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D'un havre a l'autre

D'un havre a l'autre

Publicado el 23, nov, 2024 Actualizado 23, nov, 2024 Historical
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D'un havre a l'autre

Un Havre de paix


Vite se lever , le temps est gris ce matin, juste le temps de réchauffer le café chicoré, Se raser en vitesse , enfourcher le vélo et filer aux chantiers navals.

Marcel est mal réveillé , le béret vissé sur la tête il a manqué de se casser la gueule au premier virage , il faut accélérer, Gaston doit être a la grille , Gaston c'est le contremaître , quelques minutes de retard et il vous fait sauter une demi heure l'enflure.

En chemin un vélo se met a sa hauteur c'est Manu un copain , ils passent ensemble le pont du quartier des neiges , plus on se rapproche plus il y a du monde , y faut dire qu'il y a un paquet de monde aux chantiers auguste normand, en cette année 1932 c'est l'un des plus gros employeur du Havre.


Aux chantier on travaille dans la cale 2 longue de 190m , on y retrouve Gégé , pas facile comme bonhomme mais un cador en ce qui concerne l'assemblage de poutrelles , que ce soit par rivetage ou soudage , il avait travaillé sur le T6 aux chantiers de penhoet a Saint-Nazaire en 1931, dans une cale sèche spécialement faite pour le paquebot qui seras baptisé Normandie un peu plus tard, puis le chantier avait pris du retard , les ennuis financiers de la Compagnie générale transatlantique dus a la crise de 1929 avait un peu plombé le projet. Gege s’était retrouve au chômage


Ça n'a pas empêché notre Gégé de venir assister au lancement du Normandie en octobre 1932 en présence du président Albert Lebrun et de madame Marguerite qui a brisé une bouteille de champagne sur son étrave.

Et il est pas peu fier le Gégé de son paquebot le plus grand du monde, les soirs ou il boit plus que de raison il en parle en long en large et en travers , mais il le reverras bientôt un quai est en construction au Havre pour le recevoir.


Gégé c’est le seul a qui Gaston cherche pas des noises , un bruit dit que Gégé l'aurait serré d'un peu près et que le Gaston tout contremaître qu'il est il en menait pas large.

Le jour on bosse , et quand la cloche indique la fin de la journée on se retrouve au café , un ballon de rouge , un jeu de carte et on refait le monde, enfin le notre celui du quartier des neiges.

Le quartier a plutôt mauvaise réputation , on le dit habité par les voyous , des bandits comme disent certains, pour ceux qui y vivent , des ouvriers des chantiers et des marins pêcheurs pour la plupart c’est leur quartier , même si les jardins sont grands comme des mouchoirs a carreaux ,même si la plage la plus proche s’appelle la plage pouilleuse et qu'il faut s'enfoncer les chevilles dans la vase avant d'atteindre le sable , et même si l'eau de mer a cette consistance un peu huileuse et l'odeur du mazout, c’est la notre.


Dans le quartier pas de police , elle y met rarement les pieds , on règle nos affaires entre nous, pas besoin des condés pour ça, le voleur qui se fait choper y se prend une trempe qu'il risque pas de recommencer , et les filles des neiges elles savent qu'elles risque rien a rentrer tard, par contre le gars qui les raccompagne peut se prendre un coup de surin mal placé s'il traverse le pont seul.


Manu y a toujours habité il est fils d'immigré espagnol, pour Marcel c'est la vie qu’y l'a déposé la , petit son père a Marcel il était directeur des abattoirs , excuser du peu , ils habitait une belle maison en plein centre du havre, puis le paternel a contracté une mauvaise angine de poitrine qui l'a emporté , fini le confort du centre et les promenades dans les jardins de l’hôtel de ville ,il c’est retrouvé avec sa mère aux neiges et bien content encore d'avoir un toit sur leur tête ,cadeau des abattoirs , son frère a Marcel a foutu le camp , en les laissant tomber comme deux vieilles chaussettes reprisées , Marcel assume seul l'argent du foyer , alors quand les chantiers l'ont pris il bien était content.

