Ch. 2 de Brissage, Fortevent et Ouragrande
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Ch. 2 de Brissage, Fortevent et Ouragrande
Turbulences
Les trois enfants grandirent ensemble, nés avec une poignée de jours les uns des autres. Ils apprirent les coutumes du village, la plus vieille tradition étant celle de la taille des cristaux. Des cristaux qui provenaient de la cavité d'une petite machine en forme de tourelle, au cœur de la grande salle des souffles, tous les matins. On devait ensuite les tailler avec précision pour les placer dans la cavité d'une autre machine, située dans l'autel du vent. La taille devait être parfaite, autrement la machine n'en voulait pas et une catastrophe devait se produire, si tout était rejeté. C'était plus ou moins chacun son tour, depuis un âge permettant finesse, précision et suivi rigoureux des consignes, jusqu'à ne plus pouvoir le faire, lorsque la vieillesse était enfin parvenue à se faire sentir pour un habitant du village, après quelques siècles de vie.
Les enfants débutaient, en effet, l'âge de raison et le travail bien plus tôt que dans les habitudes de vie que nous connaissons car seul le vieillissement prenait son temps, l'apprentissage durait une trentaine d'années et la majorité se fêtait au bout d'un siècle. On s'habituait tant à vivre en n'étant pas mûr sexuellement que c'était devenu quelque chose de profondément annexe. La préservation de l'espèce n'avait jamais effleuré leurs consciences non plus.
Outre la taille quotidienne des cristaux, d'autres traditions ancestrales étaient également perpétuées. Le façonnage de l'argile, la taille des roches, tout était construit avec le moins de transformations possible. Le respect des choses, des éléments et d'autrui étaient, sans nul doute, les valeurs principales inaliénables dans ce village.
Les trois amis, alors octogénaires, soit en fin d'adolescence, se retrouvèrent au bord de l'eau, face à un magnifique crépuscule, lors d'une belle soirée venteuse. Peu sujets au froid, ils étaient très détendus et heureux, dans leur paisible village où il faisait si bon vivre.
Soudain, une forme étrange se dessina sur l'eau, avec une longue base sombre, un peu pointue sur les côtés, une sorte de tige plantée en son centre et pointant vers le ciel, droite, et des formes ondulées allant de droite à gauche le long de celle-ci, sur des tiges horizontales. La curiosité les piqua au vif ! Ils s'apprêtaient à aller voir cette chose étrange, à la nage, lorsqu'un ancien du village arriva, tout agité, en leur disant que la machine de l'autel avait recraché tous les cristaux qu'elle avait pourtant accepté, à l'heure prévue. C'était une première et tout le monde était convié à une réunion d'urgence, au vu de la gravité de la situation.
Brissage lui montra la chose qu'ils observaient et cela ne l'inquiéta que davantage. Il leur dit alors que la priorité était les cristaux et qu'ils reviendraient voir cette chose étrange plus tard, si elle était toujours présente. La dernière partie de sa phrase sonna péniblement à l'oreille de Brissage qui envisageait de perdre cette belle occasion de découvrir quelque chose de nouveau. Il suivit tout de même l'ancien, car les cristaux étaient, dans leur savoir ancien, la seule protection viable du village contre toutes les agressions possibles venant de l'extérieur.
La réunion avait lieu dans une ambiance lourde, d'une gravité palpable, suffocante. Tous les cristaux étaient ressortis et la machine ne réagissait même plus. Impossible donc de tenter de les insérer à nouveau dans la cavité prévue à cet effet. Aucun manuel ou guide quelconque n'existait pour cette machine, qui avait toujours fonctionné. Tout se faisait par transmission et si, par hasard, on avait su la réparer un jour, sa proximité de la perfection avait laissé tomber dans l'oubli les manipulations à effectuer, dans le cadre d'un dysfonctionnement.
La machine ne laissait pas courir l'imagination bien longtemps, elle était intégralement lisse avec une seule cavité. Ils essayèrent de lui parler, d'émettre des sons divers, sachant qu'elle n'en émettait aucun, de son côté. Rien ne changeait quoique ce soit. Alors ils se dirent que les cristaux devant être déposés aux alentours de midi, la machine devait avoir besoin de soleil et tout le monde se coucha avec une inquiétude relative et, surtout, une certaine dose d'excitation.
Histoire originale de mon invention, images obtenues par intelligence artificielle sur Nightcafé Studio, tous droits réservés, Alban Vivicorsi