire d’1 soir (Bye bye les galères) (Philippe Renaux), Carrere, 1983.
On l'écoute ici.
Dans la fabrique d’un morceau culte
Alors là attention, grosse, grosse chanson, qui avait tout pour devenir un tube : une rythmique funk impeccable, un refrain capable de parler à toute une génération, une voix posée de façon désinvolte, une production parfaite, des chœurs placés au bon endroit… Tout ! Peut-être même trop. Ça n’est pourtant pas devenu un tube, mais juste un cran au-dessus, c’est devenu culte. Encore mieux.
La preuve : pendant longtemps le disque a été introuvable, se négociant à prix d’or sur les sites spécialisés ou dans les conventions, licorne de collectionneur, apparaissant ici ou là sur quelques compilations des hits des années 80. Et puis en 2021, à la faveur d’un remix signé Blutch (le DJ, rien à voir avec le père du Petit Christian), réédition d’un beau maxi tout neuf. Certains puristes vous diront que ça n’a pas la saveur de l’original, je trouve que ça y ressemble bien.
Double-sens
Contrairement à ce que laisse envisager le titre, il ne s’agit pas d’une histoire d’un soir, on sort on se pécho (à la Samedi soir sur la terre) mais du récit d’une soirée : les copains se retrouvent, il y a Edgar, Christelle, Julien, Philippe, Jacques et Brigitte (Gasté, celle qui se cache derrière le pseudo Bibi Flash). On mange chez l’un avant de sortir écumer la ville (Concorde, Champs-Élysées, les Halles) et ses clubs (le Privé, le Pub Anglais). Dans la voiture on écoute Blondie ou Gotainer sur des cassettes. Le but : se lâcher :
« Ce soir on sort, on oublie nos galères
Ce soir on sort, et on oublie tout
Ce soir la vie n’est plus un enfer
Ça flashe partout
Ce soir on sort, on oublie nos galères
Ce sort on sort, on n’oublie pas tout
On va oublier tout, oublier tout, tout oublier
Oublier »
Refrain de fou, qui laisse poindre une inquiétude derrière le rythme effréné de la jeunesse, comme un vertige, une sensation d’écartèlement entre le lâcher-prise et la réalité en filigrane.
« Ce soir la vie n’est plus un enfer »
Parce que d’habitude, c’est le cas…
Les raisons d’un rendez-vous manqué
Dans une note manuscrite jointe à la réédition maxi, Bibi Flash remercie les radios libres d’avoir programmé et défendu le morceau (« qui m’ont permis d’exister » dira-t-elle) contre les médias de l’époque qui l’ont souvent censuré à cause du dernier couplet.
Gare à la descente
« Appelle Tina, dis-lui que Philippe
N’a rien pour elle, et désolée
Et que peut-être vers les cinq heures
il voit un mec au Pub Anglais
Histoire d’un soir, c’était hier
on s’est plantés, oublie l’affaire
C’est la descente, bonjour la pente
Tu vas tout droit, valium badoit »
Ça me fait penser à la vodka-merurochrome de Thiéfaine.
Enfin, à croire que les censeurs n’écoutent pas que le refrain, pour aller comme ça s’alarmer des quelques détails cachés dans le fin fond du dernier couplet. On pourra saluer leur assiduité et leur travail de précision.
Pas de regret, ce morceau, c’est juste une tuerie. Essayez de le passer dans une soirée, n’importe laquelle, vous serez surpris de l’effet.
PS (3/11/22) : depuis cette publication, je me suis aperçu que le morceau servait de bande son à la dernière campagne de pub H&M. J'ai l'impression d'être au cœur de la hype.
Stéphane Hoegel hace 2 años
Je ne connaissais pas, merci pour la découverte !
Benjamin Mimouni hace 2 años
Cool, là j'ai l'impression de faire le job.