Chapitre 1 : Les Mystères de Paris
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Chapitre 1 : Les Mystères de Paris
Le vent glacial de l’hiver s’engouffrait dans les rues étroites de Paris, faisant voler les flocons de neige comme des étoiles filantes dans le ciel nocturne. Flavia, jeune saltimbanque au cœur vaillant, se tenait debout, observant les gardes suisses s’éloigner pour leur service au Louvre. La solitude l’enserrait comme un étau, mais elle était déterminée à ne pas faillir. Autour d’elle, les logements de la troupe de la Commedia dell’ Marzocco étaient menacés par un décret royal, qui avait surpris toute la petite communauté des locataires de l’usurier Henri Picolet. Toutefois, Flavia ne pouvait se laisser abattre par ces sombres perspectives.
Flavia était une figure contrastée dans la pénombre de sa chambre de bonne. À l’âge tendre de seize ans, elle était encore à mi-chemin entre l’enfance et l’âge adulte, et entrait dans la saison fougueuse et impétueuse de la jeunesse. Dotée d’un corps solide, athlétique et élancé, Flavia portait une aura de puissance maîtrisée, sa silhouette gracieuse révélant la force intérieure qui brûlait en elle, se révélant jusque dans ses postures. Ses longs cheveux auburn ondoyants comme une cascade de feuilles d’automne et parfois flamboyants au reflet de la bougie, encadraient un visage aux traits doux, mais ses yeux sombres brillaient d’une détermination farouche.
Vêtue d’une veste rouge élimée par les spectacles itinérants, elle semblait à la fois fragile et résiliente, comme une rose qui pousse entre les pavés. Sa posture trahissait une certaine nervosité, mais lorsqu’elle tenait son arbalète, qu’elle maniait avec une précision déconcertante, ses mains devenaient stables et agiles, prouvant ainsi sa passion à maîtriser son art de saltimbanque. L’arbalète posée près d’elle était comme une extension d’elle-même, un moyen de se défendre et de montrer son talent au public.
De plus, son numéro de funambule comportait désormais une phase culminante où elle s’asseyait sur une chaise dont les deux pieds étaient en équilibre sur sa corde. Elle visait alors une pomme placée dans une corbeille de fruits et la plantait dans une planche de bois épaisse. C’était grâce à ses nouveaux amis acrobates de la troupe qu’elle avait pu atteindre ce degré de performance inégalée dans ses entrainements solitaires et itinérants.
Ayant appris à lire et écrire à Genève, elle était bien plus qu’une simple artiste de rue. Flavia était une jeune femme en quête de son identité, défiant les conventions de son époque pour se tailler une place dans un monde dominé par les hommes. Flavia était une énigme en soi, combinant habilement la fougue de la jeunesse avec la sagesse acquise auprès de ses oncles mercenaires, dont elle était déterminée à ne plus dépendre matériellement. Ses origines suisses la rendaient étrangère à Paris, mais sa persévérance et sa soif de liberté feraient d’elle un personnage mémorable au cœur des mystères qui la guettaient.
Installée dans sa chambre exiguë, Flavia se laissa bercer par les flammes vacillantes du poêle, plongeant dans ses souvenirs les plus intenses. Ce soir-là, le théâtre de la Commedia dell’ Mazorcco était en ébullition. Les rires, les applaudissements et les éclats de voix résonnaient dans l’air chargé de poudre et de parfums. Les spectateurs étaient comblés par la performance de la troupe, mais le destin en avait décidé autrement.
Le bruit de la foule s’était estompé, le rideau était tombé, et la troupe s’était hâtée de quitter les loges pour se changer à l’étage, ignorant l’ombre menaçante qui planait sur eux. Flavia se souvenait de cette sensation étrange qui la traversait lorsqu’elle avait croisé le regard de ces deux hommes masqués alors que la salle se vidaient des artistes et des derniers spectateurs. Elle rangeait la salle et éteignait les candélabres.
Un frisson parcourut son échine tandis qu’elle revivait ce moment dans sa mémoire. L’un d’eux portait une fleur de chardon à son col, symbole mystérieux qui restait gravé dans son esprit. Ils semblaient surgir de nulle part, silencieux et inquiétants, comme des fantômes se glissant dans l’ombre du théâtre. Flavia avait décelé une aura malfaisante autour d’eux, une présence sinistre qui ne présageait rien de bon.
