La peur du télétravail.
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La peur du télétravail.
Depuis le début des temps connus , l’introduction d’une nouvelle technologie dans un système en bouleverse l’équilibre. Le feu, l’imprimerie, la poudre à canon, les machines à vapeur, les antibiotiques, l’électricité, entre autres, firent progresser les civilisations tout en accélérant le déclin des individus et groupes attachés aux pratiques et valeurs du passé. Le déploiement des outils numériques est l’une de ces bifurcations. Depuis une vingtaine d’années, le télétravail progressait lentement et sûrement. La pandémie accélère ce processus, le travail a distance étant une mesure barrière efficace. Le télétravail « forcé » et « bricolé » pour faire face au virus, n’est pas , loin s’en faut, la déclinaison d’orientations stratégiques. Cette expérience improvisée a suscité des vocations pour les uns, et de fortes inquiétudes et résistances pour d’autres. Et elle a aussi rappelé que de nombreuses professions, non éligibles au télétravail, et parfois invisibles, sont indispensables à la société.
Les avantages du travail à distance vont pourtant de soi. Citons, la diminution du temps et du stress des transports, économies de locaux et d’énergie, décongestion des grandes métropoles, optimisation des réunions et entretiens… Et pourtant, en ce moment de nombreux acteurs , salariés, syndicalistes et employeurs appellent de leurs voeux un retour au présentiel. Les récriminations les plus exprimées pour les collaborateurs sont l’inadéquation des moyens, la perte du lien social, l’effacement des frontières entre vies sociales, privées et professionnelles, ainsi qu’une aide managériale réduite. Pour les employeurs, des inquiétudes sur la bonne réalisation des tâches, la perte d’identité culturelle collective, les « hors jeux » incontrôlables et les risques psychosociaux invisibles. Et pour les organisations syndicales, le délitement de la solidarité collective au profit de l’individualisme.
Ces peurs sont abondamment citées dans les médias et des articles de management. D’autres émergent des profondeurs sans être pour autant clairement exprimées. Elles touchent particulièrement les personnes sensibles au statut, aux définitions de fonctions précises, à la sécurité, aux lien sociaux et à la stabilité.
Déclinons les en quatre catégories interagissant entre elles.
- Le retour du travail à domicile à la tâche ou à la pièce contrôlé automatiquement par des algorithmes.
- Le remplacement du contrat salarial par des relations de sous-traitance ou de services externalisés.
- La concurrence de contributeurs distants effectuant les mêmes tâches à moindre coût.
- L’intelligence artificielle , des algorithmes et des robots, aussi , voire plus performants que des humains.
Espérons que ces quatre peurs révèlent des fantasmes improbables dans les pays où la prospérité économique durable , la cohésion sociale et l’éthique reposent sur des valeurs humanistes.