Chapitre 2
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Chapitre 2
Mary récupéra sa valise sur le tapis roulant et se dirigea vers la douane. Elle n’avait strictement rien à déclarer : elle n’avait avec elle que des vêtements et quelques produits de beauté. Son sac à main dans le creux de son bras, elle partit en direction de la sortie.
Tout en marchant sur le sol carrelé de l’aéroport, la jeune femme pouvait entendre le bruit des conversations autour d’elle. Le murmure des langues étrangères était toujours un plaisir à entendre pour elle. Que ce soient des groupes d’amis, des familles, des collègues de travail, voir tant de gens se réunir au même endroit lui donnait ce frisson d’excitation. Elle n’était pas faite pour rester dans les bureaux d’Helsinki, elle avait besoin de bouger, de voir le monde !
Au travers des portes vitrées, elle pouvait voir la lumière des lampadaires : à cette période de l’année à Oslo, il faisait encore nuit vers 7 h du matin. Plutôt que de devoir attendre dans le froid, elle décida de rester à l’intérieur un peu plus longtemps. La jeune femme se permit de ne pas remettre son écharpe qu’elle avait retirée dans l’avion.
Elle trouva un Starbucks non loin et s’acheta un café noir pour se réveiller. Mary trouva un banc matelassé et traîna sa valise à roulettes jusque-là. Elle s’installa confortablement et serra ses mains autour de son gobelet chaud.
La journaliste regardait les gens passer devant elle. Elle aimait noter les petites particularités physiques des gens, écouter leurs accents, essayer de deviner les relations qui unissaient les personnes d’un même groupe.
Elle repéra alors un regroupement qui attira son attention. Ils étaient une petite vingtaine de personnes qui parlaient dans une langue qu’elle connaissait. Certains semblaient très jeunes, comme à peine sortis de l’adolescence, et d’autres avaient l’air déjà beaucoup plus âgés. Derrière eux, quatre personnes semblaient prendre en charge les valises de tout le groupe. Les gens se contentaient de porter chacun un sac à dos qui devait sans doute contenir leurs affaires indispensables.
Les plus jeunes parlaient avec animation, riant à voix haute et se chamaillant comme des gamins. Derrière eux, leurs aînés semblaient essayer en vain de les calmer, bien qu’ils avaient plus l’air de s’amuser qu’autre chose.
Leur langue n’était pas du finnois, mais Mary la connaissait et la comprenait : il s’agissait d’un groupe d’Islandais. Et il ne lui fallut pas très longtemps pour les reconnaître !
Il s’agissait d’une partie des athlètes envoyés à Oslo pour les Games of Valhalla. Elle avait repéré un des sportifs en patinage de vitesse. Une autre était une étoile montante du skeleton féminin ! Et ils étaient là, à seulement quelques mètres d’elle !
Mais la personne qui semblait être au centre de l’attention ne tarda pas à se faire aborder par deux passantes visiblement surexcitées. Leurs téléphones portables dans la main, Mary les entendit demander dans un Islandais approximatif si elles pouvaient se prendre en photo avec lui.
Le jeune homme leur offrit un grand sourire charmeur et accepta avec plaisir. À côté, ses camarades s’éloignèrent en ricanant. À peine les deux voyageuses repartaient-elles ravies, admirant les photos prises, qu’un couple s’approchât à son tour et formulât la même demande.
Il a toujours autant de popularité partout où il va, songea Mary en souriant, prenant une nouvelle gorgée de café.
Elle avait elle-même déjà eu le plaisir d’interviewer Kenshin Oddvarson deux ans plus tôt, et il était vrai que sa renommée faisait partie de son charme. Si elle avait bien reconnu les athlètes, c’était grâce à ce garçon. Partout où il allait, il ne passait pas inaperçu. Pour commencer, sa longue chevelure blonde, retenue dans une queue de cheval haute, ne laissait personne indifférent. Lorsque les journalistes lui avaient demandé la raison pour laquelle il avait laissé pousser ses cheveux jusqu’à près de la moitié de son dos, il avait simplement répondu que cela faisait partie de son style. Et du style, Dieu savait qu’il en avait !
