29 avril - Je t'aime moi non plus
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29 avril - Je t'aime moi non plus
Voilà, doucement, lentement, je lâche prise, je fais mon deuil. Ça va passer. Cette déprime, dépression, coup de moins bien, baisse de régime, tout ça va passer. Lentement, doucement. Je me donne le temps, du temps. A ne rien faire, retenir mon souffle, bouger le moins possible. Laisser couler les minutes sans qu'aucune émotion ne vienne troubler mon âme meurtrie. Les médocs aident bien aussi, mais j'arrive à ressentir cela de plus en plus souvent. Bien sûr j'y pense, et peut être qu'il y pense aussi à sa façon. Mais la douleur s'efface, s'estompe comme la couleur de l'aquarelle noyée par l'eau.
Ce matin, mon mari m'a fait une déclaration d'amour. Une très belle déclaration d'amour, comme on en n'entend pas souvent après 15 ans de vie commune. Lui m'aime, c'est une évidence qui le rend parfois fou. Et moi ? Où j'en suis de mes sentiments pour lui ?
Va falloir que j'arrête mes conneries maintenant. L'heure est grave, le moment est important. Mon mari sait tout, sent tout ce qui se passe dans mon cœur et dans ma tête. Je me tais mais je ne peux pas nier. Alors suis-je prête à tout lâcher pour un type ? A le laisser ? à tout laisser tomber pour un cœur qui s'emballe sans réciprocité ? Et même s'il y avait réciprocité, qu'est-ce que j'en ferai ? Sa deuxième tranche de vie, mon mari veut la vivre avec moi.
A vrai dire, je ne sais pas où j'en suis. Je regarde ailleurs comme si j'étais perdue ici. J'aimerai me concentrer sur ce que j'ai, sur le tangible, le concret, le réel mais mon esprit s'échappe et préfère les chimères et les ombres.
Pourtant la recette du bonheur est là tout près de moi, à portée de main. Il suffit que j'aime mon mari, oh même pas autant que lui m'aime mais juste assez pour que son besoin d'être aimé soit satisfait et nous voguerions vers des cieux illuminés d'amour et de tendresse. Il me couvrirait de caresses, de baisers, me bercerait de mots doux, m’enlacerait avec fougue et passion. Il ferait tout pour me faire jouir, me voir jouir, pour que nous jouissions ensemble, comme unis dans l'éternité.
Ce matin, c'était un ultimatum. Une ultime alarme. Il ne restera pas avec quelqu'un qui ne l'aime pas, avec qui il n'y a que froideur. A moi d'écrire ou pas la suite de notre histoire en m'engageant dans mes sentiments et dans mon corps.