Chapitre 26 : Le Jeu des Vérités

Le chaos dans la pièce avait atteint son apogée. Les participants parlaient tous en même temps, la tension dans l’air était presque palpable. Marbella, encore debout devant eux, sentit son souffle se raccourcir. Elle chercha le regard de Yoann, qui lui adressa un sourire rassurant depuis son banc, mais cela ne suffisait pas à calmer le tourbillon d’émotions qui montait en elle.

Amélisse, toujours debout, la fixait avec une colère froide.

— « Alors, c’est vrai… Tout ce que tu nous as dit, tout ce qu’on a partagé… c’était juste pour ça ? Pour voler nos écrits ? »

— « Amélisse… » commença Marbella, sa voix tremblante.

— « Non ! » l’interrompit Amélisse, sa voix montant d’un cran. « Je ne veux pas entendre tes excuses ! Tu ne fais que confirmer ce que je pressentais depuis le début. »

Aminata, assise à côté de Badou, posa une main sur son épaule pour l’apaiser, mais lui-même semblait tendu. Il se redressa légèrement, lançant un regard incisif à Marbella.

— « Pourquoi nous ? Pourquoi tu as choisi de t’en prendre à nous ? »

Marbella serra les poings, essayant de reprendre le contrôle de la situation.

— « Je sais que ce que j’ai fait est impardonnable. Je n’ai pas d’excuse. Je… Je voulais prouver que je pouvais réussir. Prouver que j’étais capable d’être l’écrivaine que je rêvais d’être. »

Elle baissa la tête, évitant les regards accusateurs.

— « Mais je ne savais pas… Je ne savais pas que tout cela allait prendre cette tournure. Ce stage… Je ne savais pas que Carl allait être là, ni que vos familles étaient liées à la société secrète de mon père. »

Carl, qui jusque-là s’était contenté de savourer le chaos, se leva lentement de son fauteuil, attirant immédiatement l’attention.

— « Enfin, tu arrives à le dire, Marbella. Mais ne te fais pas trop d’illusions. Ce n’est pas fini. »

Il fit un pas en avant, son regard balayant les participants.

— « Marbella n’est qu’un rouage dans cette histoire. Elle a été manipulée, tout comme vous. »

Aminata fronça les sourcils.

— « Qu’est-ce que vous racontez encore ? »

Carl croisa les bras, son sourire narquois réapparaissant.

— « Vous croyez vraiment que ce stage était son idée ? Vous pensez qu’elle a organisé tout ça toute seule ? Non… » Il se tourna vers Marbella. « Elle était guidée. Par l’héritage de son père. »

Marbella releva la tête, son visage marqué par une lueur de défi.

— « Non, Carl. Pas cette fois. Je ne suis pas mon père. Je ne veux pas suivre son chemin. »

Carl éclata de rire.

— « Oh, vraiment ? Et pourtant, tout ce que tu as fait jusqu’ici prouve le contraire. Tu as manipulé ces gens, tu les as attirés ici… Peut-être pas de ton plein gré, mais parce que c’est dans ton sang. »

— « Vous voulez dire quoi, exactement ? » intervint Yoann, se levant pour rejoindre Marbella.

Carl haussa les épaules.

— « Que vos parents vous ont laissé un héritage. Et que cet héritage vous lie tous, d’une manière ou d’une autre. Marbella est le reflet de son père, tout comme Cyril est le reflet de sa mère. Tout cela, c’est un cercle vicieux, une boucle qui se répète. Et vous en êtes les nouveaux acteurs. »

Le silence qui suivit fut lourd. Chaque participant semblait digérer ces mots, cherchant à comprendre où cela les menait. Marbella, quant à elle, sentit une colère froide monter en elle.

— « Non, Carl. » Sa voix était ferme, presque tranchante. « Je refuse d’être définie par mon père ou par cette société. Peut-être que j’ai mal agi, mais je ne suis pas comme lui. Et je vais le prouver. »

Yoann posa une main rassurante sur son épaule, tandis que les autres continuaient de la fixer, certains avec scepticisme, d’autres avec une lueur d’espoir.

Amélisse, encore sous le choc, s’assit lentement, les mains tremblantes. Elle tourna la tête vers Cyril, qui restait immobile, fixant sa mère d’un regard vide. Elle murmura, presque pour elle-même :

— « Comment peut-on sortir de tout ça ? »

Cyril ne répondit pas immédiatement. Il finit par détourner le regard de sa mère pour le poser sur Amélisse.

— « En trouvant notre propre chemin. »

Badou, qui était resté silencieux jusque-là, se redressa.

— « Peut-être qu’il a raison. Peut-être qu’il est temps pour nous de tourner la page. Nos parents ont fait leurs choix, mais ça ne veut pas dire qu’on doit suivre leur exemple. »

Aminata hocha lentement la tête, ses yeux brillant d’une nouvelle détermination.

— « Tu as raison. Mais ça ne sera pas facile. Pas après tout ce qu’on vient d’apprendre. »

Carl, sentant que la tension dans la pièce commençait à s’apaiser, recula légèrement.

— « Ah, je vois que mes révélations ont fait leur effet. Mais n’oubliez pas… la vérité a toujours un prix. »

Il se tourna vers Marbella une dernière fois, son sourire énigmatique toujours présent.

— « Quant à toi, Marbella… J’espère que tu es prête à affronter ce qui vient. Parce que ton chemin est loin d’être terminé. »

Marbella ne répondit pas. Elle se contenta de le fixer, la mâchoire serrée, prête à affronter les prochaines épreuves.

Dans le silence pesant, une seule pensée traversa son esprit :

— « Peu importe ce qu’il dit, je vais réparer mes erreurs. Et cette fois, ce sera ma propre histoire. »

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