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Jour 2, matin (Asakusa)

Jour 2, matin (Asakusa)

Published Jul 17, 2021 Updated Jul 17, 2021 Travel
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Jour 2, matin (Asakusa)

Mercredi 29 Mars, aube du 2ème jour, 372h restantes

Ce matin, on embrasse d'un regard Tokyo toute entière à 350 mètres de haut. Bon, ok, pas toute entière. Il y a du brouillard. Mais c'est pas grave, la vue est quand même très sympa. Et puis j'aime bien le brouillard. Le brouillard, c'est un nuage descendu à terre. Qui n'aime pas l'idée de se promener dans les nuages ?

On se trouve actuellement sur la plateforme panoramique de la Tokyo Skytree, une tour qui surplombe le quartier de Asakusa. Sur Kanpai, un témoignage parlait de 3h de queue dès 9h30. Pour assurer nos arrières, on s'est rendu sur place dès l'ouverture. On a patienté 10 minutes, tout au plus (Le brouillard a sans doute un peu aidé, mais il donnera un style aux photos.) puis on nous a fait prendre un grand ascenseur jusqu'à la plateforme.

En dessous de nous, le fleuve Sumida coule paisiblement entre les buildings. Ici et là, le toit incurvé d'un temple tranche avec le carré-Lego des constructions qui s'élèvent tout autour. Un certain nombre d'immeubles ont un toit qui semble recouvert de fausse pelouse. Très loin, on aperçoit un Tokyo plus résidentiel, avec des maisons qui ressemblent selon mes critères à de vraies maisons. Je vois aussi une ligne ferrovière. Vu de haut, c'est plutôt mignon, un train. On dirait un petit serpent qui fait sa vie.

Je fais le tour du "Tembo Deck", dénomination officielle de la fameuse plateforme. Face au panorama, des tables numériques permettent de zoomer sur le décor et de s'en faire une idée de nuit. J'aperçois un gamin prendre des photos avec sa 3DS. La scène me surprend. Je ne savais pas qu'il y avait vraiment des gens qui faisaient ça. Là, un grand paravent en plastique abrite une peinture de l'artiste Keisai Kuwagata représentant Edo, l'ancienne Tokyo. Avant, il y avait beaucoup plus d'eau, et visiblement, les hommes avaient déjà bien défriché le terrain en 1809. Derrière le paravent, les enfants peuvent se faire prendre en photo avec l'horrible mascotte moche de la Tokyo Skytree. On peut aussi se faire prendre en photo sur un canapé en plastoc avec une maquette de la tour, du côté de la vue sur la mer.

Je rejoins Guillaume devant les vitres donnant sur Asakusa, et je lui montre du doigt le planning de la matinée, qui s'étend tout en bas : traversée du parc Sumida, puis du pont croisé sur le fleuve, pour remonter jusqu'au Sensō-ji, dont on aperçoit bien le toit.

Photo du quartier de Asakusa, vu depuis la Tokyo Skytree

Asakusa depuis la Tokyo Skytree. Le parc Sumida borde le fleuve du même nom. En haut à gauche, on aperçoit le toit incurvé du Sensō-ji.

En redescendant de notre perchoir, on tombe sur une boulangerie qui fait des chouquettes, ou plus exactement des "Chouguettes : gâeaux traditionnelles françaises". C'est trop "chou".  Quand on s'enfonce dans les rues entre la Tokyo Skytree et le parc Sumida, on a l'impression de ne plus être à Tokyo. Les maisons sont plus réduites, elles ont parfois de "vrais" toits, c'est un peu le bazard, un bazard vivant (linge qui pend, voitures garées dans les petites allées, matériel qui traîne en vue des petits travaux qu'il y a toujours à faire).

Dans le parc Sumida, une partie des cerisiers commencent doucement à fleurir. Des enfants courent un peu partout. Leur responsable (une animatrice de colonie de vancances ?) ramasse des sakura qui n'ont pas été piétinées et les montre aux individus les plus calmes.  On distingue plusieurs groupes. Chez les tous petits, c'est casquette flashy obligatoire : il y a le groupe des bleus et le groupe des orange.

Un peu plus loin, tandis que Guillaume prend des photos, une dame nous interpelle. Mon premier réflexe est de me demander ce qu'elle nous veut (nous sommes des belettes un peu farouches), mais je m'aperçois vite qu'elle est simplement curieuse. En Anglais, elle nous demande d'où nous venons et si nous aimons le Japon. Je baragouine une phrase de Japonais pour lui montrer ma passion pour son pays.  Nous discutons un moment. Selon elle, les sakura seront là dans une bonne semaine.