Sa mère , y sait pas ce quelle pense depuis la mort de son mari, elle répond plus que par oui ou par non, elle s’éteint années après années comme une chandelle usée.


Notre quotidien s’égrène au rythme des chantiers , les neiges c'est comme un village , tout le monde se connais avec une vraie solidarité qui n’est pas que de façade, la voisine a perdu son mari , on a fait tout le quartier pour trouver de quoi l'aider a payer les obsèques, quitte a tordre un peu le bras aux plus pingres, son toit fuyait on s'est mis a cinq et en moins de deux c’était torché, c’est ça aussi les neiges.


De temps en temps on vas voir arriver les transatlantiques au port , ce jour la c'est « l'ile de France » qui accoste, le 11 mai 1935 au soir on est tous sur le quai pour voir arriver le Normandie , il faut dire qu'il a de la gueule avec ces trois cheminée penchées ,

A son bord le commandant Pugnet a même manœuvré sans remorqueur et sous un tonnerre d'applaudissement , a ce moment Marcel a filé un coup de coude a Manu , ils se sont tourné vers Gégé qui pleurait , il était la son paquebot le plus grand du monde.

Je crois que jamais ils ont pris une cuite comme ça, même Marcel a pas retrouvé le chemin des neiges , il a dormi sur le port entre deux caisses.


Les années noires


1936 une année a retenir , le 3 mai le front populaire gagne les élections législatives, Marcel exulte , leon Blum au pouvoir il en a toujours rêvé, le 11 mai 250 ouvriers des usines Breguet arrêtent le travail , les dockers et les ouvriers des chantiers suivent dans un mouvement joyeux, on en est plus a faire intervenir la troupe contre les grévistes comme en 1920, mais certains patrons n’hésitent pas a mettre quelques militants de l'action française pour tenter briser la gréve , et il arrive qu'on fasse le coup de poing avec eux .

Partout les usines , les magasins suivent , on compte 12 000 grèves, 9 000 avec occupation, entraînant 2 millions de grévistes , du jamais vu !

Le 18 juillet alors que la liesse est a son comble , Manu lui est au fond du trou , L’Espagne entre en guerre civile entre les républicains et les Nationalistes de Franco.

Gaston aussi est la , en observateur pour la direction , il passe son temps a lire le journal , parfois en parlant fort pour qu'on l'entende bien.

- le chancelier Adolf Hitler a présenté la Volkswagen , la voiture du peuple , qu'ont peut acheter par une souscription qui rencontre un franc Succès , un sacre monsieur ce Hitler crut il bon d'ajouter

pauvres teutons , ils ne reverront jamais ni leur argent , ni la voiture promise



fin Avril 1937 nouveau coup dur pour Manu , on apprend que Gernica a été rasé sous les bombes allemandes venues soutenir Franco.

Cette année la tout ce qui déplaît au chancelier Hitler passe un sale quart d'heure, les juifs en premiers mais aussi les tziganes , les prêtres protestants dont 800 seront arrêtés, les témoins de Jéhovah qui sont persécutés

Le travail aux chantiers tourne au ralenti , les deux semaines de congés payés , Marcel les passe a Perros Guirec , Manu lui a pris le train pour les Pyrénées , il a souhaité se rapprocher de l’Espagne .

Quand a Gégé il est reparti dans sa famille en Picardie.

Léon Blum a démissionné de son poste de président du conseil, l’expérience socialiste d'avant guerre a vécue, elle auras quand même laissée des avancées sociales décisives.

La chine a été envahie par le japon et au cinéma on peut voir la Grande illusion avec Gabin ou Regain avec Fernandel.

Manu est revenu d’Espagne avec un trou dans la jambe , en s’entraînant dans un camp pour rejoindre les républicains il s'est tiré dans le mollet , tu parle d'un soldat de bois, depuis il boite.


