Et aujourd'hui…
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Et aujourd'hui…
Tous les matins, je suis le premier à me lever, pourtant je suis le dernier à me coucher. Je n'ai jamais vraiment eu besoin de dormir beaucoup, quelques heures me suffisent. Je descends dans la rue acheter du pain et des croissants, puis, dans la soute, je prépare un thermos de café et retourne sur mon toit, c'est le seul endroit où je me sens enfin respirer. C'est à ce moment que Trésor sort du pigeonnier, ses cheveux bleus en bataille, la mine endormie, suivie de Pépette, qui, elle, est en pleine forme. Elle boit une tasse de café, sans s'assoir, puis descend prendre sa douche. Ensuite, c'est Agnès qui apparait, fraiche et souriante, prête à affronter une journée de travail. C'est devenu un rituel, une routine de tous les jours, elle me demande si j'ai bien dormi, sans réellement écouter ma réponse, se sert un café, dévore un croissant et regarde sa montre.
Depuis peu, Trésor accompagne Agnès à son boulot, sur un plateau de télévision, toute une flopée de techniciens, dont des menuisiers, s'affairent à préparer les émissions. Trésor veut apprendre la menuiserie, c'est l'occasion d'approcher ce métier, avant de trouver un stage en alternance. Depuis qu'elle est enceinte, elle a décidé de se trouver une formation, bientôt, elle devra assumer son bébé. Agnès m'en a parlé, au début, elle et moi prendrons les frais en charge, le temps qu'elle soit autonome, ensuite, elle volera de ses propres ailes. Et dire, que je ne voulais pas d'enfant.
Nous attendons Trésor, qui semble prendre son temps. Je sens le regard d'Agnès se poser sur moi, lorsque à mon tour, je lève mes yeux sur elle, elle me sourit, douce et bienveillante :
— Oui ?
— Rien, je te regarde, me répond-elle, tu as changé.
J'ai envie de lui dire qu'elle aussi, n'est plus la femme que j'ai connue, sa séparation avec Édouard a du bon, elle est resplendissante, comme quoi, la toxicité d'un gars contamine tout ce qui l'entoure. Toxique, je l'étais également, à s'imaginer que le monde tourne autour de soi, on finit par se sentir le roi. Ma seule différence, une petite voix hurlait en moi, effrayée par tant de reniement, mon tort le plus probant est certainement de ne l'avoir jamais écoutée.
Elles sont sur le point de partir, elles me souhaitent une bonne journée, Pépette veut les accompagner, mais les animaux sont interdits sur le plateau de tournage. Je suis donc de garde, à moi les sorties toutes les deux heures. Elles disparaissent par la trappe qui mène à mon toit, instantanément, je ressens leur absence. À peine quelques secondes se sont écoulées, Agnès est de retour. Elle a oublié quelque chose, m'avoue-t-elle, puis elle se dresse sur la pointe des pieds, m'enlace et m'embrasse.
— Je suis amoureuse de toi depuis le premier jour, on est passé l'un à côté de l'autre et aujourd'hui…
Je la sers dans mes bras, mes lèvres posées sur son oreille, chuchotent la fin de sa phrase :
— Et aujourd'hui…, il est trop tard.
— Oui, je sais…
[À suivre]