Au-delà du parc, le fleuve Sumida s'est bien élargi. L'eau est plus propre, et le pont Sakura est en vue. Dans deux semaines, la rivière sera recouverte de pétales de fleur, et on pourra admirer ce spectacle éphémère depuis le pont. Sur le chemin du Sensō-ji, on s'arrête devant le sanctuaire Imado-jinja. Il est littéralement rempli de statuettes de chats. J'achète un porte-bonheur (chat) qui a une bonne tête en souvenir, blanc nacré avec un petit grelot et un chapeau en forme de cocotte. Non loin de nous, des gamines se font trimballer en pousse-pousse et dépensent des yens un peu partout dans le sanctuaire.

Des pousse-pousse, on en croise beaucoup dans la zone du Sensō-ji. Les pousse-pousse, ça nous tente pas des masses. C'est pas trop notre culture de se faire tirer dans une grosse brouette par un autre être humain (Ou alors il faut vraiment que ce soit une très très grosse brouette, si grosse qu'elle fonctionne avec un moteur et que notre conductueur se retrouve assis confortablement. Mais dans ce cas, on n'appelle pas ça un pousse-pousse mais un bus.)

On continue à longer le parc Sumida, puis on prend une rue pour rejoindre le temple. Comme j'avais cru le voir depuis la Tokyo Skytree, l'un des bâtiments est en cours de rénovation, la pagode de quatre étages. Le lieu est très beau, mais aussi très touristique. Je revois le parapluie que j'ai acheté au Yamashiroya, mais ici, il est 500 yens plus cher. Dans l'enceinte, des stands de prédictions s'étalent de tous les côtés. Là, les Japonais mettent de l'argent dans une grande urne en bois, secouent une boîte de baguettes et en tirent une au hasard. Ils obtiennent alors le numéro de l'un des nombreux tiroirs à ouvrir, et le tiroir abrite la prédiction tant attendue.

Les rues autour sont bondées, il est difficile de circuler. On commence sérieusement à avoir faim, mais les stands de dango et autres boulettes à manger debout ne nous tentent pas trop, on préfèrerait s'asseoir.

Photo du Sensō-ji

Devant le Sensō-ji.

En s'éloignant un peu du temple et en rejoignant des rues plus calmes, on découvre un bar à sushi. On avait super envie d'essayer, alors on entre sans se poser de question. Dès qu'on passe la porte,  à l'intérieur, la température ambiante descend de quinze degrés. À ce moment-là, une vieille rumeur entendue en France remonte à notre esprit : "Les Japonais sont xénophobes". Mais nous on sait que généraliser, c'est idiot. Si, par hasard, vous ne comprenez pas grand-chose aux humains ni aux belettes, je vous donne une astuce : quand vous entendez "les [insérer le nom d'un groupe de personnes] sont [insérer un qualificatif un poil insultant]", on vous parle moins d'individus que d'effet d'ambiance. C'est toujours pareil : "les gens chelous" versus "la personne cool", "les glacials habitués du bar à sushi" versus "la gentille dame du parc Sumida" (C'est comme quand je taquine un peu les Parisiens. En vrai, je salue chaleureusement tous mes super collègues parisiens qui liront ceci. Mais entre les gens très sympas à qui tu causes tous les jours et l'inconnu qui te regarde de travers dans la rue parce que tu existes, il y a un genre de gouffre spirituel.)

(Ce paragraphe était beaucoup trop long. Dorénavant, je vais éviter de faire dans la philosophie, c'est pas bon pour le lectorat.)

La serveuse nous fait asseoir autour de la longue table qui entoure la cuisine, bien au milieu de la section la plus vide d'autres clients. La table est en marbre noir, et à chaque place, un robinet en métal offre de l'eau chaude à volonté pour le thé vert en libre service. Devant nous, deux cuisiniers s'affairent. Dès qu'ils terminent une assiette, ils la posent sur le tapis roulant, frontière tournante entre l'espace où l'on prépare le plat et celui où on le mange. Au milieu des sushi appétissants, on regarde passer des choses insolites comme une grosse tête de poisson. Aucune idée comment on mange ça. On se contente de mets plus classiques et on s'en sort pour une douzaine d'euros chacun.

Dans l'ensemble, l'expérience est satisfaisante. On a bien mangé, assis au calme, pour pas trop cher, et surtout... on a fait un bar à sushi, l'un des items de notre todo list.

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Crédits photographiques Jean-Marc Sire

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