Partie 2 : La remise en question - Chap. 2 : Le problème des carburants
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Partie 2 : La remise en question - Chap. 2 : Le problème des carburants
Certes, on cherche bien des solutions alternatives, on parle de mobilité douce, d'énergies renouvelables et de bien d'autres choses, mais à l'heure actuelle, rien n'est encore vraiment au point.
Passer à l'électrique ?
Crédit image : © Tesla
La voiture électrique a une autonomie limitée par rapport à la voiture thermique - que ce soit essence, diesel ou gaz - son temps de recharge est long et les bornes de recharge sont rares. De plus, il y a eu des cas d'incendie en parking fermé - même s'il semble aux dernières nouvelles que le problème soit réglé - et si son silence sur les routes est célébré par certains, d'autres le redoutent parce qu'en ne donnant pas l'alerte acoustique de l'approche d'un véhicule, il peut favoriser les accidents, notamment en ville avec les piétons inattentifs.
Quid de l'hydrogène ?
Crédit image : © Alexander Limbach/imago images
(et, tant qu'à faire, de l'ammoniac ?)
Crédit image : © Forum News service files
Les moteurs à l'hydrogène (donc au final à l'eau) et ceux à l'ammoniac en sont encore au stade expérimental, quoi qu'on en dise, et même si ces technologies paraissent très prometteuses, il reste encore des problèmes techniques à résoudre et de toute façon, à l'heure actuelle, le réseau de réapprovisionnement est lui aussi encore très insuffisant - voire carrément inexistant.
Et les transports en commun ?
Crédit image : © René Birgen
On réinstalle bien des trams dans certaines villes où ils avaient disparu, on en installe dans certaines autres où ils n'avaient jamais existé, le tram a l'avantage de fonctionner à l'électricité - mais je vois mal le tram remplacer la voiture ou les autres formes de transport en commun, surtout avec les grands travaux routiers de réaménagement qu'il nécessite (demandez un peu aux Liégeois en Belgique ce qu'ils en pensent : le cas de Liège prouve bien que ce remplacement ne se ferait pas sans mal. En tout cas bravo à Bruxelles - et aussi à la côte belge - d'avoir gardé leurs trams, qui pendant des décennies leur ont sans doute donné leur charme suranné mais qui aujourd'hui les replacent, de manière inattendue sans doute au départ, à la pointe du progrès.) Au moins les trains de 2024 fonctionnent à l'électricité, les autobus à l'hydrogène - du moins en Europe. Les trains ont d'ores et déjà leur réseau de chemin de fer depuis cent cinquante à deux cents ans, et les autobus circulent sur le réseau routier déjà existant (et ce depuis des décennies). C'est un avantage indéniable. Mais en dehors de cela, ils sont sujets à toutes les limitations et contraintes des transports en commun - disponibilité limitée, trajets indirects (puisqu'il faut desservir tout le monde), difficulté de transporter à la fois personnes et marchandises (vous avez déjà essayé de transporter des sacs de courses en bus ou en train ?) et s'ils sont gratuits dans certains pays qui veulent encourager leur usage (le Luxembourg par exemple), c'est loin d'être le cas partout. Et là où ils sont payants, billets et abonnements ne sont pas forcément bon marché - en tout cas pas pour les petites bourses.
Des carburants "propres" vraiment propres ?
Crédit image : © PNGArts
Si l'hydrogène comme l'électricité sont en eux-mêmes des carburants "propres", au moins sur le papier, ce qui pose problème avec eux, c'est qu'il faut commencer par les produire, que leur production demande elle aussi des sources d'énergie et que les énergies réputées "propres" et "naturelles" comme le solaire, l'éolien ou l'hydroélectricité ne suffiront pas à la tâche - et s'il faut alors avoir recours aux carburants fossiles, ou à l'extraction de terres rares dans les conditions que l'on sait, on ne fait rien d'autre que déplacer le problème, mais on est en réalité loin de l'avoir résolu.
Et le bioéthanol ?
Crédit image : © Ardanon - Fotocommunity.fr
Les biocarburants sont d'ores et déjà en usage, notamment pour les tracteurs et les gros véhicules utilitaires, mais ils posent eux aussi des problèmes, de nature éthique ceux-là : celui d'utiliser une ressource (le colza) qui pourrait et devrait plutôt être consacrée à l'alimentation (humaine comme animale), celui d'utiliser pour la produire des champs qui pourraient et devraient plutôt être consacrés eux aussi à la production de nourriture alors que toute une partie de l'humanité souffre encore de la faim (les besoins en la matière sont énormes, n'arrêtent pas de grandir et sont encore loin d'être tous couverts), et celui de devoir abattre des forêts pour pouvoir produire cette ressource en quantité suffisante alors même que les forêts sont le poumon de la planète, qu'elles contribuent à fixer le carbone, que l'air mondial est déjà dangereusement pollué, que le réchauffement climatique inquiète tout le monde et qu'avec ça, on se prive d'une solution possible et on ne fait qu'aggraver le problème.