1938 année noire ,le 12 mars l’Allemagne envahi l’Autriche , on commence a voir venir le petit Adolf , et Gégé toujours coco dans l’âme nous prédit que bientôt se seras notre tour


- impossible lui répond Gaston , la ligne Maginot est infranchissable

- tu as dis quoi Gaston ? Infranchissable , on verras mon gars , on verras


les républicains espagnols mettent leurs dernières forces dans la bataille de l'Ebre qu'ils perdent en novembre , Franco a gagné

magnifique dans quai des brumes au Kursaal rue de paris, Gabin et Arletty

Gégé il la connais Arletty , son beau frère est régisseur dans un théâtre parisien


- Arletty c'est une gueule d'ange sur un corps de garce, une vrai teigne tu peut me croire


Août 1939 voit s'approcher l'ombre , le bruit des bottes se rapprochent au pas de l'oie, Hitler et Staline ont signé un pacte et la guerre devient inévitable.

Y a presque plus de boulot aux chantiers, alors avec Manu on s'est bricolé des carrioles a nos vélos et on récupère la ferraille, on survit quoi, mais il faut chaque fois aller plus loin

Le Normandie parti pour New York ne reviendras plus, les ricains vont le réquisitionner et en voulant le transformer en navire de guerre deux ans plus tard ils y foutent le feu , il finiras par chavirer sous les tonnes d'eau utilisé pour éteindre l'incendie.


1940 Ca y est , les boches sont en France , la ligne Maginot ils l'ont contournés en passant par les ardennes, l'armée française habillé comme en 14 avec les fusils Lebels a pas pesée lourds face aux panzers et aux divisions allemande suréquipes

Sur les routes c'est l'exode , on fuit devant l'avancée des troupes allemandes, mais pas assez vite et les avions des boches quand ils voient des colonnes d'exiles , ils tirent a vue, on risque moins sa peau a les attendre au Havre , très vite il n'y a plus de travail aux chantiers, on survit de petits boulots


1942 , le gouvernement de Laval décide sur demande des allemands qu'il faut des bras, au début on demande des volontaires , des centaines d'affiches apparaissent .

« Ils donnent leur sang , donnez votre travail pour sauver l’Europe du bolchevisme », peut on y lire

C'est que le père Adolf il a plus personne a mettre dans ces usines en teutonie, certains se laissent tenter, salaire attractif mais obligation d'y rester deux ans .

Même les voisins s'y mettent avec la relève , une belle arnaque ça , une double arnaque même , les mères de famille qui viennent nous voir

- tu comprend , si tu vas travailler en Allemagne , ils libèrent un prisonnier ça seras peut être mon mari, ça fait deux ans qu'il est prisonnier en Allemagne

En fait c'est pas tout a fait ça , pour trois départ en Allemagne , un prisonnier reviens ,mais ça c'est sur le papier et ça dureras pas longtemps, ils sont pas cons les allemands , il garderont les ouvriers et les prisonniers en les transformant en travailleurs libres … en Allemagne bien sur.

Marcel est pas chaud pour y aller , Manu avec sa pâte folle ils le prendront pas , quand a Gégé

- y peuvent toujours crever, dit il

Gaston en profite pour le titiller au café du port

- tu devrais y aller en Allemagne Gégé , ça te rapprocherais de tes copain , les rouges

- je préfère rester ici pour te surveiller, t'a pas encore ton béret de la milice ?

Gaston hausse les épaules avant de se barrer


1943 le STO deviens vraiment obligatoire , tous les jeunes nés entre 1920 et 1922 doivent y aller , les quelques nouvelles reçues de ceux qui sont partis n'encourage guère au départ , des baraquement sordides , horaires impossibles et brimades quotidiennes.

