La Cour des épées dort à points fermés et un léger manteau de neige commence à se former ici et là, offrant un éclat blanc à la nuit sombre. La rue est presque aussi silencieuse, seuls les sabots lointains des équipages rompent le calme hivernal. La lune changeante offre quelques ombres étendues dans la cour, entre les filets de lumière perçant des volets clos.

Flavia se tient dans l'ombre du porche, une sorte de limbe entre la clarté de la rue et l'obscurité de la cour.
Le mur bas du Cimetière des Innocents, en face, empêche les bâtiments adjacents de projeter leurs ombres sur la voie qui passe devant la cour. Un halo blanc et diaphane flotte au-dessus du sol, recouvrant doucement la boue foulée par les tombereaux.

Prudemment, Flavia avance la tête et le regard, cherchant à percer le mystère de la nuit. Un homme à cheval se dresse devant elle, sur un destrier baie au galbe majestueux.
Il tient un autre cheval par la bride, un superbe animal à la robe grise, tachetée de noir. Les chevaux demeurent calmes, alors que le cavalier reste dos à Flavia, sa capeline ample retombant en longs pans sur la croupe de sa monture.

Bien qu'elle ne puisse voir son visage, Flavia ressent le danger émanant de cet homme. Si une rapière est accrochée à son côté gauche, elle demeure hors de sa vue, dans un angle mort. Un second cheval, tenu en bride sur sa gauche, porte des sacoches, et une crosse de pistolet émerge discrètement de l'une d'entre elles, à portée de main du cavalier.

Les mouvements de sa capuche trahissent une vigilance constante, celle-ci pointant régulièrement vers chaque recoin de la rue, anticipant le moindre mouvement. Flavia réalise qu'il serait bien trop risqué de sortir dans la rue, même furtivement. Le cavalier pourrait la repérer instantanément.

Elle observe avec précaution la silhouette encapuchonnée du cavalier et de la femme, tous deux arrivés à cheval devant la Cours des Epées. La femme est entrée chez Jérôme Bonchamp et y a passer un moment. Le cœur de Flavia bat la cham