Ah, l'éthique, parlons-en justement
Crédit image : © Google
Tant que nous en sommes aux questions éthiques et au déplacement de problèmes, mentionnons tout de même histoire d'être complets, ne serait-ce que pour mémoire, l'extraction polluante et dangereuse des terres rares pour fabriquer les batteries des voitures électriques, toute l'exploitation de main-d'œuvre pauvre à laquelle elle donne lieu (y compris celle des enfants), et l'élimination tout aussi polluante des panneaux solaires et des éoliennes en fin de vie (il en existe des casses entières dont on a bien l'air de ne pas très bien savoir quoi faire ! En tout cas, même si des solutions de recyclage total ou partiel existent ou alors sont envisagées, il n'en reste pas moins que pour ce qui est du "zéro déchet", on repassera.)
De vraies solutions ?
Crédit image : © greenstories
Et de toute façon, sur tous ces carburants alternatifs quels qu'ils soient, on manque de recul concernant leur potentiel polluant intrinsèque et on ignore aussi encore si, de la même manière que pour les biocarburants, l'hydrogène ou l'électricité, on n'est pas en train de créer un ou plusieurs nouveaux problèmes en tentant d'en résoudre un qui existe déjà.
On en reste au thermique alors ?
Crédit image : © Reuters
Le moteur thermique est polluant quel que soit le carburant utilisé, et c'est bien lui qui est désigné comme l'un des principaux responsables du réchauffement climatique (certes, juste "un des", pas le seul et probablement pas le pire, et c'est bien pour cela que je suis de ceux qui croient que malgré tout ce qu'on peut en dire, le moteur thermique est loin d'être fini et a encore de beaux jours devant lui).
Et les avions ? Et les bateaux ?
Crédit image : © Best Fare Travel - Google
Les avions utilisent toujours leur kérosène, on n'a pas encore trouvé de solution plus écologique en ce qui les concerne même si on y travaille, et quant aux bateaux, il existe bien des expérimentations visant à recommencer à utiliser le vent comme dans le bon vieux temps pour au moins compléter les carburants fossiles et en remplacer une partie pour faire avancer un bateau, certains naviguent déjà à l'ammoniac, mais là aussi, on en est encore à l'expérimentation et aux preuves de concept. Et plus d'un objectera chiffres à l'appui que les avions et les bateaux - et aussi les industries... et même l'agriculture d'ailleurs... et surtout la production d'énergie en elle-même... - polluent bien plus que l'ensemble des voitures individuelles du monde entier malgré leur nombre.
Et la mobilité douce ?
Crédit image : © Iryna Schubchynska - Dreamstime
Mettre à la disposition du public des parcs à vélos ou trottinettes électriques et encourager leur usage - à partir de ces parcs ou comme véhicules privés - est certes une initiative louable. Ils permettent accessoirement à leurs usagers de se donner de l'exercice physique sans avoir à se rendre à la salle de fitness - même si l'effort physique demandé par le vélo électrique d'aujourd'hui n'a plus grand-chose à voir avec celui qu'exigeait son ancêtre qui ne fonctionnait qu'à l'huile de muscle (surtout dans les montées... moi dans ces cas-là je descends de vélo et je monte à pied en poussant ma bécane, c'est comme ça depuis toujours et je n'ai jamais pu faire autrement). Trottinette et vélo électrique font partie de la palette de solutions proposées pour résoudre les problèmes de la pollution et de la congestion du trafic urbain, et il faut reconnaître qu'à ce titre, ils remportent un certain succès et que les jeunes cadres sont les premiers à donner l'exemple plutôt que de se déplacer en ville en voitures cossues. Mais malgré tout cela, je vois mal le vélo et la trottinette, même électriques, limités à 25 km/h, remplacer la voiture ou les transports en commun en dehors du contexte urbain, surtout sur de longs trajets. Et dans ce contexte, encore faut-il prévoir aussi les parkings en dehors de la ville pour laisser sa voiture et sortir son vélo ou sa trottinette de son coffre - ou pour se rendre à pied à l'un des parcs dédiés.
Donc au final on fait quoi ?
Crédit image : © Alexas Fotos - Pixabay
Autant dire pour résumer le tout que quel que soit le volontarisme affiché par certains pouvoirs politiques - et qui a, reconnaissons-le, au moins le mérite d'exister - le remplacement et la disparition totale des carburants fossiles et du moteur thermique ne sont pas encore pour demain. Et aussi que même leur remplacement et leur disparition totale ne se feraient pas sans problème. Et cela n'a rien à voir avec une quelconque opposition - que l'on peut certes logiquement supposer très active - de la part des lobbies de la production de carburants fossiles (sociétés pétrolières et gazières), à moins que ces sociétés aient l'intelligence nécessaire pour se reconvertir à temps (et que leur opposition ne soit pour elles qu'une manière de gagner du temps pour pouvoir procéder à ladite reconversion sans se faire dépasser par la concurrence).
Et encore n'avons-nous parlé jusqu'à présent que du problème des carburants et de la pollution qu'ils engendrent. Et certes, c'est déjà un grand problème. Mais ce n'est pas le seul. Il y en a d'autres.
Crédit image couverture : © Philippe Huguen / AFP