Congratulations! Your support has been successfully sent to the author
Gaspillons notre vie

Gaspillons notre vie

Published Feb 11, 2020 Updated Sep 27, 2020 Offbeat
time 2 min
2
Love
0
Solidarity
0
Wow
thumb 0 comments
lecture 90 readings
2
reactions

On Panodyssey, you can read up to 10 publications per month without being logged in. Enjoy9 articles to discover this month.

To gain unlimited access, log in or create an account by clicking below. It's free! Log in

Gaspillons notre vie

 

Gaspillons notre vie

 

– Ne dirait-on pas que nous devons leur payer un impôt sur la dépression ?

– Le tribut d’une écoute leur est dû sans fin.

– Nous aurions le devoir de les écouter et ne les écoutons jamais assez.

– Ils nous reprochent leur neurasthénie, ils nous en font la minu­tieuse relation pour que rien ne soit oublié de ce qu’ils lui doi­vent de tristesses, de jours gâchés, de renon­cement à leurs plai­sirs.

– Ils ont perdu leurs forces ? Ils ont encore cette force (du puits sans fond d’où ils nous parlent, pendus à la margelle par leurs petites mains, de grands yeux hu­mides brillant dans leurs ténèbres), ils ne manquent jamais d’assez de forces pour nous en­tretenir inlassable­ment des causes et conséquences innom­brables de leur état (interminablement chuchotées à notre oreille, avec la précision du gourmet pour un consommé délec­table, jamais vu, inoubliable).

– Ils usent ce peu de forces qui leur reste à nous assommer par les détails lamentables qui ont fait de leur vie un échec, une ab­sence de sens, un tarmac gris vide d’envols.

– Pourquoi s’acharnent-ils à nous parler ?

– Serions-nous secrè­tement la cause de leur inaptitude à vivre ? Nous tiennent-ils pour l’origine d’une grêve d’effaroucheurs ?

– Une inaction im­pardonnable de notre part laisse­rait libre essor au tournoiement des oiseaux disgraciés de la mélancolie – leur petit biplan multicolore abîmé au sol de l’aéroport.

– Laissons de côté une culpabilité aussi saugrenue que ces mé­taphores compliquées.

– Si vous ne subissez pas la carence phy­sio­logique qui relèverait d’une lourde médication – vous, amis dé­primés, ou cet inconnu désespéré qui nous attrape par le lacet et tire dessus sans cesse, avez-vous seulement pensé à vous je­ter hors de vous-même ?

– À vous oublier par un triple saut péril­leux au-dessus du vide de cet oubli de soi afin de vous retrouver avec nous dans l’inconfort vivifiant des êtres irrespon­sables de tout – joyeux gaspilleurs de vie et non sectateurs mo­roses de la rétention, de la conten­tion,  de toutes les constipa­tions.

– Nous ne méconnaissons pas que la volonté de la volonté soit venue à vous manquer – mais vous avez assez d’une certaine volonté d’emmerder prodigieusement vos proches, vos amis, vos mar­tyrs.

– Nous ne croyons que dans les taiseux, les déprimés obsti­nément si­lencieux.

– Les enclos dans leur souffrance, porte et fenêtres bar­ricadées.

– À la Trappe les dépressifs bavards ! Exhibitionnistes ! Bourreaux !

– Nous sommes les vic­times de votre commode fai­blesse.

– De votre ennui de vivre.

 

Jean & Jean, souliers de satin 

 

http://impeccablemichelcastanier.over-blog.com/

 

lecture 90 readings
thumb 0 comments
2
reactions

Comments (0)

Are you enjoying reading on Panodyssey?
Support their independent writers!

Prolong your journey in this universe Offbeat
Bissextile
Bissextile

Un mot d'un dictionnaire, ma...

Bernard Ducosson
1 min
Avent
Avent

Un mot d'un dictionnaire, ma définition, votre sourire, ma joie.

Bernard Ducosson
1 min
Curiosité
Curiosité

Un mot d'un dictionnaire, ma définition, votre sourire, ma joie.

Bernard Ducosson
1 min

donate You can support your favorite writers

promo

Download the Panodyssey mobile app