D’ordinaire, les patineurs artistiques étaient des hommes assez grands et sveltes. À son arrivée dans ce monde, Kenshin avait déjà marqué sa différence par une taille plus petite que ses concurrents, mais un charme indescriptible et une souplesse presque inhumaine ! Il s’était rapidement fait un nom sur la glace, et on disait très souvent qu’il illuminait son entrée dans la patinoire ! Sa popularité, son talent et son élégance lui avaient fait gagner le surnom d’« étoile de feu ».
Et si Mary en savait autant, c’était en partie grâce à son travail de reporter, mais surtout car il était l’idole d’Alix. Il ne ferait aucun doute que sa collègue n’allait pas faire la tête longtemps en apprenant sa présence ici !
Après un dernier coup d’œil à l’attroupement qui entourait maintenant le patineur, la journaliste remarqua un autre groupe qui traversait l’aéroport. Celui-ci était plus petit, n’étant composé que d’une petite dizaine de personnes. Et l’œil aiguisé de Mary lui permit de se rappeler de qui il s’agissait. Cette fois, c’était des athlètes norvégiens. Sans doute venaient-ils du nord du pays pour arriver par avion.
Ils étaient moins bruyants que les Islandais, mais ils ne cachaient pas non plus leur enthousiasme. Et le fait que la jeune femme les ait reconnus si facilement était dû à la présence d’un couple iconique des sports d’hiver. Et il n’était pas compliqué de le repérer. Une jeune femme aux cheveux bruns était presque accrochée au bras d’un adulte qui devait avoir dans la moitié de la vingtaine. Elle était belle, sans aucun doute, avec un visage radieux et un sourire éclatant. Plusieurs personnes la reconnurent et elle les salua avec un signe de la main chaleureux. Sander Sorensen avait vraiment tout pour elle : un homme incroyable, la beauté et un incroyable palmarès en tant que skieuse en ski alpin.
Son conjoint avait l’air bien plus renfrogné qu’elle. Et pour avoir vu des interviews d’Emund Andersen, Mary savait qu’il était comme ça lors des événements sportifs. Il avait déjà participé aux précédents Jeux olympiques d’Hiver, où il avait d’ailleurs remporté une médaille en snowboard cross et s’était toujours montré distant avec les caméras. Était-ce la timidité qui lui faisait éviter de s’exprimer librement ?
Pourtant, on ne s’attendait pas à quelqu’un de timide en le voyant. Grand, musculeux, avec une peau métisse, des cheveux noirs un peu en bataille, il donnait plutôt l’impression de quelqu’un qui fonçait dans le tas au premier abord.
Le bruit venant du groupe islandais ayant attiré son attention, Emund tourna la tête vers le patineur qui continuait d’accueillir des admirateurs. Au moment même où il posait ses yeux bleus sur lui, le blond tournait la tête et ses prunelles vertes croisèrent son regard. Pendant une poignée de secondes, le Norvégien se décrispa et son visage s’adoucit. Le sourire de Kenshin s’effaça légèrement, et son visage avait une sorte de tristesse discrètement élégante.
Une bonne dizaine de mètres les séparaient et les passants marchaient entre eux, mais les deux athlètes ne se lâchaient pas du regard.
Et depuis son banc, son gobelet de café chaud entre les doigts, Mary les observait avec curiosité.
— Kenshin ! On y va maintenant !
Un homme de taille moyenne au visage crispé attrapa le poignet du patineur et tira brutalement dessus. Sans doute son coach. L’intéressé détourna le regard du snowboardeur et se tourna vers lui. Comme rêveur, il se contenta de hocher la tête et le suivit. De son côté, le Norvégien fixa son dos, jusqu’à ce que son bras secoué par sa petite amie le ramène à la réalité. Il s’éloigna comme si de rien n’était, toujours renfrogné.
Toujours assise, la journaliste resta immobile.
J’ai assisté à quoi, là ?
Dessin original d'Elysio Anemo
Cheshire 4 months ago
Damn !!! C'est que le premier chapitre mais je suis déjà accro !!! Hâte de voir la suite
Elysio Anemo 4 months ago
Moow, merci très chère !