Marcel fait partie du lot , il décide de partir vers la Bretagne mais arrivé a la gare il est contrôlé par la police , petit détour ou le commissaire lui explique pourquoi il doit y aller, que la maison ou il vit avec sa mère octroyée gracieusement par les abattoirs et bien ... elle pourrait être mise a la rue, retour dans les bureaux pour signer sa demande volontaire , avec quelques coups de crosse dans les cotes ça aide a la prendre la décision, en attendant il est enfermé avec cinq autres types.


Départ le lendemain pour l’Allemagne, Strasbourg et après des heures pour arriver a Vienne dans un centre de tri avec des miradors, on est des milliers la dedans , tu as de tout , des français , belges , russes , polonais, au début t'est perdu après tu as affaire avec un type qui te parle en schleu , tu comprend rien alors il t'engueule , quand un gars derrière te dit en français de donner ton nom , prénom et ton métier, après on te met un no sur l'avant bras avec un tampon , et tu attend Marcel il a attendu un jour et demi sans grailler, après on t’appelle par ton numero.

Tu t'aligne avec d'autres gars , un gars a chapeau ,un patron teuton , viens faire ses emplettes , on se croirait sur un marché aux esclaves, celui la oui , celui la non et après tu monte dans un camion , on roule deux heures , l'usine est a la sortie de la ville , on y fabrique des pièces d'avion.

Quinze par baraque et des punaises , dans celle ou est Marcel il n'y a que trois français , le reste c'est des flamands, des hollandais et des polonais


On travaille douze heures par jour, levé a 5h 30 chaque jour avec 3/4 d heure pour déjeuner le midi, c'est a longueur d'année le même ragoût de patates avec ce qui ressemble parfois a des légumes , parfois a de la saucisse, le soir après la soupe , on peut écrire mais le courrier doit se perdre en route , on a rarement les réponses.

Marcel travaille avec Francois , un parisien avec qui il discute souvent , faut faire attention quand même , si on parle trop , on prend un coup de trique , en retard un coup de trique , bouger ou tousser pendant l'appel encore un coup , tout est bon pour nous frapper ,coups de bâtons ou de schlague par les kapos

Il y a Frantz , un soldat allemand reformé qui est notre contrôleur, nous lui apprenons le français et lui nous apprend l'allemand, échange de bons procédé , c'est un bon bougre au fond , il nous parle souvent de sa famille , il nous montre des photos de ces gosses ,au bout de six mois Marcel sait déjà compter jusque cent , et dire Guten tag , Dankecheun

Frantz il est gentil , il nous ramène parfois quand il peut un peu de tabac et du schnaps , enfin pour Marcel et Francois c'est un tord boyaux qui te brûle le gosier et l'estomac , mais quand tu en boit un peu trop tu ne te rappelle plus de rien , c'est bien des fois d'oublier ou on est et ce qu'on fout la.

De temps en temps on voit passer deux types avec des chapeaux mous et des manteaux en cuir , la Gestapo , quand ils viennent c'est pour emmener un camarade .


Il faut pas grand-chose, qu'un meister dise le mot de sabotage , pour un oubli , une erreur ou des retards trop fréquent , ca vaut de quinze jours a un mois de camp de redressement , les sinistres AEL, les pauvres types quand ils reviennent sont détruits, privés de nourritures et de sommeils , frappés a coup de schlague, tout est fait pour casser le bonhomme, le mater, en plus deux séjour au camp et c'est la déportation.

La paye , parlons en , on nous retiens tout le logement , la nourriture , un bout de savon vaut six fois le prix dans un magasin , ce qui nous reste on expédie ce qu'on peut a nos famille, et ce qui nous reste , avec les trois demi journées par mois de permission, on dépense pas grand-chose a part une bière dans un café de la ville voisine.


On doit toujours avoir nos papier sur nous , l'aussweiss, si on est contrôlé sans c'est le camp direct , y en a aussi qui aime bien aller en ville , les soldats partis leur femmes s'ennuient , la aussi faut faire gaffe c'est interdit "Verboten" de fricoter avec des petites allemandes, et ceux qui se font attraper le paye cher , surtout si c'est les miliciens allemands qui te tombent dessus , ils sont pires que tout.