Perdue dans ses pensées, elle se rappela que leur regard s’était croisé, brièvement mais intensément. Elle avait vu la lueur malicieuse dans leurs yeux masqués, comme si leur présence avait un sens caché, un message à transmettre. Puis, le moment avait été interrompu par un bruit étouffé, suivi de flammes qui avaient surgi des corridors encadrant les deux hommes et s’étaient propagées rapidement, dévorant tout sur leur passage.
Flavia ferma les yeux, cherchant à éclaircir ce mystère qui la hantait. Que voulaient ces hommes masqués ? Pourquoi avoir mis le feu au théâtre ? Était-ce un acte de vengeance ou une machination plus complexe ?
Le visage de Mathilda surgit alors dans son esprit, avec son masque de Brighella, déterminée à faire justice. Flavia savait qu’elles ne pouvaient pas laisser cette injustice impunie. Elles étaient liées par un serment tacite, un désir brûlant de découvrir la vérité et de rendre à la troupe sa gloire passée.
C’était désormais à elle, Flavia, d’aider Mathilda à retrouver ces hommes masqués et à lever le voile sur leurs sombres desseins. Sa détermination grandit encore plus dans l’obscurité de sa chambre, comme une étincelle qui embrase la nuit. Elle se jura de ne pas se reposer tant que la vérité ne serait pas dévoilée, que la justice ne serait pas rendue, et que la troupe ne retrouverait pas sa place sous les feux des projecteurs, où elle méritait de briller à nouveau.
Soudain, une voix grave résonna depuis l’escalier étroit menant aux combles. « Flavia, ma chère, tu es là ? » C’était Mathilda, la talentueuse cheffe de troupe et confidente de Flavia. Elle entra dans la pièce, portant son masque de Brighella, symbole de leur quête de vérité et de justice, qu’elle releva immédiatement au-dessus de sa coiffe, pour mettre fin à la plaisanterie.
« Oui, Mathilda, je suis là, » répondit Flavia, ressentant le réconfort de la présence de son amie.
Mathilda s’assit près du poêle, frottant ses mains glacées. « Ce vent glacial n’a pas son pareil pour saisir les os jusqu’à la moelle, » dit-elle en riant doucement.
Flavia sourit. « C’est vrai. Mais nous ne pouvons nous permettre de fléchir. Nous devons trouver ceux qui ont causé l’incendie et les empêcher de nuire à nouveau. »
« Tu as raison, mon amie, » acquiesça Mathilda. « Et avec notre nouveau lieu de spectacle, nous pourrons continuer à dénoncer les injustices qui minent notre belle cité. »
Les yeux de Flavia s’illuminèrent d’une lueur d’espoir. « Vincent de Paul nous a offert son entrepôt pour nos spectacles. Nous allons donner une voix au peuple, lui permettre de voir la vérité derrière les masques des puissants. »
« Exactement, » dit Mathilda, posant une main amicale sur l’épaule de Flavia. « Nous sommes plus forts ensemble. Paris nous connaîtra sous le masque de Brighella, symbole de notre engagement envers la libre-pensée et la justice. »
Les flammes du poêle crépitaient, réchauffant l’atmosphère de la chambre. Flavia sentait en elle une détermination nouvelle, un feu ardent qui brûlait dans son cœur. Elle se souvenait des mots de sa mère, lui disant que les femmes n’avaient pas leur place dans le monde des saltimbanques. Mais elle était déterminée à prouver qu’elle pouvait braver les conventions et réussir dans ce milieu exigeant.
La voix de Mathilda la ramena à la réalité. « Flavia, nous avons un avenir à bâtir ici, ensemble. Nous serons la lumière qui perce les ténèbres, la voix des opprimés. »
« Oui, Mathilda, ensemble nous serons plus forts.
Et peut-être que, dans cette quête, nous découvrirons la vérité derrière cet incendie et le mystère des hommes masqués. »
Les deux amies se serrèrent la main, scellant leur engagement envers leur cause commune. Dans ce Paris de l’hiver 1601, les périls étaient nombreux, mais leur courage était inébranlable.
Ainsi commença la nouvelle vie de Flavia à Paris, au cœur des intrigues et des mystères de la ville des lumières.
A SUIVRE…
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Ce roman, Noces d’Hiver, est donc le récit des choix qu’a fait Flavia face aux intrigues à Paris en cette année agitée de 1601. Il est donc la libre interprétation de l’auteur, des nombreux choix qu’ont pu faire les joueurs dans le cadre d’événements ludiques, quand le Masque et l’Epée était présenté en démonstration « one shot », lors des dernières décennies.
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