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Pourquoi Welch et pas Proust?

Pourquoi Welch et pas Proust?

Published Oct 31, 2022 Updated Nov 8, 2022 Culture
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Pourquoi Welch et pas Proust?

Je ne sais plus si je résiste à quelque chose, ou si je me fige toute seule, bref, si je suis dans la posture ou dans l'imposture. J'ai encore essayé de lire la Recherche pour ma recherche [mes recherches]. Puis, le lendemain matin, au hasard d'une conversation avec un certain ancien prof de philo, j'ai eu "une idée", que j'aurais pu avoir avant, mais bon là je l'ai eu à ce moment-là, donc voilà. J'ai cherché, à l'aide de mes scans, si Denton Welch parlait du dénommé Proust dans son Journals. Puisque je ne sais plus trop dans quelle posture/imposture je me suis mise toute seule, je compte sur lui pour "m'éclairer". J'ai trouvé 2 [deux] entrées citant nommément "L'Autre" [Proust].

J’étais excité [e], car en parcourant rapidement et d’un œil virgule 002 [zéro zéro deux], comme dirait tout bon ophtalmologue, j’ai senti que je ne montrais [me trompais] décidément pas complètement.

Entre temps, un papillon nommé « Paradoxe de l’âne de Buridan[1] » fit une petite entrée, côté cour de mon palais intérieur. Il est vrai que j’ai tendance à attendre d’avoir le plus possible de cartes en mains avant de jouer. Pas toutes, le plus possible. Voilà pourquoi je ne m’identifie pas encore complètement à l’âne, fut-il de Buridan.

Dans le mémoire commis en Master 2 sur le même Journals de Denton Welch, je parle d’un ralentissement nécessaire au sens philosophique du terme, qui ne peut ni ne pas être ni être autrement. Ralentir, ne signifie pas stagner. Chercher à atteindre l’immobilité totale sur une petite planète en mouvement au sein d’un univers à 99 pourcent inconnu serait, même pour moi, vain. Mais ralentir.

Alors j’ai ralenti. « j’y suis presque ».

 

Et voilà les mais-faits du jour.

 

17 May 1943

Yesterday, Sunday, a respite from excitement because there was no post, I thought! But Phyl Ford bicycled up (being bitten by the Alsatian on the way) and presented me with James Agate's review in the Daily Express headed "Ah, these three can write", and likening me to "blooming Proust if I'm not damned careful". Not quite as forced hearty as that, but almost.

Hier, dimanche, un répit d’excitation puisqu’il n’y avait pas de lettres, pensais-je ! Mais Phyl Ford étant arrivé jusqu’à nous à vélo (en se faisant mordre par l’alsacien sur le chemin), il me présenta la critique de James Agate dans le Daily Express intitulée « Ah, ces trois-là savent écrire », poussant la comparaison entre moi et « un satané Proust si je ne suis pas diablement attentif ». Ce n’était pas aussi copieusement passionné [???], mais presque.

 

Now today I have Edward Sackville-West's letter asking me to lunch [T]hursday twelve-fifteen at Brooks's Club.  Oh excitements. I must wear sober blue suit, but I'm afraid my face will be quite tomato colour from the sun. I lay in it all yesterday afternoon by the river; then I walked on to the lock and two airmen passed me with a sporty-looking dog. Their blue-grey jackets were unbuttoned and one of them had hair which glinted gold. The other one jerked out to me, "How do." I answered gruffly, "How do you do”. This is what happens, people say civil things to each other roughly and then walk on.

Et maintenant[,] aujourd’hui même[,] j’ai reçu une lettre d’Edward Sackville-West m’invitant à déjeuner [j]eudi à midi et quart au Brook’s Club. Oh excitations. Je devrais porter un costume bleu sobre, mais j’ai peur que mon visage ne se soit fait rougir façon tomate par le soleil d’ici là. Je m’y suis prélassé toute l’après-midi hier, puis j’ai marché jusqu’à l’écluse et deux pilotes de l’air m’ont croisé avec un chien à l’air sportif. Leurs chemises bleu gris étaient déboutonnées et l’un d’eux avait des poils qui étincelai[en]t comme de l’or. L’autre me lança un « ‘jour ». Je lui répondis en grommelant « Bonjour ». Voilà ce qui se passe, les gens se disent des choses civilisées sur un ton sauvage puis ils continuent leurs chemins.

 

 

 It is wonderful in the fields. There is nothing else that is so good for me. Now I am sitting on Shipbourne Common in only my trousers. The sun is burning me. The wind is blowing. The flies are buzzing and the birds rising with the aeroplanes.

C’est formidable dans les champs. Il n’y a rien d’aussi bon pour moi. Maintenant que je suis assis sur le Shipbourne Common juste dans un [mon] pantalon. Le soleil me brûle. Le vent souffle. Les mouches bourdonnent et les oiseaux s’envolent avec les aéroplanes.

Last night the Germans were over. Guns banged. I half woke up and lay thinking how strange it was that I lived in millions of tiny almost unconnected moments which gradually would build up until I lay in my grave.

La nuit dernière les [A]llemands étaient tout autour. Les armes détonaient. Dans un demi-réveil je restais allongé en pensant à quel point il était étrange que je vive à l’intérieur de ces millions de petits moments quasiment non-connectés entre eux qui, graduellement, construiront ma vie jusqu’à ce [que] je me couche dans ma tombe.

 

1948

12 February. Ten to eleven a.m.

Sun warm on the back of my head. I have at last heard from Evie with her address on the letter.  She is with an outsize Scotch woman of about eighty, Who lives at 23, Albany Gardens West, Clacton-on-Sea, Essex.

 

Le soleil chauffe l’arrière de ma tête. J’ai enfin eu des nouvelles d’Evie et même une adresse sur la lettre. Elle est avec une femme écossaise de taille hors-norme d’à peu près 80 ans qui vit au 23, Albany Gardens West, Clacton-on-Sea, Essex.

 

 Evie, who has surprisingly read some Proust while away, describes her in the words of Madame Guermantes. “I saw a herd of cattle wearing a hat and asking how I was, walking across my drawingroom towards me."

 

Evie, qui a étonnamment lu un peu de Proust pendant son escapade, la décrit avec les mots de Madame de Guermantes. « je vis un troupeau de bétail portant un chapeau me demander comment j’allais tout en traversant le salon jusqu’à moi. »

There is a parrot, too. Evie has done a peculiar little watercolour of it — speckled grey body, scarlet tip of tail, deep rich purple-brown background. The pictures of people [w]ho do not usually paint are always surprising in some tiny part; there is something there to be used and transformed by the professional artist — a starting point he would not have thought of himself.

Il y a, aussi, un perroquet. Evie en a fait une petite aquarelle étrange—un corps gris tacheté, une pointe de queue écarlate, un dos richement et profondément mauve-marron. Les peintures des gens qui ne peignent habituellement pas sont toujours surprenant[e]s dans quelques parties les plus minuscules ; il y a là quelque chose à utiliser et transformer par l’artiste professionnel—un point de départ auquel ils n’auraient jamais pensé eux-mêmes [; Il y a là quelque chose que l’artiste professionnel doit utiliser et transformer—un point de départ auquel il n’aurait pas pensé de lui-même.].

 

08/11/2022 9h39

Première relecture/corrections. Je navigue entre plusieurs langues cibles, notamment le français, mais pas que.

 

 

 

 

Photo: pas sage d'Hélène en métroique parisienne lors d'une aventure chocolatière ces derniers jours, pour ne pas dire le vendredi 28 octobre 2022.

 

 

 

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxe_de_l%27%C3%A2ne_de_Buridan

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