Chapitre 17 - Je meurs...
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Chapitre 17 - Je meurs...
J’errai sur Terre à la recherche d’éventuels survivants. Ma solitude me pesait depuis quelques jours, mais je la laissais de côté. Ou alors j’essayais de l’oublier en me défoulant sur des débris. Après ces phases sportives, mes poings étaient en sang. Pourtant, j’éprouvais une certaine satisfaction à cela. Il est vrai que dit comme ça, on a l’impression que je suis un masochiste mais croyez-moi, la douleur mentale était tellement forte qu’il le fallait.
Et puis, de toute façon, tout était déjà détruit. Néanmoins, dans tout cet enfer, sans mauvais jeu de mots, il me restait un moins une personne qui m’adressait la parole. Enfin seulement pour me critiquer mais c’était déjà ça. Il m’en voulait de vouloir le faire disparaitre.
Après quelque part, cela se comprenait. Mais ce n’était quand même pas ma faute s’il était dangereux. Et puis je ne souhaitais pas le faire disparaitre, je désirais juste le faire partir de mon corps. Cependant, au fond de moi, j’hésitai. Certes, c’était une entité puissante, voire invincible mais on passait de bons moments ensemble. Il m’écoutait…
— Et je pourrais continuer de le faire, dit-il.
— Je sais bien mais où irais-je ? Personne ne m’acceptera…
— Moi je t’accepte ! On pourrait se balader sur Terre ou même embêter les petits anges du paradis. Une fois les cavaliers écartés, on règnerait d’une main de maître. On pourrait faire ce que l’on veut.
— Moi je désire juste retourner vivre en enfer. Et pour ça, tu ne dois plus être en moi.
— Moi aussi j’aimerais retourner en enfer… Mais personne ne se soucie de moi.
— Je me soucie de toi !
— Foutaises ! Tu es prêt à m’abandonner pour vivre ta petite vie tranquille.
— J’essaie de trouver un moyen d’être bien, nuance.
— Il n’y a pas de nuances qui tiennent.
— Donc tu m’en veux… Mais tu ne seras pas détruit.
— Et qui te le dit ?
— Bah moi ! Je vais trouver une solution pour ça.
— Tu comptes aller voir les cavaliers de l’apocalypse Joseph ! Ils vont te tuer !
— C’est triste… dis-je sur le ton de la plaisanterie.
— Je suis sérieux. Il faut que tu trouves une solution qui ne conduise pas à la perte de l’un de nous d’eux.
— C’est facile à dire mais il n’y en a pas trente-six mille.
— Alors, laisse-moi t’aider ! Laisse-moi tuer les cavaliers et ensuite on aura tout le temps de réfléchir à notre problème.
— Pourquoi les tuer ? Ils sont censés nous aider.
— Mais ils sont néfastes ! Il faut les condamner.
— Ce n’est pas un peu excessif ?
— Regarde autour de toi, leur comportement est excessif, pas le nôtre.
Je continuai de contempler les débris, le regard songeur, quand j’entendis parler au loin. Le temps que je me retourne, je perdis connaissance.
Je me réveillai debout au bord d’un précipice. Les quatre cavaliers étaient devant moi, la mine joyeuse. Ils commencèrent à me frapper, un à un, de plus en plus fort. Cela dura approximativement une bonne demi-heure, jusqu’à que l’éther prenne le relais.
Enfin, en tout cas, je le savais au décor qui m’entourait désormais. Cette fois cependant, il ne me laissa pas observer ce qu’il faisait. Pire que ça, quelque chose avait changé dans le décor. Je ne m’en étais pas aperçu au premier coup d’œil mais l’eau virait vers un gris terne et dépourvu de vie. Et ce n’était pas la seule. Tout le décor perdait sa vitalité. Le gris prenait de plus en plus place comme si tout autour de moi était en train de dépérir… comme si ma conscience était en train de dépérir… Qu’est-ce qu’il se passe ? Je voulus appeler l’éther mais ne pus. Aucun son ne sortait de ma bouche. J’étais paralysé, bloqué. Je ne pouvais rien faire.
Je décidai donc de patienter, attendant qu’il me laisse reprendre possession de mon corps. Je n’avais pas vraiment de notion du temps mais je pensais que ça faisait bien une journée entière avant que je puisse entrevoir à travers ses yeux.
Les cavaliers de l’apocalypse étaient attachés, inconscients et en piteux état. Mon corps aussi. J’étais plein de sang et de bleus. L’éther s’approcha de l’étendue d’eau un peu plus loin et se débarbouilla. En même temps, j’en profitai pour l’interroger.
— Que leur as-tu fait ?
— Rien de méchant, ils sont endormis, c’est tout.
— Pourquoi ne les as-tu pas tués comme tu le souhaitais ?
— Eh bien, je me suis dit que ça ne t’aurait peut-être pas plus…
— En effet, tu as bien fait. Autre question, pourquoi quand tu as pris possession de mon corps, tout ce que je voyais se grisait ?
— …
— Éther ? Réponds-moi !
— Il se pourrait que tu sois en train de mourir…
— Comment ça en train de mourir ? C’est impossible, je suis un archange !
— Rempli d’une énergie qui n’est pas faite pour être emprisonnée. Ton corps ne me supporte pas. Et si ça continue, tu perdras tous tes sens, un par un, puis tu perdras la boule, jusqu’à imploser.
— Et tu ne pouvais pas me prévenir plus tôt ! m’indignais-je.
— Je ne pensais pas que ça se manifesterait aussi vite. Regarde les cavaliers, ils vont très bien. Je pensais que pour toi, ce serait pareil. Mais je n’avais pas intégré le fait qu’eux n’ont qu’une partie de moi. Toi, tu as la globalité.
— Ah bah super… J’ai l’épée de Damoclès au-dessus de ma tête. Et si je ne trouve pas de solution rapidement pour t’éjecter, je meurs.
— C’est à peu près ça…
— Eh bien il va falloir se mettre au travail.
— Je suis prêt.
— Alors, si tu l’es, allons interroger ces sanguinaires pour comprendre comment la partie de toi fonctionne. On aura peut-être des indices. Ensuite, on trouvera un moyen de t’extraire sans te tuer.
— Ça marche, très bon plan.
— Allez ! C’est parti.
Je me dirigeai vers les cavaliers, le regard déterminé. L’un d’eux se réveilla et m’observa, avec la peur dans les yeux.