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La légende de l'Ankou

La légende de l'Ankou

Published Oct 23, 2024 Updated Oct 23, 2024 Culture
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La légende de l'Ankou

 

La légende de l'Ankou : "La charrette grinçante", par Juliette Norel

Une nuit venteuse dans le Finistère, à l'approche de Samain, Elle avait réservé une chambre dans un petit bed & breakfast niché à la lisière de la forêt de Fréau. À son arrivée, elle fut accueillie par la propriétaire, Mme Le Gall, une femme aux cheveux blancs et au sourire chaleureux, dont les yeux pétillaient de malice. 

Le village était pittoresque, avec ses maisons en granit et ses toits d'ardoise, ses ruelles étroites et sinueuses, et ses lanternes anciennes qui diffusaient une lumière douce et dorée. Autour du village, la campagne bretonne s'étendait à perte de vue, parsemée de mystérieuses forêts et de landes encore sauvages. À cette époque de l'année, les arbres arboraient des teintes flamboyantes, et les vents d'automne faisaient virevolter les feuilles mortes dans un ballet incessant. 

Le bed & breakfast de Mme Le Gall, une vieille bâtisse en pierre magnifiquement restaurée, était entouré d'un jardin où s'épanouissaient des plantes locales. Des fougères luxuriantes et des bruyères en fleurs ajoutaient des touches de vert et de violet au paysage automnal. Des ajoncs avec leurs fleurs jaune vif illuminaient le décor, tandis que les parures des arbres tombaient en tourbillonnant autour des chemins et des parterres, créant une atmosphère féerique. Des aubépines, que les celtes associent aux fées et des ifs, symboles d’immortalité ajoutaient une touche mystique au charme de l’endroit. Les rhododendrons, malgré la saison avancée, montraient encore quelques fleurs éclatantes. 

Durant le dîner, tout en dégustant un délicieux kig ha farz, Mme Le Gall entreprit de raconter la légende d'Ankou. « Vous savez, Ankou, c’est la Mort en personne ici en Bretagne. Il voyage dans sa charrette grinçante, ramassant les âmes des défunts. On dit que ceux qui entendent le bruit de sa charrette sont destinés à le rejoindre bientôt... » 

Mme Le Gall baissa la voix, créant une ambiance encore plus mystérieuse. « Ma grand-mère racontait souvent qu'elle avait vu Ankou une nuit, alors qu'elle rentrait tard chez elle. Elle jurait que la charrette n'était pas seulement un bruit, mais qu'elle avait véritablement aperçu la silhouette fantomatique d'Ankou, sa faux étincelant sous la lune. Les villageois parlent aussi de feux follets qui apparaissent dans les champs la nuit, guidant les âmes perdues vers leur destination finale. » 

Les paroles de Mme Le Gall résonnèrent longtemps dans son esprit, bien après le dîner, alors qu'elle se préparait à se coucher. La nuit était particulièrement noire, et le silence pesant semblait amplifier chaque craquement de la vieille bâtisse. 

Aux alentours de minuit, un son étrange la tira brusquement de son sommeil. Elle se redressa, le cœur battant à tout rompre. Un bruit lointain mais distinct : le grincement de roues sur du gravier, un son métallique et sinistre qui semblait s'amplifier dans l'obscurité. Ses pensées s'emballèrent, évoquant les images terrifiantes décrites par Mme Le Gall. 

Elle sentit la panique l'envahir. Chaque ombre dans sa chambre semblait prendre vie, chaque craquement de plancher devenait une menace. Elle tentait en vain de se rendormir, mais l'idée d'Ankou rôdant à proximité de ses fenêtres ne la quittait pas. 

Les cauchemars se succédèrent, mélangeant visions de la charrette lugubre et silhouettes spectrales. Elle se voyait poursuivie par Ankou à travers des cimetières anciens, sa charrette s'approchant inexorablement et se réveilla en sueur, le cœur battant à tout rompre tandis qu’Elle cherchait désespérément à distinguer la réalité de ses rêves troublés. 

Finalement, épuisée et tremblante, Elle décida de descendre à la cuisine pour chercher un peu de réconfort. Là, Elle y trouva la propriétaire des lieux, qui préparait une tisane fleurant bon le thym, la mélisse et la sauge. « Vous avez entendu Ankou, n'est-ce pas ? » demanda la vieille dame avec un sourire énigmatique. Elle hocha la tête, encore sous le choc. 

Mme Le Gall lui tendit une tasse fumante. « Ne vous inquiétez pas, ma chère. Ce n'était probablement qu'un cauchemar. Mais ici, en Bretagne, les rêves et la réalité se mêlent parfois... » 

Elle passa le reste de la nuit à discuter avec Mme Le Gall, les sons terrifiants s'éloignant peu à peu. Elles parlèrent des anciennes croyances, des histoires transmises de génération en génération, et elle sentit sa peur s'apaiser. À l'aube, bien qu'encore marquée par cette expérience, Elle se sentait rassérénée. Une part d'elle savait qu'elle n'oublierait jamais cette nuit où Ankou avait semblé venir la chercher.

Elle ne saura probablement jamais, qu’avant le crépuscule suivant, son hôtesse sera passée de l’autre côté du voile, celui qui sépare les morts des vivants. 

 

 

Une charrette tirée par deux maigres chevaux, elle est conduite par un squelette encapuchonné d'un linceul et dans la charrette des fantomes humains.

 

La légende de l'Ankou : "La charrette grinçante", par Jean-Christophe Mojard

Le silence des nuits renvoie parfois l’écho
Des craquements du bois, du grincement des fers,
Quand passe dans les rues, sous le pas des chevaux, 
La charrette attelée du passeur des enfers.

De son maillet béni il soulage les maux, 
Apaise les souffrances et ouvre les passages,
Puis fauche les défunts, les poussant de sa faux
Pour leur donner l’élan de leur dernier voyage.

Ferme bien tes volets, déserte les ruelles,
Car l’Ankou vient sceller la fin du rituel 
Et le voir est présage ou avertissement.

War e garrigell ez a Ankoù a-dreuz Breizh,
Kemennad ar marv ha feal-servijer reizh,
E-pad bloaz ha betek an deiz diwezhañ.

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