2 février - Mayday, larguage en plein vol
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2 février - Mayday, larguage en plein vol
Je l'ai perdu, l'est plus sur les écrans radars, j'le vois plus, je l'ai perdu. Mayday mayday, flirt en chute libre, je perds le contrôle de ses sens, et y'a pas de parachute...
Il est passé du chaud au froid. Comme dans ce jeu d'enfant où l'on cherche un objet caché à l'aide des indications fournies par celui qui sait. On se lance à tâtons, et l'autre vous crie : "C'est tiède". Tiède, ça l'a été pendant de longs mois, puis soudain c'est devenu chaud, chaud, avec de la réciprocité et des jeux, puis ça brûle, avec l'évidente attraction mutuelle, jusqu'à sa tête à 50 cm de mes jambes sous le bureau.
Et là, après une semaine de congés donc d'éloignement forcé vu qu'on se voit qu'au boulot, force est de constater que c'est froid, comment dire, froid-glacé, froid-gelé. Tango Charlie retour à la base en looping. Plus un regard, il me parle en regardant sa feuille, s'il me croise il fait un détour en piqué, ne fait même plus la bise. Bref, la douche froide.
Alors, soit je ne lui plais plus, mais ça serait bizarre un tel revirement. Le pilote qui décide de changer de cap au dernier moment, sans raison apparente, alors que la cible est droit devant lui... Humm... D'autant que je l'ai encore surpris en train de me mater par 3 fois en 5 minutes... La glace fond vite quand on perd de l'altitude...
Soit il a pris peur. Le pilote panique et se crispe sur le manche, c'est le cas de le dire. Parce que trop dangereux, trop d'enjeux, le boulot, sa femme, sa famille, ses valeurs...? Une fois la cible en vue, il contrôle les écrans dont les aiguilles sont dans le rouge, renonce à appuyer sur le bouton qui enverrait la bastos, puis rentre au bercail plein gaz.
Mais réfléchissons. Quand quelqu'un te plait pas, tu ne l'ignores pas, tu t'en fous. Là, force est de constater qu'il s'en fout pas, il résiste. Il lutte, il se bat pour ne pas craquer et succomber à ses envies.
Parce que ça doit compter pour lui sinon il prendrait ça pour un jeu. Moi je m'amuse, même s'il me plait beaucoup. Mais j'ai l'aval de mon mari et ça change beaucoup de choses. Si pour lui c'est possiblement sérieux, que je lui plais éventuellement vraiment, alors un passage à l'acte ne pourrait pas être pris à la légère. Il y aurait forcément des conséquences, comme la bastos te transperce le cœur et le fait saigner. Et aujourd'hui il ne se sent pas prêt à assumer tout ça ou il n'en a pas envie. Peut-être pense-t-il que le jeu n'en vaut pas la chandelle.
Ou alors il s'est foutu de ma gueule. Il a testé jusqu'où ça allait, jusqu'où je me ridiculisais à répondre à ses prétendues allusions, il a bien rigolé puis il s'est barré.
Et moi je me sens triste qu'on ne s'amuse plus, ça me manque nos chassés-croisés aériens. Je me sens comme en sevrage érotique à 10 000 mètres d'altitude. Je suis aussi déçue que mon pouvoir de séduction ne soit pas plus fort que ses peurs. Là oui, je me sens en échec, vexée, même que je pourrais lui faire la gueule pendant des jours. Et puis je ressens aussi de la colère qu'on ne puisse pas en parler un peu pour sortir de ces non-dits. En attendant, moi, je le kiffe toujours, ses yeux verts me font toujours frémir, son allure ténébreuse me ravit, le son de sa voix me fait mouiller, son sourire en coin me fait fondre.
Et là, je souffre de son indifférence.