Chapitre 5 : L'Énigme de la Chambre Close
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Chapitre 5 : L'Énigme de la Chambre Close
Flavia garda précieusement la lunette astronomique, cachée sous le plancher de sa chambre, en attendant le moment propice pour enquêter davantage sur le mystère qu'elle renfermait. En examinant l’intérieur de l’étui, elle avez découvert une inscription gravée au fer rouge dans le cuir : « L’Hydre affole la sixième partie de la circonférence quand se remplit la coupe que le corbeau renverse sous notre très pure invitée ». La gravure énigmatique en lettres romaines continuait de la hanter, mais elle savait qu'elle ne pourrait résoudre cette énigme qu'avec le temps et la patience.
Le lendemain matin, une épaisse couche de neige recouvrait la Cour des épées, créant un paysage immaculé d'une beauté hivernale. Flavia, comme à son habitude, s'appuya sur la rambarde de la mezzanine, surplombant la cour. C'est alors qu'elle remarqua un groupe d'étudiants pénétrer dans la cour, cherchant visiblement la chambre de Jérôme Bonchamps.
Curieuse, Flavia s'approcha du groupe et s'enquit de leur présence. L'un des étudiants, arborant une tenue élégante avec une veste de cuir, expliqua qu'ils étaient des amis de Jérôme et qu'ils étaient inquiets pour lui, car il ne s'était pas rendu à l'université depuis plusieurs jours.
Flavia proposa alors de les accompagner pour prendre des nouvelles de Jérôme. Arrivés devant la porte de sa chambre, ils constatèrent que celle-ci était fermée de l'intérieur, et Jérôme ne répondait pas à leurs appels. L'inquiétude grandissait parmi les étudiants et les voisins de la cour qui s'étaient joints à eux.
Les étudiants mentionnèrent un panier de nourriture que la famille de Jérôme avait livré pour lui, mais il n'avait pas encore été récupéré. On apprit également qu'il avait été malade ces derniers jours, ce qui ajouta à l'inquiétude ambiante.
Un plan fut élaboré pour revenir plus tard dans l'après-midi et, si nécessaire, forcer la porte de la chambre si Jérôme restait introuvable. Une fois l'attroupement dispersé, Flavia savait qu'elle devrait agir avec discrétion pour explorer davantage la situation.
Plus tard, dans l'après-midi, Flavia s'approcha à nouveau de la porte de la chambre de Jérôme. La neige tombait toujours avec une douceur poétique, tandis que le silence enveloppait la Cour des épées. Seul le coassement des corbeaux perturbait le calme, comme s'ils se jouaient de la scène.
Avec prudence, elle souleva le loquet derrière la porte et entra silencieusement. La pénombre régnait à l'intérieur de la chambre. Le volet de la fenêtre était fermé, plongeant la pièce dans une semi-obscurité. Ses yeux s'attardèrent sur les objets familiers de Jérôme. Des livres éparpillés sur son bureau, une couverture défaite sur le lit, et une pile de papiers témoignant de ses études et de ses recherches.
Flavia se rapprocha discrètement de Jérôme, endormi sur sa table de travail, ses écrits éparpillés autour de lui.
La main de Flavia toucha son épaule, et elle ressentit aussitôt une froideur qui la fit frissonner. Ses sens furent en alerte tandis qu'elle tentait de contenir un cri d'effroi. Jérôme était figé dans la mort, ses traits marqués par la fatigue et l'épuisement.
Le cœur de Flavia battait la chamade tandis qu'elle posait ses doigts sur le cou de Jérôme pour tenter de sentir un pouls. Mais l'absence de palpitation révéla la dure réalité : Jérôme était bel et bien décédé.
Des pensées s'agitèrent dans l'esprit de Flavia, cherchant une réponse à cette tragédie. Que devait-elle faire ?
Les mécanismes de la raison s'animaient et s'entrecroisaient dans sa tête, alors qu'elle pesait les options qui s'offraient à elle.
Tout en restant près du corps inerte de Jérôme, Flavia se rappela la gravure énigmatique sur la lunette astronomique et de la lettre mystérieuse qu'elle avait trouvée. Elle sentait que ces éléments étaient liés à cette affaire, et peut-être qu'en résolvant cette énigme, elle pourrait percer le mystère de la mort de Jérôme.
