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Jour 2 - 24/11/2018

Jour 2 - 24/11/2018

Published Dec 7, 2022 Updated Dec 7, 2022 Health
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Jour 2 - 24/11/2018

Vers 4 h du matin, je me réveille en sursaut. J’ai des angoisses, des palpitations et je suis brûlante. J’ai l’impression que mon corps crépite, comme s’il était rempli de Pop corn qui cuit. Je pleure encore et toujours. Jusqu’à 9 h du matin, je ne fais qu’aller aux WC et pleurer. Comme si mon corps se purifiait. J’ai une sensation de régression, comme si j’avais 5 ans et qu’il fallait qu’on s’occupe de moi. Mon chéri craque aussi, il se sent démuni et ne sait pas quoi faire. Cette nuit-là, j’ai compris ce qui se passait. Je faisais un burn-out. Tout ce que tous les témoignages expliquent, c’est ce que je suis en train de vivre. Un corps et un esprit en surchauffe, je suis dans l’incapacité de bouger et de réfléchir. Moi qui ai un mental très actif, il n’y a plus rien, c’est comme si mon cerveau était vide. Je n’ai plus de force physique et mentale. Il n’y a que mes fonctions vitales qui fonctionnent encore un peu. J’ai compris à cet instant que c’était sérieux. Jusqu’à présent, je luttais. Pendant 2 jours, j’étais encore dans le déni. Au moment où j’ai compris, que j’ai posé des mots sur mes maux, j’ai accepté ce qu’il m’arrivait et je me suis sentie plus sereine. Ça y était, moi aussi, j’allais passer par là. Comment j’allais m’en sortir. J’avais lu que des personnes pouvaient mettre des années à s’en remettre et j’ai eu peur. 

Vers 9 h, je me lève difficilement pour prendre un anxiolytique. J’arrive à me rendormir jusqu’à midi. J’ai un tout petit peu faim, je mange 2 morceaux de quiche de la veille et bois un verre d’eau, lever un verre est devenu presque insurmontable, je tremble comme s’il pesait 10 kg. La déglutition est pénible. Voyant que me nourrir est compliqué, je prends peur et me vois hospitalisée. Je me mets à pleurer, tout se mélange, à la fatigue extrême vient se mêler la peur de ne pas m’en sortir. J’imagine déjà les dettes si je ne reprends pas le travail. Finalement, mon chéri arrive à me rassurer. Je me calme un instant. Nous allumons la TV, je mets devant, mais je suis comme un zombie. J’ai les yeux rivés sur l’écran, mais il ne se passe rien dans ma tête, je pourrais regarder la mire, ça me ferait le même effet. J’ai les yeux fixes, la bouche entrouverte, assise sur mes mains sur le canapé.

Ma sœur, qui a eu ma mère au téléphone, est inquiète, appelle sur mon portable, je suis incapable de répondre, c’est mon chéri qui décroche et lui explique la situation. Elle veut venir, mais je refuse dans un 1er temps, il est hors de question qu’elle me voit dans cet état.
Mon chéri me parle et arrive me faire changer d’avis. Finalement, elle viendra avec ma mère dans l’après-midi. Lui part faire quelques courses, en revenant, j’insiste pour qu’il aille chez ses parents leur expliquer les démarches que j’ai déjà faites et celles à venir. Ça lui changera les idées, il me supporte depuis plusieurs jours, lui aussi est mal de me voir comme ça. Comme je ne reste pas seule, il acceptera d’aller chez ses parents, surtout que son oncle doit passer, ça lui changera les idées.

En attendant, je passe quelques heures avec elles deux. Nous discutons, remplissons des papiers pour les impôts que nous devions faire depuis un moment. Ma mère me dit qu’elle a discuté avec mon père, qu’il est inquiet pour moi et ils ont discuté de sa période à lui où il était très mal. Ils sont divorcés depuis 1996 et j’ai très mal vécu la séparation. Mon père a rapidement arrêté les antidépresseurs pour se mettre à fond dans le vélo, il avait besoin de se faire “du mal” pour penser à autre chose, je suis pareil, je préfère la douleur “physique” à la douleur mentale. Bizarrement, je suis heureuse qu’ils aient parlé de ça ensemble. Depuis que mon père habite à côté de chez ma sœur, mes parents se parlent plus et ça me fait du bien de savoir ça. Malgré ma réticence au départ, je suis heureuse de voir ma sœur et ma mère. J’ai un peu faim et mange un bout de brioche. Je suis contente d’avoir un peu d’appétit, un petit espoir renaît. Ma mère aperçoit un arbre dans le terrain en face de chez nous, elle s’interroge, mais ne sait pas ce que c’est. Ma sœur à une application sur son téléphone, il faut prendre en photo le végétal et ça suggère des réponses. Elle décide de s’approcher pour prendre une photo. Mais il y a un muret d’1 m a descendre et l’arbre est en contrebas. Elle décide quand même d’y aller, elle prend la photo, mais au retour, problème, elle doit remonter le muret. Ma sœur n’est pas très adroite et la voilà à califourchon sur ce muret à plat ventre, je trouve la force de sortir pour voir comment elle s’en sort et je ne peux m’empêcher de rigoler, avec le peu de force que j’ai, je l’aide à remonter. Ma mère nous voit, rigole elle aussi et manque de s’uriner dessus, la situation est vraiment comique. Ce moment restera gravé dans ma mémoire, j’ai réussi à rire quelques instants, ça me fait un bien fou. Après les 24 dernières heures que j’ai passé à pleurer, je vois la lumière au loin, tout n’est pas perdu.

Christophe revient, je lui avais demandé de m'acheter des soupes et des yaourts, car le liquide passe mieux que le solide. Je me dis qu’au moins si j’arrive à ingurgiter ça, j’éviterai l’hospitalisation. Il est adorable et aux petits soins avec moi. Ma sœur et ma mère repartent, un peu rassurées de m’avoir vu, je suis finalement heureuse qu’elles soient passées. J’arrive à manger ma soupe et un yaourt. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est tout de même une petite victoire. Nous regardons la TV, un doc sur Saint-Jacques-de-Compostelle, j’arrive un peu à suivre. Je suis allongée sur le canapé et mon rat Léonard fait des allée et venue sur moi et sous le duvet. Il est drôle et me fait penser à autre chose.

Même si je n’ai pas pleuré depuis plusieurs heures, j’ai toujours des crépitements dans les mains et les bras. Je prends mon traitement et espère passer une meilleure nuit.

 

crédit image : sentraldigital (pixabay)
desssin : moi-même (Anne-Sophie Campenon)

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