De part et d'autre

Fierry les attendait.

Quelle ne fut pas sa joie lorsqu'il les vit de la fenêtre de son palais. Un habitant d'Aquarion, sans accoutrement fait exprès, aurait du mal à passer inaperçu. De même pour Ouragrande d'ailleurs, mais elle était trop jeune pour lui, ce qui n'enlevait rien à sa beauté, cela dit.

"Bienvenue mes chers amis !" s'exclama-t-il. "Quelles sont les nouvelles ?"

"Bonjour à vous, Messire Fierry, elles sont bonnes, je vous rassure." répondit Ouragrande. "Mystres a un couple à sa tête depuis quelques jours et s'appellera désormais Pacifica et, ses habitants, les Pacificiens. Mon ami Fortevent est maintenant lié avec Melifisk, de l'Empire des Aquarii, leur couple dirige la contrée et montre que l'entente et la vie commune sont possibles entre nos peuples."

"Fort bien !" dit Fierry avec un grand sourire apaisé. "Qu'en est-il de Bartabas ? J'ai entendu dire que vous l'aviez humilié et qu'il en était tout chose. Aurait-il trouvé votre prestation remarquable ? Éprouverait-il enfin du respect pour quelqu'un ? Ce querelleur incessant aurait-il enfin trouvé la paix intérieure ?"

"Nous l'espérons, à vrai dire." dit Ouragrande, songeuse. "Nous vous quitterons, sous peu, afin de nous assurer de ses intentions."

"Accepterez-vous que quelqu'un se joigne à vous, cette fois-ci ?" demanda-t-il.

"À qui pensez-vous, Sire Fierry ?" s'interrogea Ouragrande.

"À moi-même, cela fait bien longtemps que j'attendais cela et j'aimerais m'entretenir avec le nouveau Bartabas." répondit-il.

"Vous-même ? En expédition, avec nous ? Quelle excellente nouvelle, bien que complètement inattendue !" s'écria Charismatisk, tout excité de la tournure que prenait leurs visites de courtoisie.

Ainsi, ils partirent le lendemain, après s'être changés, pour éviter d'attirer l'attention trop tôt. Pas de lézardoise, cette fois-ci, juste trois personnes, en tenues de nomades des terres arides.

Brissage, lui, arrivait, avec Angelisk, en Aquarion. Il avait beau retourner les choses dans sa tête, il ne pouvait se résigner à laisser des humains enfermés de la sorte. Magilisk avait fait exprès d'oublier cette partie de leur accord car il ne devait pas avoir de solution ou de moyen pour les libérer. S'il avait une solution, il l'aurait certainement déjà fait. Angelisk partit s'occuper d'affaires personnelles et le laissa s'entretenir avec l'empereur.

"Bonjour Magilisk." débuta Brissage. "Vous savez certainement pourquoi je reviens vers vous."

"Oui, Brissage. Je me doutais bien que vous n'oublieriez pas cela, si facilement. Si vous n'aviez pas tué mon ingénieur hors pair, vous auriez déjà une solution, pour tout vous dire..." répondit-il avec une pointe d'amertume. "Je ne sais pas quoi faire. À la moindre erreur, mon peuple risquerait de disparaître, toute notre belle cité, engloutie par les eaux. Voudraient-ils encore nous fournir notre énergie ? Je n'y crois pas. Je me sens coincé, impuissant."

"Magilisk, pensez-vous que vous pourriez générer votre propre énergie, ici, en Aquarion ?" demanda le jeune homme.

Il ouvrit de grands yeux, en dévisageant Brissage. C'était, à vrai dire, une vision effrayante, déstabilisante. Il s'approcha alors de lui en respirant bruyamment.

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