A partir de la fin 43 on est régulièrement bombardé , quand la sirène retenti , on se précipite dans un blockhaus enterré profond, enfin ça c'est pour les allemands , pour nous c'est une tranchée dans un champ recouverte de planches , quand les bombes tombent tout près , on a l'impression que tout la terre bouge et tangue comme un bateau ivre.

On attend la seconde sirène pour sortir , si les atelier n'ont pas trop souffert on reprend le travail , sinon on récupère tout ce qui peut encore servir, on évacue les blessés.

Début 1944 en pleine nuit , on est réveillé par la sirène , pas le temps, ça tombe dru , alors on court pour s’éloigner le plus possible de l'usine, on se jette a terre qui tremble de partout , ça sent le brûlé , on reçoit de tout de la terre, des pierres , des morceaux de bétons, et le bruit assourdissant.

Des qu'il y a une pause , on se relève et on court a nouveau, deux minutes plus tard c'est l'enfer , la tranchée a droite on se jette dedans , et on se couvre la tête avec nos bras.

Pendant près d'une demi heure les vagues de bombardiers se suivent , on doit avoir au moins trente centimètre de terre sur nous, Le bombardement a cessé , on ne bouge pas d'un pouce, un des gars ose une tête hors de la tranchée , on l'entend jurer en polonais, quand on se relève il n'y a plus rien , l'entrée du blockhaus s'est effondré , on aide comme on peut a déblayer, une trentaine de boches sont morts dont Frantz.


Après cet episode on est trimbalé d'usines en usines , au bout de quelques mois , nouveau bombardement, et on repart un peu plus loin, février 1944 on se retrouve dans un camp de prisonniers ,les baraques sont infestée de punaises , on mange un jour sur deux, Marcel qui est déjà pas gros il pourrait passer derrière une affiche sans la décoller.

De temps en temps on viens nous chercher , pour filer un coup de main , le mieux c'est d'aller travailler dans une ferme ,au moins on mange a notre faim.


Drole de liberation


Un matin de juin 1945 les camions sortent au petit matin , les portes sont restées grandes ouvertes nos gardiens ont foutu le camp ,on voit passer la population allemande qui fuit , retour de bâton , on comprend alors que les ricains ou les russes doivent pas être loin , il leur fraudas encore trois jours pour arriver.

Et c'est pas les américains , mais des canadiens , ils nous donnent a manger, on pense alors qu'on pourras partir bientôt mais il fraudas encore presque un an, après d'innombrables démarches c'est enfin le retour , revenir en France on en a tous rêvé , mais on a vite déchanté


On est pris en charge par le même ministère que les déportés politiques, mais on a pas le même statut , a cause des volontaires , les STO on est considéré comme des collabos , on est parti en Allemagne travailler pour les nazis, et on était volontaires qu'on nous dis même que Marcel des fois il a envie de leur montrer ses cotes cassée .

Et les Renault , les Citroën , la SNCF ils travaillait pas pour Hitler eux ?

A chaque fois les interrogatoires interminables , a quelle date êtes vous parti? , Quand ? Ou étiez vous? , Combien vous étiez ?

Ils recherchent les volontaires et ceux la quand ils en trouvent passent un mauvais moment, quand Marcel était en train d'attendre ils en ont emmenés un, quand il est remonté un quart d'heure plus tard , il avait le visage en sang , tombé dans l'escalier qu'ils ont dit , et ils ont rigolé avant de le confier aux gendarmes.


Détestable retour


A Rouen alors que pour la énième fois il répondait aux mêmes questions , Marcel aperçoit le même commissaire qui en 43 voulait les foutre a la rue , cette crevure était en train d'interroger un gars , il porte un brassard des FFI, ce salaud a su tourner sa veste a temps, et ils sont nombreux dans ce cas .

