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Le début de la fin ?

Le début de la fin ?

Published Jun 18, 2021 Updated Jun 18, 2021 Health
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Le début de la fin ?

Quand mon compagnon rentre le midi, je lui explique la situation, mon arrêt de 15 jours et mon état. Je vais un peu mieux, en revanche, j’ai très peu faim. L’après-midi, je prépare mes affaires, car nous partons pour le week-end, voir nos amis et la famille. D’habitude, je suis toujours très enthousiaste à l’idée de les voir, là, je me sens oppressée. Le soir, nous dînons chez mes beaux-parents, je ne parle quasiment pas, je peine à manger ma part de quiche lorraine. Je prends de toutes petites bouchées, mais j’ai du mal à avaler. Je remue beaucoup les jambes, me tords les mains, je suis là sans être là. Ils se rendent compte que je ne vais pas bien et nous partons immédiatement, notre maison pour le week-end est à 5mn de chez eux. 

À peine rentré, je m’écroule et pleure. Je n’arrive pas à parler. Je prends peur, c’est plus sérieux que je ne pensais. Nous sortons nos petits rats domestiques, il n’y a qu’eux qui arrivent à me faire penser à autre chose, mais pas longtemps. Je les observe, recroquevillée, sans dire un mot. J’alterne entre contemplation et sanglots.

Au moment de prendre mes médicaments, j’ai du mal à avaler un verre d’eau. Nous nous couchons et là, une nuit d’enfer commence.

Vers 4 h du matin, je me réveille en sursaut. J’ai des angoisses, des palpitations et je suis brûlante. J’ai l’impression que mon corps crépite, comme s’il était rempli de pop-corn qui saute. Je pleure encore et toujours. Jusqu’à 9 h du matin, je ne fais qu’aller aux WC uriner et pleurer. Comme si mon corps se purifiait. J’ai une sensation de régression, comme si j’étais une petite fille et qu’il fallait qu’on s’occupe de moi.

Cette nuit-là, j’ai compris ce qu’il se passait. Je faisais un burn-out. Tout ce que tous les témoignages expliquent, c’est ce que je suis en train de vivre. Un corps et un esprit en surchauffe, je suis dans l’incapacité de bouger et de réfléchir. Moi qui ai un mental très actif, il n’y a plus rien, mon cerveau est comme vide. Je n’ai plus de force physique et mentale. Il n’y a que mes fonctions vitales qui fonctionnent encore un peu. Jusqu’à présent, je luttais, j’étais dans le déni. Au moment où j’ai compris, que j’ai posé des mots sur mes maux, j’ai accepté ce qu’il m’arrivait et je me suis sentie plus sereine. Ça y était, moi aussi, j’allais passer par là. Comment j’allais m’en sortir ? J’avais lu que des personnes pouvaient mettre des années à s’en remettre.

Vers 9h, je me lève difficilement pour prendre un anxiolytique, lever un verre est devenu presque insurmontable, je tremble comme s’il pesait 10 kg. La déglutition est pénible. Voyant que me nourrir est compliqué, je prends peur et me vois hospitalisée. Je me mets à pleurer, tout se mélange, à la fatigue extrême vient se mêler la peur de ne pas m’en sortir. J’imagine déjà les dettes si je ne reprends pas le travail.

Nous allumons la TV, je me mets devant, mais je suis comme un zombie. J’ai les yeux rivés sur l’écran, mais il ne se passe rien dans ma tête, je pourrais regarder la mire, ça me ferait le même effet. J’ai les yeux fixes, la bouche entrouverte, assise sur mes mains. 

Ma sœur, qui a eu ma mère au téléphone est inquiète, appelle sur mon portable, je suis incapable de répondre, c’est mon chéri qui décroche et lui explique la situation. Elle veut venir, mais je refuse dans un 1er temps, il est hors de question qu’elle me voit dans cet état. Finalement, mon chéri me convainc et j’accepte qu’elle vienne avec ma mère. Quand elles arrivent, je demande à mon conjoint d’aller voir ses parents, il est lui aussi très mal de me voir dans cet état et de ne pouvoir rien faire, et je veux le préserver aussi. Ma mère me dit qu’elle a discuté avec mon père, qu’il est inquiet pour moi et qu'ils ont discuté de sa période à lui, où il était malheureux, quand ils ont divorcé. À cette époque, sa thérapie a été de se mettre à fond dans le vélo. Il en faisait déjà avant, mais là, il avait besoin de se faire “du mal” pour penser à autre chose. Je suis pareil, je préfère la douleur “physique” à la douleur mentale.

Malgré ma réticence de ne pas vouloir les voir, je suis contente qu’elles soient là. J’ai même réussi à manger un petit bout de brioche. 

Ma sœur décide d’aller voir un arbre de l’autre côté du muret, en face de chez nous. Sauf qu’au moment de remonter, elle reste coincée sur le muret. La voyant par la fenêtre, je trouve la force de sortir, elle rigole et je ne peux m’empêcher de rigoler aussi, face au comique de la situation. Je suis faible, mais j’arrive quand même à l’extirper de là.

Ce moment restera gravé dans ma mémoire, j’ai réussi à rire quelques instants, ça me fait un bien fou. Après avoir pleuré pendant 24h, je vois la lumière au loin, tout n’est pas perdu.

 

crédit photo : pixabay.com

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