Progrès & société hyper industrielle : une bicyclette sans guidon ?
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Progrès & société hyper industrielle : une bicyclette sans guidon ?
“ Le présent n’a jamais été aussi inquiétant mais le futur semble toujours plus radieux”.
Tirée du livre de Philippe Bihouix “Le Bonheur était pour demain”, cette phrase relate l’ensemble des récits autour d’un progrès au service de la nature tout en oubliant le lien systémique entre ressources et énergie qui fonde notre civilisation thermo-industrielle.
Elle repose sur un équilibre précaire
I) Prisoniers de la science fiction et sa séduction
Au fil des avancées de l’Humanité, les promesses technologiques se sont empilées telles des kaplas grâce à puissance de la science-fiction et l’inventivité humaine.
Aujourd’hui ces kaplas empilés tanguent sérieusement tant les constructions faites sont immenses.
Personnellement ça me ramène à des souvenirs d’enfances quand j’y jouais avec des amis; je me rappellerai toujours du sentiment grisant d’ajouter une pièce après l’autre, jusqu’à ce que la construction s’écroule faute de les avoir mal placées.
Quand c’était moi qui ajoutais la pièce responsable de la fin de la partie, j’éprouvais tout de même un sentiment de culpabilité, peu après.
Excitation et culpabilité se côtoient rarement mais sont à la base de nos utopies techniques.
D’autres s’en accommodent et proposent des solutions intermédiaires et d’autres les enfouissent profondément ne voulant retenir que le plaisir et l’expérience vécue.
Des utopies techniques se sont donc créées avec les philosophies accélérationnste, éco-moderniste ou néo-schumpétérienne.
Points de définition:
L’écomodernisme : Philosophie qui veut maximiser sur les effets des nouvelles technologies pour régler la question environnementale.
La tendance ”accélérationniste” avec son manifeste: Une critique du capitalisme voulant mettre la technologie au centre des enjeux sociaux et de la lutte pour l’émancipation théorisée par Alex Williams
La tendance néo-schumpétérienne: Une vision considérant que la dynamique de l’innovation se fait au gré des processus économiques complexes qui induit une injonction à innover pour éviter les éventuels risques de pénuries causés par une forte démographie.
On espère alors une innovation exponentielle. Le problème ici est la croyance qu’il y a des accélérations technologiques à profusion alors qu’elles ne sont qu’un ensemble d’avancées techniques.
II) La limite de l'innovation exponentielle
Ces 3 utopies technicistes oublient que notre système ne mute pas aussi rapidement et qu’il est édifié sur des systèmes techniques à grande échelle déjà existants.
Un développement exponentiel des technologies n’est pas possible car le monde et ses constructions reposent sur des matériaux.
Deux arguments de Philippe Bihouix tirés de son livre “Le Bonheur était pour demain”
Il n’ y a pas de loi Moore dans le monde physique de l’énergie
A l’échelle mondiale et les bilans des bilans fait flux de matières, de produits intermédiaires et de produits finis ,notre économie n’a jamais été aussi matérielle
Si nous continuons à produire et extraire de l’énergie cette allure , il faudra des ressources de toute nature et en grande quantité.
Le progrès et les utopies technicistes ont distendu notre rapport à la production d’énergies et nous procure l’illusion de devoir innover en permanence.
Nous sommes pris dans cette ruée vers l’innovation tout en feignant la volonté de réduire l’épuisement la vitesse des ressources qui nous sont accessibles.
Cela risque d’être difficile avec la révolution des objets connectés qui nous est promise.
Les utopies technicistes demeurent bien en place puisqu’elles ont le pouvoir de changer notre rapport à ce qui est et ce qui a été.
Regarder aujourd’hui dans le débat médiatique le simple fait de interroger sur les usages de technologies est considérer comme être “anti-science” ou “anti-progrès”.
Nous ne savons pas vers quoi l’on va mais nous y allons gaiement. Qu’est-ce que vous en pensez ? De laquelle de ces 3 utopies vous sentez vous la plus proche ? Dites-le moi en commentaire.