C'est alors qu'elle remarque sous la poitrine et les bras de Jérôme qu'un carnet de poésie est ouvert. La main pâle de Jérôme, au bout des doigts tachés d'encre par le buvard, est proche de la plume et de l'encrier. Elle fait glisser le carnet jusqu'au rebord de la table, et s’en empare pour le lire : il s'agit du poème qui avait été recopié au dos de la lettre qui accompagnait la lunette. Un gobelet dans lequel il reste un tiers d'eau tirée du broc est à côté de l'encrier, parmi d'autres papiers épars. Flavia le prend dans ses mains et renifle son contenu. Une étrange odeur âcre s'en dégage. Flavia le recouvre d'une boulette de papier et le glisse dans la poche de son tablier, où il se trouve serré et calé pour que son contenu ne se renverse pas. Elle a l'intention de le montrer plus tard à Mathilda, qui a des compétences en alchimie.
Son regard se dirige maintenant vers le lit, qui constitue une sorte d'extension de la table-bureau trop étroite pour s'étaler : des feuillets épars sont disséminés sur la couverture de laine. Elle aperçoit le manche d'un objet entre les draps et le coussin. Il s'agit d'une dague à deux tranchants dont la poignée et la garde sont en argent, et la lame en acier trempé. Elle est de belle facture et porte un pommeau d'ivoire ouvragé. Son fourreau n'est pas d'origine. Il est fait de bois recouvert d'un tissu crème. Pas d'inscription sur la lame. Mais maintenant qu'elle passe ses doigts sur le pommeau d'ivoire, les traits et la sculpture lui rappellent quelque chose. Les formes, en tout cas la patte de l'artisan, lui rappellent le pommeau d'ébène de la rapière de l'homme du théâtre. Il est en forme de pièce de jeu d'échecs. Il n'est pas sculpté avec la fente latérale caractéristique de la pièce du fou. C'est un pion ! Un pion blanc.
Flavia s'assoit sur le lit, stupéfaite par sa découverte, faisant tournoyer la lame et le manche entre ses doigts pour en appréhender tous les angles et réfléchir. Elle pense à l'homme masqué de l'incendie du théâtre... Il y a du jeu dans le pommeau de la dague. À force de la triturer, elle découvre qu'elle se dévisse. Elle révèle alors une cavité cylindrique creuse dans laquelle repose un petit rouleau de parchemin : « À mon aimé, rencontré dans le ventre d'une sardine, devenue baleine, mais si beau, tel Adonis, qu'il me gardera en haleine, toute l'éternité qu'il me laissera pour lui filer la laine, ou tenter de retirer la flèche de Cupidon, qu'il a su si savamment tirer pour qu'elle transperce mon cœur. Paris, le 11 novembre 1600. Giorgiona »
Voilà qui comme pour le mouchoir avec les initiales S et E, pouvait bien avoir appartenu à l’étrange visiteuse de l’autre jour. Mais avant de se lancer dans cette quête de vérité, Flavia devait prendre quelques précautions.
Elle referma la porte derrière elle, veillant à ne laisser aucune trace de son passage, et décida de ne parler à personne de sa découverte pour le moment.
La nuit tombait lentement, et la lumière de la bougie vacillait doucement dans la pièce. Flavia savait qu'elle devait agir avec discrétion et prudence, car une force mystérieuse semblait être à l'œuvre ici, et les enjeux de cette intrigue étaient peut-être bien plus importants qu'elle ne l'imaginait.
Elle se promit alors de percer le secret de Jérôme Bonchamps, de résoudre l'énigme de la chambre close, et de découvrir ce qui avait pu causer sa mort prématurée.
Le destin avait placé Flavia au cœur d'un mystère palpitant, et elle était bien décidée à mener cette enquête jusqu'au bout, pour la mémoire de Jérôme, quitte à affronter les dangers et les révélations qui l'attendaient. La vérité était là, quelque part dans les énigmes qui l'entouraient, et Flavia était déterminée à la découvrir, quelle qu'en soit la sombre vérité.
A SUIVRE…
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Ce roman, Noces d’Hiver, est donc le récit des choix qu’a fait Flavia face aux intrigues à Paris en cette année agitée de 1601. Il est donc la libre interprétation de l’auteur, des nombreux choix qu’ont pu faire les joueurs dans le cadre d’événements ludiques, quand le Masque et l’Epée était présenté en démonstration « one shot », lors des dernières décennies.
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