Rien a faire , cette France binaire pour qui il n'y a que deux camps , les résistants et les collabos ,cette France pleurnicharde qui nous disait que c’était les congés payes et la semaine de 40 h qui avait amené a la guerre , qui nous avait incité a partir veut trouver des coupables , alors collabos les sto , bien fait pour eux.

Le Havre Marcel y retourna en 1946, il ne reconnut plus rien , le quartier des neiges proche du port avait été rasé , comme 80 pour cent de la ville , les roastbeef ont foutu pendant deux jours des milliers de tonnes de bombes. .

Les habitants avait filés ventre a terre vers le tunnel jenner , une partie c’était effondré , et ceux qui n'avait pas été écrasés étaient morts étouffés, deux mille morts au total.


Une partie du port avait été reconstruite pour permettre au bateaux anglais d'accoster , parlons en des anglais , ils se sont plaint aux autorités d'avoir été mal reçus par les habitants , quand on t'a détruit ta maison et enseveli une partie de ta famille , c'est pas facile de recevoir chaleureusement.

La ville du Havre disposait d'une garnison allemande de 12.000 hommes qui entendait résister. ils étaient situés sur les hauteurs. Quant à l'état-major, ils étaient logé dans des villas cossues de «la côte». Loin du centre-ville, Aucun des survivant n'a compris pourquoi la Havre avait été rasé.


Les chantiers navals n’était plus qu'un amas de ferraille tordues, en repartant prendre son autocar , marcel rencontra Gégé .

- Marcel ça alors si je m'attendais

- Salut Gégé , tu a survécu a ça !

- quand ça a commencé j’étais dans la ville haute, on s'est barré de l'autre coté et on a bien fait , le tunnel c’était un piège

- tu as des nouvelles des autres , de ma mère ?

- ta mère elle est parti trois mois après ton départ chez ton frère a Rouen , Manu est chez moi , son père est décédé il y a un an, et Gaston est mort dans le tunnel.

- ça me ferait plaisir de le revoir , tu sais s'il y a du travail ?

- Ici il n'y a plus rien , mais avec manu on s’apprêtait a partir en Bretagne, on embauche pour reconstruire les ponts


Alors avec manu et Gégé on s'est serré , pour l'embauche Marcel disais qu'il avais été prisonniers de guerre en Allemagne, il fallait mieux pas parler du STO, un mois plus tard on faisait nos balluchons


On en a reconstruit des ponts , Gégé soudait et rivetait , Marcel qui se débrouillait en électricité passait les câbles , Manu faisait un peu de tout , étayer , couler le béton .

On se déplaçait a travers la France au gré des reconstructions

Deux ans après Marcel trouvait un boulot chez un câbleur , c'est qu'il fallait électrifier la France , et c'est en passant près de la ferte-Milon dans l’Aisne qu'il rencontra Ginette qu'il épouseras plus tard a et qui seras ma mère.

Marcel n'est jamais retourné au havre, mais il en parlait souvent, son havre n'etait plus , rasé sous les bombes anglaises , il n’existait plus que dans son souvenirs


****


Cette nouvelle a été écrite en hommage a Marcel Dieudonné , mon père , qui a vécu au quartier des neiges , travaillé aux chantiers Navals , est parti contraint et forcé deux ans comme travailleur obligatoire en Allemagne dans le cadre du STO.


650 000 jeunes sont partis travailler en Allemagne , moins de 200 000 étaient volontaires

il a fallu attendre 2008 pour qu'on reconnaisse aux STO le statut de ,«Victimes du travail forcé» pas vraiment celui qu'ils attendaient , on leur a retiré en 48 celui de «Déporté du travail» qui leur avait été accordé en 45 , concurrence des malheurs oblige .

Et ils avaient bien été des victimes , avec pour tord d'avoir eu 20 ans sous l'occupation ,60 ans après on les reconnaissait en tant que victimes ,malheureusement Marcel et beaucoup d'autres était morts depuis longtemps


En souvenir d' un Havre qui n'existe plus


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